Publié le 20 Dec 2020 - 07:02
ABDOULAYE BARE DIOUF SUR LES COMPETITIONS DE FOOTBALL AU SENEGAL

‘’La reprise sera compliquée, mais ça doit se faire’’

 

Après plus de neuf mois d’inactivité, les acteurs du football sénégalais désirent reprendre les compétitions locales, malgré les nouvelles restrictions du gouvernement visant à limiter la 2e vague de propagation de la pandémie de Covid-19. Selon Abdoulaye Bar Diouf, agent de joueurs établi à Brescia, en Italie, la reprise doit se faire, même si ce sera difficile, vu le contexte. Il s’est également exprimé sur plusieurs questions relatives à l’actualité du football continental et mondial, dans cet entretien avec ‘’EnQuête’’.

 

Le tirage au sort de la Ligue des champions d’Europe a été effectué ce mardi. Quelle lecture faites-vous des affiches qui en sont sorties ?

La lecture qui peut être faite du tirage au sort déprendra du format adopté. Si c’est la première formule de l’élimination directe en aller et retour qui est retenue, on verra que Manchester City est favori, sur le papier, devant le Borussia Mönchengladbach. Mais ce que Mönchengladbach (2e, 8 pts du groupe B, NDLR) a pu faire dans sa poule en étant devant le Shakhtar et l’Inter Milan, montre que c’est une équipe qui commence à connaitre l’Europe. Manchester City a terminé 1er de la poule C (16 pts), qui n’est pas la plus coriace, devant le FC Porto (2e, 13 pts), l’Olympiakos (3e, 3 pts) et l’Olympique de Marseille (4e, 3 pts).

Dans l’autre affiche, le Bayern Munich est favori devant la Lazio. Mais celle-ci, même si son effectif est réduit, a des joueurs de classe internationale, comme Ciro Immobile, qui est Soulier d’or en Europe. Il y a Milinkovic Savic qui est partout demandé en Europe. Donc, la Lazio ne se laissera pas faire. Elle a terminé à la 2e place (10 pts) de la poule F, derrière Dortmund (13 pts), contre qui elle a pu apprendre des choses sur les clubs allemands (la Lazio a battu Dortmund à l’aller 3-1, à Rome, avant de le tenir en échec 1-1, au retour, NDLR). Tout se jouera dans deux mois où les équipes vont se refaire durant le mercato d’hiver.

Chelsea (1er, 14 pts) qui a déjà joué une équipe espagnole, en l’occurrence le FC Séville (13 pts) qu’il a devancé au classement dans le groupe E, rencontre l’Atlético Madrid. Le club de Madrid a l’habitude de faire de bons parcours en Ligue des champions. Ce sera un match équilibré, mais avec une faveur pour l’Atlético qui fait un bon championnat. C’est une équipe qui sait voyager et rester solide sur ses bases.

Pour sa part, Liverpool affronte Leipzig. Ce sera un match équilibré. Ce n’est pas le Liverpool de ces dernières années, alors que Leipzig est en train de monter en puissance en Allemagne. Il est classé 2e à égalité de points (12) avec le leader du groupe H, le PSG, et devant Manchester United. Même si Liverpool connait l’Europe, ce sera un match qui peut nous réserver des surprises. En plus, les Reds ne sont pas en forme avec tous leurs blessés. On verra avec le mercato d’hiver s’ils peuvent se refaire un peu pour bien aborder les 8es de finale.

Le FC Porto fera face à la Juventus Turin, avec un entraineur qui a déjà connu l’Italie. Sergio Conceicao, avec son 3-5-2 qu’il affectionne tant, connait le football italien, pour y avoir joué. On a vu que Lyon, qui avait éliminé la saison dernière la Juve, avait un entraineur qui connait le football italien, Rudi Garcia, qui a entrainé la Roma. C’est le même cas de figure qui se présente cette année pour la Vieille Dame devant Porto. La Juve est en train de revenir et Pirlo est en train de prendre ses marques. Il pourra récupérer des défenseurs comme Demiral et Chiellini au mois de février. La Juventus est toujours une équipe en forme, après la trêve hivernale. Ce sera un match compliqué pour les deux formations, mais la Juve reste favorite.

