Publié le 18 Mar 2021 - 22:41
APOLOGIE DU TERRORISME

Le ressortissant français Mamadou Diaou risque 5 ans de prison ferme

 

Jugé pour association de malfaiteurs et apologie du terrorisme, Mamadou Diaou encourt cinq ans d’emprisonnement ferme. Le jeune homme de 22 ans et de nationalité française, a été arrêté en 2016, à l’aéroport de Dakar.

 

Accusé d’association de malfaiteurs et d’apologie du terrorisme, Mamadou Diaou a fait face, hier, aux juges de la Chambre criminelle spéciale du tribunal de grande instance de Dakar. Âgé aujourd’hui de 22 ans, le comparant, de nationalité française et d’origine malienne, a été arrêté le 12 août 2016, alors qu’il venait tout juste d’atterrir à l’aéroport. Il a été signalé auprès des services du Sécuriport.

En effet, le jeune Diaou était connu des services de renseignement français. D’ailleurs, à l’âge 16 ans, il avait fait l’objet d’une enquête, du fait de ses fréquentations, plus précisément à cause d’un de ses amis, Yanis Ziari. Ce dernier purge actuellement une peine de 12 ans en France pour terrorisme. A en croire Diaou, les autorités policières lui avaient déconseillé de fréquenter ce jeune homme qui était dans la délinquance avant d’être envoyé en Egypte par son grand frère. L’accusé Mamadou Diaou renseigne que celui-ci s’est radicalisé, à son retour en France.
 
Par ailleurs, sur les raisons qui l’ont poussé à venir à Dakar, il raconte que c’est uniquement pour faire du tourisme. Il est ressorti des éléments de l’enquête que Mamadou Diaou devait, en réalité, transiter par le Sénégal, avec l’aide d’un nommé Ibrahima Ndiaye, avant de rallier la Syrie et l’Irak, avec le concours d’un certain Aly. Ces deux ne sont toujours pas identifiés par les services de renseignement sénégalais. En venant à Dakar, l’accusé avait déjà vidé son compte bancaire et s’était abstenu de signaler à ses parents son voyage. Il a acheté son billet d’avion à 1 000 euros et ne détenait comme argent de poche que 171 euros. L’enquête a également révélé qu’il avait déjà écrit une lettre d’adieu destinée à sa famille établie en France. Il leur parlait en ces termes : ‘’J’ai décidé d’émigrer et de faire le combat… Je suis juste parti chercher une maison au paradis, car la vie ici-bas n’a aucune valeur par rapport au paradis… Ne soyez pas triste…’’
 
L’étau s’est resserré autour du jeune homme, quand les enquêteurs ont découvert, après fouilles de son téléphone portables, 66 vidéos d’une rare violence et 1 600 vidéos du même genre dans son téléphone portable. Une photo de lui en treillis a été également retrouvée dans ses affaires. Ces vidéos qui n’ont pu être visionnées hier à l’audience, à cause de problèmes techniques, montraient des scènes insoutenables où des gens se faisaient décapiter, si l’on se fie aux déclarations de l’un des juges.
 
"Des jeunes comme l’accusé sont des marionnettes pour les djihadistes" 
 
Au parloir, Mamadou Diaou dit n’avoir aucun rapport avec des terroristes, même si les informations relevées dans son téléphone montrent le contraire. Selon lui, il a connu Ibrahima Ndiaye à travers le réseau social Facebook. Après avoir sympathisé, ils ont échangé leurs coordonnées et ont poursuivi leurs discussions via Telegram. ‘’C’est sur invitation d’Ibrahima que je suis venu au Sénégal. J’étais tenté par l’aventure et je voulais visiter l’île de Gorée’’, soutient-il à la barre.
 
Diaou qui n’a connu le ‘’pays de la Téranga’’ qu’en prison, avoue qu’il fréquentait des prêcheurs en France. Par ailleurs, il précise que même s’il est musulman, il n’a jamais appris le Coran. Ce, malgré le fait qu’il se trouvait souvent dans les mosquées. ‘’En France, il y a des prêcheurs qui viennent toquer aux portes. J’ai commencé à les fréquenter. Je suis parti avec eux plusieurs fois’’, dit-il.
 
Interpelé sur les notions de ‘’djihad’’, ‘’terrorisme’’, l’accusé dit ignorer la signification de ces termes. Mieux, il renseigne aux magistrats qu’il est contre les agissements des terroristes. D’après lui, que ça soit des musulmans ou des non-musulmans, les gens ne doivent pas s’étriper. A l’en croire, personne ne doit tuer personne. Sur le fait qu’il ait allégué que la France est un pays de mécréants, Mamadou Diaou jure n’avoir jamais tenu de tels propos.
 
Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public, après avoir écarté l’association de malfaiteurs, requiert une peine d’emprisonnement de 5 ans ferme contre l’accusé, pour apologie du terrorisme. Selon le maitre des poursuites, le chef est constitué. Le substitut du procureur de la République est convaincu que des jeunes comme l’accusé sont des marionnettes pour les djihadistes. Il a également requis une peine d’amende de 1 million de francs CFA. Il a demandé de confisquer le téléphone de l’accusé. L’apologie qui lui est reprochée, a-t-il argumenté, à un lien avec le téléphone portable qu’il détenait.
 
Le conseil de la défense a, pour sa part, sollicité la relaxe de son client de tous les chefs. ‘’On a contre lui la lettre dans laquelle il partage son intention de se rendre en Irak et en Syrie pour faire le djihad. Cette lettre n’a jamais été envoyée. Ce qui pousse à dire que ses intentions n’étaient pas évidentes. Il a projeté d’écrire à sa famille. Peut-on reprocher à une personne ce qu’il a dans son for intérieur ? Le procureur a bien fait d’écarter le chef d’association de malfaiteurs’’, a plaidé la robe noire.
 
L’affaire ayant été mise en délibéré, la chambre rendra sa décision le 29 avril prochain.
 
MAGUETTE NDAO

 

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