IMMINENCE CRISE HUMANITAIRE AU SAHEL
L’ONU tire la sonnette d’alarme
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Déjà confronté à une situation sécuritaire très précaire, le Sahel reste menacé par une crise humanitaire imminente. Selon les agences de l’ONU qui ont alerté hier sur cette situation, 29 millions de Sahéliens ont besoin d'aide humanitaire et de protection, pour ne pas sombrer dans la famine.
Les agences d'aide des Nations Unies et des organisations non-gouvernementales (ONG) ont exprimé, hier, lors d’une conférence virtuelle, leur inquiétude face à l’aggravation rapide de la crise humanitaire au Sahel. Il ressort de leur enquête sur la zone que pas moins de 29 millions de Sahéliens ont besoin d’aide humanitaire et de protection, soit cinq millions de personnes de plus que l'année dernière. Les pays les plus touchés sont le Burkina Faso, le nord du Cameroun, le Tchad, le Mali, le Niger et le nord-est du Nigeria.
Cette situation est la conséquence immédiate d’une crise sécuritaire sans fin, aggravée par la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19. Pire, ce sont les enfants qui paient actuellement les pots cassés. ‘’La crise sahélienne se prolonge dans le temps, avec comme conséquence une génération entière d'enfants en danger. Avec les incidents de sécurité qui continuent de monter en flèche, l'impact sur les enfants est dévastateur. Le nombre d'attaques violentes a été multiplié par huit dans le Sahel central et par trois dans le bassin du lac Tchad. La violence et l'insécurité perturbent gravement les services sociaux de base : près de 5 000 écoles sont fermées ou non-opérationnelles, compromettant l'avenir de centaines de milliers d'enfants, et 1,6 million d'enfants risquent de souffrir de malnutrition aiguë sévère", a déclaré, lors de la visioconférence, Marie-Pierre Poirier, Directrice régionale de l'Unicef.
"L'insécurité croissante et le manque de distinction entre les réponses militaires et humanitaires représentent un réel danger pour les personnes et les opérations. Notre acceptation locale est de plus en plus remise en question et un grand nombre d'enfants vulnérables risque de ne jamais connaître la paix, une année scolaire complète et un jour sans faim", a renchérit Hassane Hamadou, Directeur national du Conseil norvégien pour les réfugiés au Mali.
5,3 personnes déplacées et en danger
L’autre problème souligné par les panelistes, lors de la conférence virtuelle, est le nombre croissant de personnes déplacées de force qui, souligne-t-on, n'a jamais été aussi élevé. Selon ces agents de l’ONU, du Sahel central au bassin du lac Tchad, 5,3 millions de personnes sont déracinées et ont besoin de protection. Et pour cause ! Le conflit au Sahel prend de plus en plus de l'ampleur, devient plus complexe et implique davantage d'acteurs armés. Les civils, précise-t-on, finissent toujours par payer le prix le plus lourd. Ils sont confrontés à un nombre croissant d'attaques meurtrières, de violences basées sur le genre, d'extorsions ou d'intimidations et sont contraints de fuir, souvent à plusieurs reprises.
Il ressort également des études de terrain que les femmes et les enfants sont parmi les plus vulnérables, face à la crise. "La violence basée sur le genre est en augmentation. Les communautés locales expriment leur inquiétude face à la souffrance des femmes et des filles. Elles sont enlevées, violées et mariées de force. C'est inacceptable et des actions immédiates sont nécessaires. Il est essentiel de placer les femmes et les filles au centre de la réponse humanitaire sur le terrain. La promotion et la protection de la santé et des droits des femmes sont vitales pour leur bien-être et pour qu'elles puissent continuer à promouvoir et à protéger la santé des autres", a alerté Fatoumata Haidara, Directrice régionale pour le Sahel à Plan International.
L’autre question qui nécessite une réponse humanitaire urgente, c’est l’insécurité alimentaire. En effet, selon les humanitaires, ‘’la faim a augmenté de près d'un tiers en Afrique de l'Ouest, atteignant son niveau le plus élevé depuis près de dix ans’’. Les zones les plus touchées sont le Sahel central et le bassin du lac Tchad, où l'escalade des conflits armés est à l’origine de la famine".
De plus, ‘’à cause de la flambée des prix des denrées alimentaires, un simple repas de base est devenu hors de portée pour des millions de familles pauvres. D’où l’urgence d'une assistance immédiate pour aider ceux qui en ont le plus besoin, ainsi que de solutions à long terme pour répondre aux causes profondes de la faim et de la malnutrition au Sahel".
ABBA BA
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