On aura un FC Barcelone en difficulté face au Paris Saint-Germain. C’est une équipe qui n’a plus d’âme avec un Messi pas au mieux de sa forme, face à un PSG en forme, l’une des meilleures attaques en Europe. Son seul problème, c’est ses deux centraux qui manquent de personnalité. C’est une bonne équipe en attaque avec Mbappé, Di Maria, Moïse Keane, qui est en train de faire une bonne saison, et Neymar qui a retrouvé sa confiance. Mais avec la Ligue des champions, les joueurs du Barça peuvent se remettre en cause et faire de bons résultats. L’arrivée des élections à la présidence du club catalan peut aussi motiver l’équipe. On verra un grand choc entre les deux équipes qui se retrouvent après la remontada de 2017.

Face au Borussia Dortmund, la connaissance du FC Séville de la Ligue Europa, vainqueur à plusieurs reprises, l’aidera en Ligue des champions. Mais attention à Dortmund qui a en son sein un grand attaquant, Haaland, qui a déjà mis 6 buts en C1. L’entraineur a été limogé et l’arrivée d’un nouveau avec des corrections, l’équipe peut se remettre sur les rails et faire un résultat devant le FC Séville.

On sait que le Real Madrid est favori devant l’Atalanta. Il y a une crise qui s’installe au sein de Bergame entre le capitaine Gomez et l’entraineur Gasperini. Depuis un temps, certains parlent du départ de leur capitaine qui est le dépositaire de leur jeu. Mais tout va rentrer dans l’ordre, parce que depuis un certain temps, les supporters sont en train de calmer les esprits. Mais l’Atalanta est une équipe qui n’a rien à perdre devant le Real. Elle cherche toujours à découvrir l’Europe pour se faire un nom.

L’Uefa est train de discuter sur un Final Eight. Si cette formule est retenue, la situation changera, parce qu’il y aura élimination directe sur un match et dans ce sens, on aura peu de favoris. Et l’équipe la plus prête va passer. On parle d’un Final Eight du côté de l’Italie qui pourra se jouer au stade Olimpico Grande de Torino et à l’Allianz Stadium de Turin.

Certaines équipes habituées de la C1 n’ont pas pu passer le premier tour, comme l’Inter de Milan éliminé de toutes les compétitions de clubs européens, Manchester United, qui était leader du groupe H…

C’est des équipes en difficulté qui sont en reconstruction. A l’Inter de Milan, c’est un nouveau projet. Ils ont travaillé l’année dernière pour être en finale de la Ligue Europa. Mais le projet autour du groupe Suning n’a pas encore pris forme. C’est le cas de l’AC Milan repris par le holding Elliott. Il faut que ces équipes prennent le temps de travailler et que leurs supporters soient patients. Je dis toujours que le projet d’une équipe, c’est au bout de dix ans. Après le départ de Berlusconi au Milan AC, celui de Massimo Moratti à l’Inter et à Manchester United, après le départ de son mythique entraineur Sir Alex Ferguson… Ce n’est pas seulement une affaire d’argent, mais il faut une bonne organisation avec de la patience, pour que l’équipe puisse gagner.

A part Paris, les clubs français ne parviennent pas à tirer leur épingle du jeu. Qu’est-ce qui leur manque pour être au niveau des équipes des autres championnats ?

En France, à part le PSG, il n’y a que Lyon, dans une certaine mesure, qu’on peut qualifier de grand club. Dans le championnat français, le PSG joue contre des équipes qui ont le niveau de la Serie B en Italie. Certains clubs même de la Serie C peuvent faire face à des équipes de la Ligue 1 française. En France, il n’y a qu’un seul club qui a le niveau européen par son budget, son projet et ses ressources humaines qui gravitent autour de l’équipe, c’est le Paris Saint-Germain. Les autres ont des budgets réduits. Après le temps de l’OM et Monaco ou Saint-Etienne, actuellement, à part le PSG et peut-être Lyon, il n’y a pas de club qui puisse faire des résultats en Europe. Paris a l’habitude de jouer contre des équipes qui ne sont pas au top européen, c’est pour cela qu’il éprouve parfois des difficultés dans certains matches européens.

Lors de PSG-Basakhsehir, le match s’est arrêté à cause d’un incident sur fond de racisme. Pensez-vous que cela va changer quelque chose par rapport au racisme dans les stades ?

