Publié le 24 Mar 2021 - 01:24
LIENS PRÉSUMÉS AVEC LES COMMANDITAIRES DE L‘ATTAQUE DE L’HÔTEL GRAND BASSAM :

Deux Maliens encourent 7 ans de réclusion criminelle

 

Les Maliens Sina Ould Sidi Ahmed et Boubacar Niangadou ont comparu hier à la barre de la chambre criminelle spéciale du tribunal de grande instance de Dakar. Soupçonnés d’avoir des liens avec les commanditaires de l’attaque de l’hôtel « Grand Bassam », en mars 2016 en Côte d’Ivoire, les accusés se sont lavés à grande eau. 

 

« Je n’ai jamais fait l’objet de condamnation je n’ai jamais été associé à un petit voleur, encore moins à un terroriste », s’est défendu Sina Ould Sidi  Ahmeth. Ce dernier, ressortissant malien, a comparu hier, à la barre de la chambre criminelle spéciale du tribunal de grande instance de Dakar. Il est accusé d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme en bande organisée, et d’appui à d’un groupe ou membre d’un groupe en vue de sa participation à la commission d’un acte terroriste, blanchiment de capitaux. Ce résidant de Bamako a été jugé hier, au même titre que son compatriote Boubacar Niangadou. A celui-ci, il est reproché les faits de blanchiment de capitaux, d’association de malfaiteurs en vue de financement d’une association terroriste terroriste et de faux et usage de faux en document administratif.

Le 23 février 2017, le nommé  Sina Ould Sidi Ahmed a été arrêté à l’auberge Keur Damel. C’est dans le cadre de la communauté de renseignement mis en place depuis l’avènement de la menace terroriste dans notre pays que la police judiciaire à travers la Division des investigations criminelles, procédé à l’interpellation de l’accusé. En effet, les services de renseignement ont intercepté un appel entre ce dernier et un individu supposé terroriste au Mali. Une fouille de sa chambre où il a séjourné pendant près d’un mois a permis aux enquêteurs de mettre la main sur une décharge de plus de 50 millions de francs CFA et un reçu de réservation d’hôtel, pour un ressortissant libyen qui était de passage à Dakar. Après une enquête approfondie, les limiers vont ensuite procéder à l’arrestation de  Boubacar Niangadou. 
 
Venu au Sénégal pour la première fois en 2013, Sina Ould Sidi Ahmed conteste les faits qui lui sont reprochés. Selon lui, il a fait une réservation d’hôtel pour le Libyen sur la demande d’un de ses amis établis au Mali. A l’en croire, ce dernier qui avait un visa de 15 jours, a passé le reste de son séjour chez un de ses amis répondant au nom de Babacar Sylla. Pour se dédouaner, il soutient qu’il n’était même pas au courant du retour de l’hôte libyen. Sur ses rapports avec Boubacar Niangadou, il révèle qu’il a été mandaté par le nommé Mouhamed Ould Ahmed pour qu’il aille récupérer le montant de 57 millions de francs CFA.
 
Ce dernier, PDG de la société Tilemsi transport, lui avait demandé si l’on se fie à ses déclarations, de remettre une partie de l’argent à Sidi Lamine Al Sini qui aurait des liens avec les commanditaires de l’attentat de l’hôtel « Grand Bassam », en Côte d’Ivoire, le 13 mars 2016. Arrêté, Sidi Lamine a été relâché avant de rentrer définitivement au Mali selon le témoin. L’autre partie de l’argent a été remise à Babacar Sylla. « Le premier jour Boubacar Niangadou m’a donné un chèque haut porteur de 37 millions que je n’ai jamais retiré et 20 millions de francs CFA en espèces. Il m’a dit que ce chèque était juste une garantie, de ne pas retirer cette argent et de repasser chez lui », a-t-il souligné. Interrogé sur sa ville natale Tombouctou, l’accusé soutient qu’à chaque fois qu’il est au Mali, il s’y rend chaque vendredi pour rendre visite à sa mère et aux « Sheikh ». D’ailleurs à  ce propos, il renseigne qu’il croit en  ces derniers comme les mourides croient en Serigne Touba. En outre, il a précisé qu’il est un musulman modéré qui ne s’est jamais rendu à la Mecque et qui respecte les autres religions révélées.
 
Selon un rapport de la Centif 3 milliards de francs CFA  auraient transité par le compte de Niangadou courant 2016
 
Entendu à son tour, Boubacar Niangadou même s’il ne corrobore pas toutes  les allégations de son co-accusé, avoue avoir remis à celui-ci, la décharge qui a causé son arrestation. Mais il n’a pas omis de préciser qu’il a été mis en rapport avec celui-ci par un certain Mamadou Bocoum, un commerçant résident au Mali. « Même si Sina Ould Sidi Ahmed  dit que je lui ai remis 20 millions FCFA je me rappelle lui avoir donné le montant de 27 millions et un chèque de 20 millions. Les 10 millions de francs CFA je les avais gardés. Je lui ai demandé de ne pas aller à la banque. Il est revenu le lendemain, j’ai récupéré le chèque et je lui ai donné 20 millions. Je lui remis aussi un reçu. A chaque fois, il me fait une décharge. Les 10  millions de francs CFA restants je les ai remis du chauffeur de taxi », a-t-il détaillé. Toutes ces opérations dont parle l’accusé se sont faites par le système Hawala, un moyen de transfert d’argent qui ne comporte aucune traçabilité et très utilisé par des commerçants de la sous-région.
 
Niangadou également épinglé par un rapport de la Centif qui a relevé un mouvement de 3 milliards de francs CFA dans un de ses comptes à la Bicis courant 2016, raconte qu’il n’a jamais reçu un tel montant. Il a par ailleurs reconnu avoir 16 comptes en banque dont certains appartiennent à ses enfants. En dehors de sa maison sise à la cité Asecna, le Malien qui est venu au Sénégal en 1997, avait également acquis un immeuble à Liberté 6 qu’il n’avait pas fini de payer. 
 
Les enquêteurs ayant découvert par devers lui des documents de nationalité sénégalaise, l’accusé déclare qu’une de ses connaissances lui a octroyé ces documents dont un extrait de naissance au nom de Boubacar Niang. Avec ce document, il s’est fait établi une pièce d’identité sénégalaise. A l’en croire, il ignorait le caractère faux de ce document. 
 
Le parquet requiert des peines de 7 ans réclusion criminelle contre les accusés 
 
Dans son réquisitoire, le substitut du procureur de la République a demandé la disqualification du chef d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste en apologie du terrorisme. En ce qui concerne Sina Ould Sidi Ahmed, il a demandé de le reconnaître coupable de ce chef et de reconnaître également les deux accusés coupables de blanchiment de capitaux. Pour la peine, il a requis 7 ans de réclusion criminelle. Le maître des poursuites a demandé que leurs biens soient saisis et qu’il leur soit interdit de séjourner sur le territoire sénégalais. 
 
Les conseils de la défense qui ont introduit une exception de nullité en demandant l’annulation de la procédure, ont sollicité l’acquittement pour Boubacar Niangadou et la clémence pour Sina Ould Sidi Ahmed. Selon eux les droits de la défense ont été violés depuis l’enquête car on n’a pas notifié à leurs clients leur droit de se faire assister d’un client. L’exception a été jointe au fond.
 
L’affaire mise en délibéré, la Chambre criminelle spéciale rendra sa décision le 29 avril prochain.
 
MAGUETTE NDAO

 

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