Publié le 22 Dec 2020 - 23:11
ENQUÊTE SUR LES COMPÉTENCES DES ÉLÈVES ET DES ENSEIGNANTS

Un rapport confirme la baisse continue du niveau des élèves

 

Une évaluation du niveau de compétences des élèves et des enseignants a été faite durant l’année 2019, dans 14 pays francophones. Elle s’est accentuée sur les langues et les mathématiques. Elle confirme la baisse du niveau des élèves.

 
 
Après 2014, Pasec/Confemen vient de publier un rapport sur les compétences des élèves et des enseignants, dans 14 pays francophones dont le Sénégal, le Bénin, le Togo, etc. L’enquête s’est appesantie sur la langue d’apprentissage et les mathématiques, avec pour objectif de réorienter les besoins pour une politique éducative de qualité. L’échantillonnage a porté sur 3 500 classes élémentaires, 62 000 élèves de CM2, 21 000 élèves de CP et 19 000 enseignants.
 
Dans ce lot, le Sénégal compte 87 écoles dont les CP ont été ciblés pour 1 345 élèves et 180 écoles dont les CM2 ont été ciblés pour un effectif de 3 832 élèves. Et 1 190 enseignants ont été échantillonnés.
 
Les résultats globaux montrent que, dans les classes de CP, 56 % des élèves en langue et 29 % en mathématiques sont en dessous du seuil de maîtrise des compétences requises. C’est-à-dire en deçà de la moyenne. Au CM2, 52 % en langue et 62 % en mathématiques sont en dessous du seuil de maîtrise des compétences réquises. Une moyenne multinationale.
 
La publication de ce rapport a poussé l’Union syndicale pour une éducation de qualité (Useq) à organiser une rencontre, dans l’après-midi, à son siège, pour le commenter et en tirer les enseignements. Le secrétaire général du Sudes, Amadou Diaouné, a ainsi noté des variations d’un pays à un autre. ‘’Les rapports nationaux ne sont pas encore connus, mais globalement, ces résultats démontrent clairement une crise des apprentissages dans les 14 pays. Autrement dit, c’est la faible qualité des apprentissages qui est indexée. Le faible niveau des acquis scolaires dans la grande majorité des élèves dans les 14 pays. La baisse des niveaux est une réalité attestée scientifiquement’’, souligne-t-il. Avant de laisser entendre que cette étude vient confirmer ‘’qu’il y a une baisse inquiétante du niveau des élèves’’.
 
Amadou Diaouné pointe du doigt, au premier chef, la gouvernance de l’Etat et n’écarte pas les acteurs. Les conditions d’enseignement-apprentissage, dit-il, posent problème, avec les classes pléthoriques et les abris provisoires. Tout cela concourant à créer des disparités. ‘’Il y a une monopolisation des ressources. La transformation des moyens en résultats dépend des méthodes mises en place. Les moyens n’arrivent pas à l’école’’, dénonce Amadou Diaouné. Ce qui lui fait dire que ces résultats montrent qu’il y a un décalage.
 
‘’Les enseignants obtiennent des résultats satisfaisants’’
 
Quant aux résultats des enseignants, le seuil de maîtrise des compétences se situe à des niveaux relativement satisfaisants, avec des taux de 84 % en langue et 65 % en mathématiques. A ses yeux, ces résultats sont extrêmement importants, parce qu’ils ne s’y attendaient pas, avec surtout le recrutement de vacataires, d’enseignants sans formation. ‘’Quand le niveau de performance des enseignants est bon, cela va se répercuter sur celui des élèves. Pour ce faire, il faut résoudre les disparités, renforcer le corps enseignant et construire des écoles’’, souligne le syndicaliste.
 
La rencontre avec la presse s’est tenue en présence du président du Comité syndical francophone pour l’éducation et la formation (CSFEF) Jean Hervé Cohen. Sur les compétences des enseignants, il note que c’est un problème de recrutement qui est mal fait. ‘’C’est dans la formation des enseignants. Il faut la professionnalisation. Dans le rapport, il a été remarqué que si les enseignants sont dans des conditions précaires, s’ils sont mal payés, ils vont mal faire leur métier. Pour le résoudre, il faut un statut, pour qu’ils puissent prodiguer. Cette chose est importante’’, dit-il.
 
Néanmoins, pour l’Useq, ces taux restent à améliorer substantiellement par un meilleur soutien et une motivation accrue, en vue de l’amélioration sensible du niveau des élèves. Sous ce rapport, signale Amadou Diaouné, l’Useq marque son total accord avec les recommandations fortes de l’étude du Pasec/Confemen qui demande, entre autres, des stratégies nationales de professionnalisation des enseignants prenant en compte un cadre physique de travail adéquat, tout en offrant des opportunités de formation et de promotion de carrière pour tous et améliorer les conditions salariales, pour une plus grande motivation des enseignants et une plus grande attractivité de la profession.
 
Elle préconise d’améliorer le statut des enseignants à la mesure des besoins et des défis des contextes nationaux en matière d’éducation pour favoriser au maximum l’efficacité de l’enseignant. Il indique que ces recommandations confortent les syndicats d’enseignants de l’Useq, notamment dans leurs revendications vieilles de plusieurs décennies.
 