Pour moi, cela ne changera rien. C’est juste une forte communication qui est passée sur le racisme. Il n’y a pas eu de public, c’est pourquoi les choses n’ont pas dégénéré. Ce serait le cas s’il y avait des supporters, parce qu’ils allaient y participer. Il y a certains qui partent au stade et peuvent créer des scènes racistes sans pour autant être des racistes. Dans ce monde, certaines personnes sont tellement ignorantes. Lors des rencontres, il y a des Italiens qui t’appellent ‘’negro’’ et ce n’est pas méchant de leur part. C’est parce qu’ils ne sont pas sortis de leur pays qu’ils ne connaissent rien.

C’est comme un Sénégalais qui n’est jamais sorti de Dakar, il y a des choses qu’il ne connait pas. C’est ça l’explication. J’ai eu la possibilité de côtoyer des Polonais, des Albanais, des Roumains, dans le cadre du travail. C’est des gens qui connaissent peu de choses de nous. Souvent, il y a des termes que les gens utilisent qu’on juge méchants, mais ce n’est pas le cas. Certains utilisent des termes qu’ils ne connaissent même pas. Pour moi, c’est un beau combat qui a permis à certains de comprendre, mais cela ne changera rien.

Il y aura toujours des imbéciles qui ne vont jamais comprendre. Des gens qui vont parler comme ils veulent vont toujours naitre dans ce monde. On voit des gens qui fument, qui boivent de l’alcool et arrivent au stade ivres. Ils ne maitrisent même pas ce qu’ils disent. Cet arbitre (le Roumain Sebastian Coltescu) je peux le pardonner, parce que c’est peut-être quelqu’un qui connait peu l’homme noir. Même s’il est arbitre et rencontre toujours des Noirs, il peut vivre dans une zone où il n’y a pas de Noir. Les Polonais, les Albanais, les Roumains, sont souvent marginalisés en Europe. C’est des peuples rangés au second rang, donc ils cherchent aussi à se mettre aussi au-dessus d’autres peuples. Pour le racisme, c’est souvent de l’ignorance. En Europe, les partis politiques utilisent les races pour se faire des voix. Partout dans le monde, cela existe. Ce Roumain avec qui Demba Ba parle, sûrement, ne connait même pas le Sénégal.

Pour le football, le racisme va continuer. Et avec le retour du public, des tifosi, ce sera toujours la même chose. Ceux qui crient aux joueurs des noms de singes ont au sein de leurs clubs des Noirs et ont des amis noirs.

Les acteurs du football sénégalais, à la tête desquels le président de la Fédé Augustin Senghor, ont fustigé les mesures restrictives, notamment l’interdiction des rassemblements dans les terrains de sport. Pour eux, les compétitions doivent reprendre en début janvier 2021. Qu’en pensez-vous ?

C’est une équation pour les dirigeants du football sénégalais qui ont beaucoup dépensé. On parle de football professionnel, mais la majorité des équipes ne sont pas adossées à une société qui peut permettre de mener à bien les activités du club. Les dirigeants sortent l’argent de leur poche. C’est déjà compliqué. Ils ont employé de jeunes Sénégalais qui sont salariés. Plusieurs secteurs ont été soutenus dans le cadre du plan de riposte Force-Covid-19. Le football aussi devait être appuyé. Ces jeunes qui sont restés au pays et qui n’ont que le football devraient être aidés, parce que ce sont des Sénégalais. Et un footballeur peut apporter beaucoup au Sénégal demain. C’est le cas de Sadio Mané.

La reprise sera compliquée, mais ça doit se faire. C’est l’Etat qui doit accompagner ces clubs. Les tests Covid-19 coûtent excessivement cher, même en Europe. Pour les petites catégories en Italie, il faudra faire un test une fois par semaine. Pour les clubs professionnels, c’est toutes les quarante-huit heures. Pour moi qui réside en Italie, avec ma carte sanitaire, mes tests me reviennent à 90 euros (environ 59 000 F CFA, NDLR). Au Sénégal, je pense que c’est 40 000 F CFA. Faire trois tests par semaine pour les joueurs, ce sera compliqué pour l’Etat, mais aussi, les clubs ne peuvent pas attendre, parce que certains gosses ont la possibilité de partir et des présidents de club ont déjà dépensé pour l’équipe et le personnel qui est autour. C’est une équation. L’Etat doit, à travers le ministère des Sports, établir avec les clubs une bonne comptabilité pour rembourser ce qu’ils ont dépensé et soutenir les joueurs pour qu’ils puissent être à l’aise dans leurs familles.

