Les acteurs plaident pour un accompagnement réel
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La disponibilité et la qualité de l'emballage, la régularité pour s'approvisionner en produits à transformer… sont autant de petits tracas qui plombent la production agricole africaine voire sénégalaise. Une rencontre d'échanges et d'informations sur les mécanismes novateurs de financement des organisations de producteurs, organisée hier au Cices, en marge de la Fiara, tente d’y remédier.
La rencontre d'échanges sur les mécanismes novateurs de financement des organisations de producteurs, tenue hier au Cices, a permis de souligner les difficultés rencontrées dans le secteur. Le président du réseau des organisations paysannes et productrices d'Afrique de l'Ouest (Roppa), Ibrahima Coulibaly, constate que la capacité et le potentiel des organisations de producteurs à améliorer la qualité des produits transformés sont énormes. Une opportunité, signale-t-il, pour la sous-région de l’Afrique de l'Ouest d'aller à un autre niveau. Mais cela, dit-il, n'est pas possible que s'il y a un accompagnement réel, avec des mécanismes de financement adaptés. Un pont sur lequel il a insisté.
Ce qui lui fait dire : ''Ce qui attend, aujourd'hui, c'est le réglage de petits problèmes techniques, comme la disponibilité et la qualité de l'emballage, la régularité pour s'approvisionner en produits à transformer. Un appui dans la mise sur le marché des produits. Si on y arrive, je pense que notre région va être capable de se nourrir, sur beaucoup d'axes'', avance Ibrahima Coulibaly. Qui reste convaincu ''qu'aucun développement n'est possible, lorsque le pays est trop dépendant sur le plan de son alimentation, car c’est une facture insoutenable pour l’économie. Ce qui manque à son avis c'est l'investissement.
''Nous demandons au gouvernement d'accompagner ce processus d'investissement réel dans les capacités de production des exploitations familiales et des organisations communautaires qui sont en train de faire un bon travail’’, souhaite M. Coulibaly.
‘’ Il y a une incohérence des politiques, les investissements mal ciblés…’’
Le président du Roppa dénonce, de ce fait, ''l'incohérence des politiques, les investissements mal ciblés et les taxes douanières’’. A son avis, ‘’ce n'est pas la capacité de production qui est en question, mais, dit-il, il y a des investissements mal ciblés. Souvent l'argent est disponible, mais, il est très mal utilisé. Il faut que l'on change cette façon de faire. L'Afrique de l'Ouest est capable de se produire dans la plupart des produits que l’on importe que ça soit le riz, le lait. Mais, cela ne peut se faire, si le marché reste ouvert avec des taxes douanières très faibles. C’est cet appel que nous voulons lancer pour qu’il aille dans ce sens’’.
Le président du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), Nadjirou Sall, abonde dans le même sens. D'où l'importance, selon le président du Roppa, Ibrahima Coulibaly, d'échanger sur les mécanismes de financement qui peuvent accompagner les organisations des producteurs des différents pays d'Afrique de l'Ouest à aller sur une autre échelle dans la valorisation des produits agricoles. Il note qu’un fonds global pour la sécurité alimentaire est mis en place et est accessible au gouvernement, au secteur privé et aux organisations paysannes. Ce qui crée, à ses yeux, un cadre de dialogue où l'on peut poser les problèmes et les régler.
Un autre fonds, dénommé Abc, est accessible au secteur privé et aux coopératives. Il permet d'aller vers cette industrialisation de la transformation des produits agricoles présentés à la Fiara. Le président du Cncr, Nadjirou Sall, indique que la crise de 2008 les a poussés à cette réflexion, sachant que la société civile a son mot à dire et occupe une place dans le milieu manquant.
Aida Diène