Pour ce qui concerne les résultats du Sénégal, il est impossible, selon Amadou Diaouné, d’en faire cas en ce moment, parce que le document national n’est pas encore finalisé et le temps n’a pas permis d’exploiter les données du rapport international très volumineux avec 442 pages. A cet égard, l’Useq exhorte le gouvernement, précisément le ministère de l’Education nationale, à impliquer tous les acteurs dans la finalisation, le partage et la large diffusion des résultats de l’étude, de même que les conclusions à en tirer pour améliorer la performance de notre système éducatif.
 
‘’Les langues maternelles restent importantes’’
 
Le président du Comité syndical francophone pour l’éducation et la formation (CSFEF), Jean Hervé Cohen, s’est prononcé sur les langues maternelles. Il souligne qu’au Burundi, il y a eu de meilleurs résultats avec les langues maternelles plutôt qu’en français. La même expérience a été faite dans d’autres pays, mais ça ne s’est pas concrétisé, car d’autres problèmes se sont rajoutés.
 
Mais pour Jean Hervé Cohen, l’apprentissage ne doit pas se doubler d’un degré supplémentaire pour l’élève. Si l’évaluation peut se faire dans la langue maternelle, c’est bien mieux. ‘’C’est vrai on a une langue commune, mais les langues maternelles sont importantes. Je suis pour la réservation des langues maternelles’’, a-t-il défendu.
 
Par ailleurs, disent les syndicalistes, la présence du président de la République à la présentation du rapport fait croire que le Sénégal prendra en compte des résultats de l’étude pour améliorer les conditions de travail des élèves et des enseignants. Le chef de l’Etat Macky Sall a insisté sur le recrutement des inspecteurs de l’éducation, car le ratio est insuffisant. ‘’Il a dit qu’il faut renforcer le corps de contrôle pour améliorer les performances des enseignants’’, se réjouit Amadou Diaouné.
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EXTRAITS DU DISCOURS PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE MACKY SALL, PARRAIN DE 60 ANS DE CONFEMEN

‘‘Il faut augmenter le nombre d’inspecteurs dans nos établissements’’

‘’Aujourd’hui, si je prends le cas du Sénégal, nous formons à peu près 73 % de bacheliers qui ne sont pas scientifiques. Autrement dit, il n’y a que 23% qui sont des bacheliers scientifiques. Or, il faut prendre le problème depuis la racine, depuis l’école primaire, la formation des enseignants, des instituteurs. La formation des inspecteurs et je disais au ministre de l’Education nationale, il faut augmenter le nombre d’inspecteurs dans nos établissements, départements. Si le formateur n’a plus peur de l’inspection, il n'y a plus d’éducation. Donc, il faut former en nombre suffisant, les inspecteurs au niveau des départements, des académies. Et si l’enseignement supérieur n’arrive pas à vous les former, on vous donnera la possibilité de former vos inspecteurs. Donc, c’est une invite dans l’évaluation, la qualité aussi de formateur soit au centre du débat, sinon on va mettre des milliards que nous voulons sur l'Éducation, la qualité et les résultats vont être très, très discutables. Je disais que l'Éducation et la formation sont des outils de progrès. L’Education participe à humaniser le monde, à éveiller les consciences et à favoriser la compréhension mutuelle, propice à la coexistence pacifique des cultures et des civilisations.
L'Éducation, parce qu’elle éclaire et élève l’esprit, est la toute première ligne de front contre deux ennemis mortels de ce siècle que sont : l’ignorance et l’obscurantisme. Elle rend l’individu plus difficile à manipuler et moins exposé aux tentatives de l’extrémisme Il faut, par conséquent, poursuivre tous les efforts nécessaires pour que l’école garde sa vocation essentielle de lieu de transmission du savoir, de socialisation, de citoyenneté et d’excellence qui en préparant les apprenants à la vie active, les éduque en même temps au vivre ensemble.

Pour la réalisation du Paquet et l’atteinte des objectifs en matière d'Éducation, le Sénégal mobilise, chaque année dans le secteur de l’Education, de manière globale, 35,6% du budget de l’Etat. C’est énorme. 25, 6%, si on le ramène au ministre au ministre de l’Education, c’est 15% du budget national consolidé. Pour ce qui est de la mobilisation des moyens techniques et financiers, cela représente plus de 40% du budget de fonctionnaires de l’Etat. La mise à disposition de ces ressources a permis des progrès substantiels qu’il faut noter avec des taux d’accroissement. Entre 2012 et 2020, un taux d’accroissement de 27, 5% des effectifs élèves qui ont cru, sur ces huit dernières années. Une croissance de 28,6% des effectifs d’enseignants dont 3000 sortants cette année et parmi lesquels déjà près de 2000 sont en service.

Les progrès sont également de l’ordre de 28% pour les écoles et de 34,4% pour les salles de classes, ce qui réduit sensiblement les abris provisoires. En tant que parrain des 60 ans de la Confemen, je salue les efforts de tous les pays membres au service de l’éducation et j'exhorte les pays de la francophonie à poursuivre la culture de l’évaluation comme moyens d’amélioration des performances de nos systèmes d’éducation’’.

Aida Diène

 

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