Le Jaraaf de Dakar et le Teungueth FC ont-ils la chance de passer le plafond de verre, surtout Teungueth qui doit affronter le Raja de Casablanca, demi-finaliste de la dernière édition de la Ligue des champions ?

Déjà, ils ont réussi à passer le premier tour. Ils doivent maintenant avoir l’esprit de l’ancienne Jeanne d’Arc qui allait toujours affronter les grands clubs africains. Une équipe qui veut aller au 2e tour de la Ligue africaine des champions ou de la Coupe Caf doit être prête à affronter toutes les équipes. Teungueth FC doit se mettre dans la tête que le Raja de Casablanca est une forte équipe et se donner à fond. Dans le football, ce n’est pas que le Maroc ou la Côte d’Ivoire qui ont plus de moyens ; ils doivent se préparer et être prêts le jour J. Tout se joue sur le terrain. Teungueth FC est une bonne équipe et le Jaraaf est bien organisé autour de grands dirigeants. Ils doivent se préparer et se dire qu’ils vont éliminer leurs adversaires. Rien n’est impossible dans le football ; il suffit d’y croire. Ce ne sera pas facile, certes. Parce que ces clubs sont trop en avance sur nous par leurs moyens et leur organisation. Mais les clubs sénégalais ont déjà appris en Afrique. Cette année, ils vont jouer sans public, il n’y aura pas trop pression. Ces clubs avaient l’habitude d’avoir un public nombreux. Au Maroc, le Raja n’aura pas ses supporters, il y aura dans le stade que les officiels et ceux qui gravitent autour des équipes. Donc, Teungueth FC n’aura aucune pression pour faire face aux Marocains. Pour le Jaraaf, le défi est l’organisation. S’il réussit un bon voyage à Abidjan, il pourra faire un bon résultat.

Vous avez été proche du dossier Moussa Ndiaye qui, finalement, signé au FC Barcelone. Pensez-vous que c’était la meilleure destination, connaissant l’issue décevante des joueurs sénégalais qui sont passés par le club catalan ?

C’est vrai que j’ai été proche du dossier de Moussa Ndiaye, mais on ne m’a pas donné la possibilité d’y travailler. Aujourd’hui, il y a de l’argent qui est entré dans les caisses de son académie, à travers sa signature de contrat. C’est une bonne chose pour le centre, sa famille et ceux qui gravitent autour de lui. Mais pour le projet sportif à Barcelone… Moi, j’aurais préféré amener Moussa Ndiaye à l’Atalanta plutôt qu’au Barça. C’est une équipe qui cherche des joueurs ailleurs et ne donne pas de chance aux joueurs formés au sein du club.

Aujourd’hui, les jeunes qui sont formés à l’Atalanta sont vendus dans de grands clubs en Europe, au Milan AC, à l’AS Rome, à la Juve. Mais au FC Barcelone, on a vu le cas de Moussa Wagué. On a la possibilité de faire du bon travail avec certains joueurs sénégalais. Pour la petite catégorie, j’ai peur pour les jeunes qui intègrent le Barça. Amener un gosse à l’Atalanta, c’est mieux que de le faire intégrer la Juventus de Turin. Les grands clubs, c’est pour les joueurs déjà prêts. La Masia, c’est un bon centre de formation, mais après, où vont finir ces gosses-là ? On ne sait pas ce qui s’est passé entre Aspire et le Barça.

Mais lorsque l’Inter avait demandé que le joueur vienne faire un test, ils ont refusé et pourtant, l’argent était disponible. Ils ont choisi le FC Barcelone. Je souhaite qu’il soit le Sénégalais titulaire demain au Barça. Mais j’émets des réserves. Il ira où demain ? Car Wagué qui est aujourd’hui au PAOK Salonique, ce n’est pas le bon choix. Dans ce championnat, si le joueur ne montre pas son potentiel, il est fini. En plus, il s’est blessé. Quel est le projet qu’on avait pour le gosse ? Dans un pays où il n’y a qu’un seul club de football, tu laisses le joueur aller là-bas. Alors qu’il y a le Torino qui s’était manifesté. Au Sénégal, on pense que ce sont les grands noms qui sont valables, les Raiola, Mendes… qui vont faire un bon projet sur leurs enfants. Si le joueur réussit, Mendes sera là, parce qu’il viendra prendre son argent. Tu ne le verras pas, en cas d’échec.

