Publié le 15 Jun 2021 - 15:24
CONTREBANDE PHARMACEUTIQUE ET MEDICAMENTS DE LA RUE

Les jeunes pharmaciens du Sénégal veulent des industries nationales

 

Les jeunes pharmaciens du Sénégal ont organisé, ce week-end, des journées de réflexion sur l’avenir des jeunes qui se sont lancés dans ce domaine. Ils ont profité de l’occasion pour demander un accompagnement de l’Etat pour régler ce problème, mais également des sanctions à l’endroit des contrebandiers pharmaceutiques.

 

L’Union des jeunes pharmaciens du Sénégal (UJPS) a réuni ses membres, dans le cadre d’une activité dénommée ‘’Carrefour pharmacie’’, dont l’objectif est ‘’de parler de la situation pharmaceutique qui, de plus en plus, fait l’actualité médiatique. D’où l’intérêt de réunir tous les acteurs de la profession pour discuter de l’avenir du métier, parce que nous nous rendons de plus en plus compte que la profession est gagnée par le chômage et la précarité qui affectent les dernières générations de pharmaciens formés’’, a informé Falla Mané.

‘’Il y a des perspectives, parce que nous sommes très en retard comparés à d’autres pays comme ceux du Nord qui nous dépassent de très loin en termes de nombre de pharmaciens formés. Nous sommes aussi conscients qu’il y a des secteurs qui ne sont pas développés, principalement l’industrie pharmaceutique et d’autres secteurs’’, selon le président de l’UJPS.

 En effet, il n’y a pratiquement pas de Sénégalais ayant investi dans l’industrie pharmaceutique. Mais l’espoir est peut-être permis aujourd’hui. Car, il y a trois projets d’industrie qui sont en cours, a indiqué M. Mané. ‘’L’un est déjà concrétisé. Il y a d’autres qui appartiennent à des Sénégalais. Aujourd’hui, 90 % des médicaments qui sont utilisés sont importés et les quelques rares unités qui étaient disponibles au Sénégal appartenaient à des étrangers’’, fait remarquer le Dr Mané. C’est le cas de Médis. ‘’Lorsqu’il a fermé ses portes, on était confronté à des ruptures de certains médicaments qu’il produisait, d’où l’intérêt d’avoir une souveraineté en médicaments. Et pour cela, il faut que l’Etat accompagne les Sénégalais à disposer d’une unité de production qui peut permettre à des Sénégalais de disposer du médicament, mais également à lutter contre les fraudes sur le médicament’’.

Donc, le seul combat qui vaille est le développement d’une industrie pharmaceutique. Dans ce sens, ont suggéré les jeunes pharmaciens, l’Etat devrait accompagner les investisseurs, au plan fiscal, pour qu’il y ait une production locale qui puisse permettre à tous les Sénégalais d’acquérir des médicaments à des prix accessibles.

La marraine de ce conclave, Sokhna Diagne, est du même avis. ‘’Bien sûr que l’Etat devra accompagner dans la mise en œuvre, dans la facilitation pour les moyens financiers dont les pharmaciens ont tantôt besoin pour s’insérer. Pour créer une industrie pharmaceutique, il faut beaucoup d’argent. Pour une petite industrie, ça peut aller entre cinq et vingt milliards. Donc, ce sont des fonds extrêmement importants et l’Etat devrait pouvoir nous soutenir. Mais je pense quand même que la profession a les ressources, a l’intelligence, le leadership pour trouver des créneaux pour les jeunes pharmaciens, et nous comptons d’abord sur nous-mêmes avant de compter sur l’Etat’’.

Concernant la contrebande pharmaceutique et les médicaments de la rue, le président de l’UJPS se réjouit du travail de la douane dans ce cadre. ‘’Mais, indique-t-il, il n’y a pas à prendre quatre chemins. Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités. On connait l’origine de ces médicaments, on connait les marchés qui distribuent ces médicaments-là. Il faut fermer ces marchés, parce que nous les connaissons tous. Il faut juste avoir du courage pour endiguer ce phénomène, parce que c’est un problème de santé publique. Il n’y a rien d’autre à faire. On demande à l’Etat de prendre ses responsabilités, de sanctionner tous ces marchés parallèles du médicament’’.

IDRISSA AMINATA NIANG

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