Publié le 14 Mar 2021 - 02:02
MIS AUX ARRÊTS DE RIGUEUR, DEPUIS HIER

Le sort du Capitaine Touré scellé dans 45 jours

 

Le Capitaine Oumar Touré a passé hier sa première nuit d’arrêts de rigueur, à la Légion de la gendarmerie d’intervention de Mbao. Au cours des 45 prochains jours, une équipe d’enquêteurs, sous la supervision du Haut Commandant de la gendarmerie nationale et directeur de la justice militaire, va l’entendre, avant qu’une décision finale soit prise le concernant.

 
 
Comme promis, le Capitaine Oumar Touré s’est rendu, hier, à la section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Après avoir informé la hiérarchie, ordre a été donné aux hommes du Chef d’Escadron Abdou Mbengue de l’amener sous bonne escorte, mais très soft, pour ne pas éveiller les soupçons, à la Légion de la gendarmerie d’intervention de Mbao. Sur place, il a été placé sine die en arrêt de rigueur, comme le stipule les lois et rigueurs des hommes en bleu, pour une durée de 45 jours. Ce laps de temps permettra à la hiérarchie de la grande maréchaussée de sceller le sort de l’officier de police judiciaire.
 
Selon nos informations, cette opération va être supervisée par le Haut Commandant de la gendarmerie nationale, Directeur de la justice militaire, le Général de Division Jean-Baptiste Tine, avec le soutien des autres gradés de la gendarmerie.  
 
Le Capitaine Touré devra répondre à toutes les questions qui lui seront posées par un jury expert sur la question. Nos sources n’ont pas voulu nous dire le nombre de personnes qui vont composer ce jury, vu qu’il peut changer, selon le degré des délits dont on accuse un homme de tenue. Après ces auditions, le dernier mot reviendra aux hautes autorités de la gendarmerie. L’on nous signale qu’il est tôt de dire avec exactitude ce qui l’attend, vu que, depuis le début de cette affaire, il ne s’est pas adressé à sa tutelle, mais plutôt aux médias. Une chose qui n’est pas conforme aux statuts et règlements de la gendarmerie.
 
‘’Il ne s’agit pas ici d’une chose qu’on peut vous dire avec exactitude. Il faut que l’enquête puisse être entamée, pour pouvoir avancer des hypothèses. Par exemple, s’il décide de se taire, ce ne sera pas la même chose, quand il va parler. Une enquête rigoureuse sera faite. Il se peut que même qu’on écoute ses supérieurs, pour savoir si, oui ou non, il a une moralité douteuse. Il est hors de question qu’on lèse quelqu’un ou qu’on libère un fautif. Cette enquête va prendre tout son temps. D’ailleurs, c’est à cause de cela que 45 jours ont été prévus. Rien ne va être laissé au hasard. C’est une affaire sérieuse et la carrière de quelqu’un y dépend. Donc, la sanction se fera en cas de culpabilité, sans état d’âme. Mais, on va l’écouter, en lui donnant la parole’’, confie une de nos sources.  
 
Les sanctions pour les militaires en délais de rigueur
 
La Loi N°2008-493 du 26 mai 2008, dans son article 3, renseigne que les sanctions disciplinaires applicables aux militaires sont réparties en trois groupes. Les sanctions du premier groupe sont : l'avertissement, la consigne, la réprimande, le blâme, les arrêts, le blâme du ministre. Les sanctions du deuxième groupe sont l'exclusion temporaire de fonctions pour une durée maximale de cinq jours privative de toute rémunération, l'abaissement temporaire d'échelon, la radiation du tableau d'avancement. Les sanctions du troisième groupe sont : le retrait d'emploi, défini par les dispositions de l'article L.4138-15, la radiation des cadres ou la résiliation du contrat.
 
‘’Les sanctions disciplinaires ne peuvent se cumuler entre elles, à l'exception des arrêts qui peuvent être appliqués dans l'attente du prononcé de l'une des sanctions des deuxième et troisième groupes qu'il est envisagé d'infliger. En cas de nécessité, les arrêts et les consignes sont prononcés avec effet immédiat. Les arrêts avec effet immédiat peuvent être assortis d'une période d'isolement. Les conditions d'application du présent article font l'objet d'un décret en Conseil d'Etat’’, renseignent nos interlocuteurs.
 
Ce que risquait le Capitaine, s’il ne s’était pas présenté, dans un délai de 6 jours
 
Ayant déserté son bureau, depuis plusieurs jours, le capitaine Oumar Touré n’a toujours pas déposé sa lettre de démission sur la table du boss de la Section de recherches, le chef d’escadron Abdou Mbengue. Selon nos informations, pour pouvoir démissionner des rangs de la gendarmerie, il faut au moins faire dix ans de service. Ce qui n’est pas le cas pour le capitaine Touré qui est adjoint d’officier de police judiciaire (OPJ) à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane.
 