Le Comité exécutif de la Fédération sénégalaise de football a adopté, le 5 novembre dernier, le nouveau règlement sur la collaboration avec les intermédiaires des joueurs et des clubs. Pensez-vous que ce nouveau dispositif puisse mettre de l’ordre dans le secteur des agents de joueurs ?

Ce règlement est bon. Seulement, je trouve qu’ils ont un peu exagéré sur le montant demandé annuellement aux agents, 1 million de francs CFA. On peut être un agent et ne pas vendre de joueur durant l’année. Ils devaient exiger une somme proportionnelle à la valeur de la vente du joueur. Avec ce montant, on n’est plus tenté d’aider les jeunes footballeurs sénégalais dans leur transfert à l’intérieur du pays. Par exemple, en payant cette somme, si on doit faire un transfert du Jaraaf au Teungueth FC, on va aussi demander une somme importante. J’ai pu aider tant de gosses pour la signature de leur contrat sans rien réclamer. Mais avec cette nouvelle disposition, je vais commencer à exiger une somme aux dirigeants des clubs, en signant le contrat de mes joueurs au Sénégal.

Ils ont élaboré ce texte pour organiser les transferts des joueurs. Ce qui est bien. Cela va régler tant de choses. Ça va aider les clubs, les joueurs et le football sénégalais. On va également bloquer l’émigration clandestine et aussi empêcher certains de vendre des joueurs sans indemniser leurs clubs d’origine. Mais ils doivent être fermes envers tous. Pour l’autorisation de sortie de joueurs, moi qui n’ai jamais pratiqué sur le terrain, je dois présenter mon Bac et d’autres justificatifs. Cela doit être transparent. On doit savoir qui sont ces gens reconnus intermédiaires par la fédération. Il doit y avoir une publication sur eux. Le problème, c’est qu’on écrit des textes et on ne les applique pas. Et certains font ce qu’ils veulent sans être inquiétés. Cela me fait peur. Ils doivent appliquer les choses à la lettre pour tout le monde. Il faut un suivi de la fédération, en collaboration avec les corps de contrôle de l’Etat.

Pape Bouba Diop est décédé le 29 novembre dernier à l’âge de 42 ans à Lens, des suites d’une longue maladie. N’est-ce pas une grande perte pour le Sénégal ?

C’est une grande perte pour le football sénégalais. Un joueur que j’ai connu en 1999 à Diourbel et qui m’a marqué. C’est un joueur qui a marqué l’histoire du football sénégalais, avec la Coupe du monde et même avant. Ce fameux match contre l’équipe nigériane, une revanche du Sénégal sur le Nigeria qui nous avait malmenés en 2000 chez lui. En 2002, pour sa première titularisation, Bouba mettait un but extraordinaire, alors que le Sénégal jouait à 10. Il est arrivé à la Coupe du monde où il a marqué un but inoubliable (premier but du Mondial-2002 et de l’histoire du football sénégalais en phase finale de Coupe du monde, NDLR). En 2006 à la Can en Egypte, ce fameux match Sénégal-Guinée, Bouba a pu marquer un joli but de la tête. Il a, par la suite, mis la pression dans l’entrejeu et récupérer le ballon qu’il transmettait à Henri Camara qui, à son tour, a servi Mamadou Niang pour le 2e but sénégalais.

Pape Bouba Diop n’a pas vécu longtemps, mais a réalisé des choses merveilleuses. Il a aussi représenté dignement le Sénégal en Europe avec le RC Lens en Ligue des champions. Je me souviens du match contre l’AC Milan de Gattuso, Nesta. C’est un joueur qui nous a marqués, une grosse perte pour le football sénégalais. Mais je pense qu’il restera parmi nous, avec ce musée-là (musée du football qui sera érigé au Stade du Sénégal, à Diamniadio) qui portera son nom. Que Dieu l’accueille dans son paradis.

LOUIS GEORGES DIATTA

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