Un agent à la municipalité de Rufisque encourt deux ans dont un an ferme
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L’affaire opposant le marchand Djiby Sarr à l’agent municipal Youssou Cissé a été évoquée hier, à la barre de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar. L’affaire fait suite aux échauffourées qui ont eu lieu à Rufisque, lors du déguerpissement des marchands ambulants.
Le feuilleton judiciaire, dans l’affaire opposant les marchands ambulants à l’agent de la municipalité de ladite localité, suit son cours. En effet, après la relaxe des 11 marchands au bénéfice du doute par le juge des flagrants délits, le 26 mai 2020, deux protagonistes de cette affaire, qui a tenu en haleine la population de Rufisque, se sont retrouvés hier devant le juge correctionnel. Selon l’économie des faits, dans le but de freiner la propagation du coronavirus, un arrêté préfectoral a été pris. Et celui-ci stipulait que les vendeurs de légumes et les tenanciers d'étals devaient déménager au quartier Champ de courses de la même ville. Certains ont refusé de s'exécuter, avant que n'éclatent des échauffourées. Car les commerçants ont manifesté et se sont attaqués aux agents de la mairie. Il y a eu des dégâts et des blessés de part et d’autre.
Débouté devant le juge des flagrants délits, Youssou Cissé est poursuivi en correctionnelle par le marchand Djiby Sarr, pour détention illégale d'arme sans autorisation administrative et mise en danger de la vie d'autrui. La partie civile a présenté une incapacité temporaire de travail de 7 jours. Il résulte des déclarations de l’accusation que Youssou Cissé, désigné comme le bras armé de la commune, avait une arme et une pompe à gaz, le jour des faits. A en croire le plaignant, alors qu’il était venu acheter des légumes pour sa mère, il a rencontré le prévenu qui l’a sévèrement poignardé, avant de l’asperger de gaz lacrymogène.
Ce que le prévenu a contesté avec véhémence. Réitérant les mêmes propos qu’il avait tenus devant le juge des flagrants délits, il déclare : ‘’Vu que je suis surveillant au marché central de Teunguedji, j'exécutais un arrêté municipal. Ce faisant, si je trouve un quelconque commerçant étalant sa marchandise sur une place non-autorisée, je procède à la saisie et on l’emmène au bureau avant qu'il ne paie.’’ ‘’Et pendant que j'étais dans le marché, j'étais en compagnie des agents de police. Après avoir embarqué la marchandise pour la conduire, c'est en cours de route qu'ils nous ont attaqués. Plus précisément au moment où on entrait dans la mairie, et l'un d'eux m'a poignardé avec un couteau’’, a-t-il poursuivi tout en précisant qu’il n’était pas armé ce jour-là et qu’il n’a pas poignardé Djiby Sarr.
‘’Il a abusé de tous les pouvoirs qu'on lui a donnés. Aucun agent n'était présent lorsqu'il l’a poignardé avec un couteau et il a été poursuivi par la foule, dans sa fuite. Aujourd'hui, il peut nier, mais il devrait faire amende honorable. Voyant la manière dont il s'est conduit, il pourrait continuer ses actes. Il est atteint et convaincu des faits’’, a plaidé Me Bamar Faye, avocat de la partie civile. L’avocat a sollicité 5 millions de francs CFA pour le dédommagement de son client qui a perdu son fonds de commerce à cause de ses frais médicaux.
Requérant à charge, la représentante du ministère public a demandé que le prévenu soit condamné à 2 ans de prison dont 1 an ferme. Le prévenu n'a que la force de ses bras comme arme qu'il use contre les populations. Il a pris comme alibi une exécution d'un arrêté préfectoral pour poignarder la partie civile. Et celle-ci a failli passer de vie à trépas. Le prévenu pouvait comparaître devant une autre juridiction’’, a souligné le substitut du procureur de la République.
Les avocats de la défense, tour à tour, ont sollicité la relaxe pure et simple de leur client. Selon Me Mouhamadou Bousso, son client est victime d’injustice. ‘’Il n'a fait qu'appliquer la loi au marché de Rufisque. La partie civile est venue battre monnaie. Pour défaut de preuve, mon client doit être relaxé’’, a plaidé la robe noire. Son confrère, Me Ndiogou Ndiaye, d’ajouter : ‘’Il fait d'énormes efforts pour au moins faire régner l'ordre dans ce marché. On a exagéré sur cette blessure et on n'a pas la preuve que c'est Youssou qui lui a planté le couteau. Il a pu recevoir ce coup de couteau de n’importe qui dans ce tohu-bohu.’’
Pour Me Malick Mbengue ‘’les gens ont attendu une occasion pour le mettre hors d'état de nuire. Et cette occasion qui est une aubaine s'est présentée à eux. Mon client a eu une jambe fracturée et il a versé au dossier un certificat médical’’.
Le juge correctionnel rendra sa décision le 11 février prochain.
MAGUETTE NDAO