Nos interlocuteurs disent ignorer les raisons profondes des velléités de démission de l’officier, publiquement déclarées. Mais, ils pensent savoir que la pression qu’il subit au quotidien pourrait être un motif. ‘’Il n’a pas encore remis sa lettre de démission, depuis lors. Donc, l’on peut dire que tous les actes qu’il est en train de poser sont contraires à son statut de militaire. Il est toujours considéré comme un gendarme, pour ne pas dire élément de la Section de recherches. Il est considéré comme un absent. Maintenant, au cas où il dépose sa démission, ce sera à l’autorité de décider de la suite à prendre’’, avait souligné une de nos sources. Pour qui les arguments avancés par le capitaine Touré, concernant une insécurité sur sa personne, ne tiennent pas la route, car avec sa famille, il loge dans le camp de la gendarmerie.
 
Un endroit qui est hyper sécurisé, confie-t-on. ‘’En ce moment, on considère qu’il est en position irrégulière, dans le jargon militaire. Devant les statuts de la gendarmerie, il est considéré comme un absent, au moment où je vous parle. Mais au bout de 6 jours, s’il ne rejoint pas les rangs, il sera recherché et arrêté manu militari et acheminé dans les locaux de la gendarmerie, là où il était, par des éléments de la grande maréchaussée. Par la suite, une procédure sera déclenchée contre lui. Mais tant qu’il n’a pas encore fait 6 jours, on ne peut pas l’interpeller. Mais au bout de ces jours, il le sera. En ce moment, il est considéré comme un absent’’, renseignaient plusieurs sources.     
 
Ainsi, dans les rangs, beaucoup pensent qu’il ne supporte pas la forte pression liée à la charge d’officier de la Section de recherches. Toutefois, nos interlocuteurs sont d’avis que seul le capitaine Touré sera à même de dire avec exactitude les raisons pour lesquelles il a agi de la sorte, car, à leurs yeux, rien ne peut l’expliquer.  
 
Fuites sur le procès-verbal et persécutions
 
Dans cette affaire, il faut rappeler que le capitaine Oumar Touré était en charge de l’enquête, dans l’affaire opposant Adji Sarr à Ousmane Sonko. Le 7 mars dernier, il a annoncé sa démission de la gendarmerie. ‘’Je transmets, aujourd’hui, ma démission au président de la République du Sénégal, par voie hiérarchique, en renonçant volontairement et d’une manière absolue aux prérogatives attachées à mon grade’’, lit-on dans la lettre qu’il a rendue publique.
 
L’officier de la gendarmerie y déclare qu’il pose cet acte dans le souci de préserver sa sécurité et celle de sa famille. Car, dit-il, depuis la fuite du procès-verbal de l’enquête qu’il a menée avec ses collègues, il est suivi par des individus qui seraient des éléments de la Direction nationale du renseignement sénégalais. ‘’Pour une affaire privée, j’ai été plutôt très surpris par cette mesure… J’ai ainsi saisi ma hiérarchie par correspondance, en date du 3 mars 2021, de mes craintes pour ma sécurité et celle de ma famille’’, dit-il dans sa lettre.
 
Mais, soutient-il, aucune mesure n’a été prise et ces individus ont continué de suivre ses déplacements, allant jusqu’à mettre sur écoute ses communications, en anticipant ses faits et gestes. ‘’Ce qui constitue une violation de mes droits constitutionnels. Tout cela parce que je suis soupçonné, à tort, d’être à la solde d’un opposant que je n’ai rencontré que le jour de la remise de sa première convocation dont j’étais porteur, donc en faisant mon travail conformément aux ordres de mes chefs’’, s’est-il plaint.
 
Il ajoutait : ‘’Il est vrai que je suis astreint au droit de réserve. Toutefois, lorsque l’Etat n’applique pas la réciprocité en respectant ses engagements envers moi, en mettant en danger ma vie et celle de ma famille, je suis en droit de dénoncer et de prendre les Sénégalais à témoin. Je tiens à informer la communauté nationale et internationale que tout ce qui m’arrivera à moi ou à un membre de ma famille sera de la responsabilité exclusive de l’Etat du Sénégal et de la gendarmerie nationale qui n’a rien fait pour faire cesser la violation de mes droits.’’
 
Pour démontrer sa bonne foi dans le traitement de cette affaire, le capitaine Touré a défié quiconque de produire la preuve matérielle de son contact avec le député Ousmane Sonko, hormis pour le motif cité plus haut. ‘’Rien ne justifie qu’on me surveille comme un vulgaire criminel, en tant qu’officier public. Si un officier de gendarmerie peut subir une telle discrimination pour faire plaisir à un individu, je me demande comment le Sénégalais lambda sera traité. Je préfère la faim avec la conscience tranquille que l’opulence en perdant mon sommeil et ma sécurité. Toute ma vie, je me suis battu contre l’injustice et maintenant, c’est moi qui en fait l'objet’’, se plaignait-il.
 
Cette fois-ci, il aura des oreilles attentives et aura le loisir d’étayer ses accusations.
 
CHEIKH THIAM
Section: 
Capitaine Touré
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