Publié le 25 Jun 2021 - 21:33
VIOLENCES FAITES AUX ENFANTS

7 % de la mortalité infantile imputable aux traumatismes

 

Beaucoup d’enfants souffrent de traumatismes, à cause des violences dont ils ont été victimes. Une situation qui entraine la mort chez certains. Pour lutter contre cela, un référentiel a été élaboré et lancé hier par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.

 

Les violences constituent un problème de santé physique chez l’enfant. Au Sénégal, les traumatismes qui y sont liés sont aujourd’hui la deuxième cause de mortalité infantile, tout juste après la malnutrition. Il s’agit notamment des dommages physiques et psychologiques causés par un acte de violence. Pour lutter contre cela, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a confectionné un référentiel lancé hier.

 Dans notre pays, a souligné le directeur général de la Santé, 7 % de la mortalité infantile est imputable aux traumatismes. Selon le docteur Marie Khemess Ngom Ndiaye, des enquêtes menées dans la région de Dakar ont révélé que 25 % des enfants de moins de 15 ans sont victimes de violences physiques graves, soit environ 300 000 enfants. ‘’Les cas de violence sont relayés dans les médias ou dénoncés par la communauté, mais ne sont pas suffisamment documentés. Les données disponibles sont collectées de manière parcellaire et ne permettent pas de cerner l’ampleur du phénomène et ses causes profondes’’, a-t-elle expliqué.

Il est noté une insuffisance des services offerts aux victimes et un manque de coordination des activités de prévention. Ces problèmes identifiés dans la gestion de l’information et de la coordination des activités constituent, d’après le Dr Ngom, un frein à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation de stratégies efficaces pour lutter contre les traumatismes dus essentiellement aux accidents et aux actes de violence.  ‘’La prévention et la lutte contre les traumatismes dus à la violence ne peuvent être entreprises par un seul département ou institution dans un pays. Des actions concertées faisant appel aux différents secteurs qui œuvrent dans le domaine sont nécessaires pour une réussite des efforts’’, conseille-t-elle.

Faisant la présentation du référentiel, le docteur Binta Sène renseigne qu’en 2018, les traumatismes sont responsables pour 8 % des décès des enfants de moins de 5 ans. A l’échelle nationale, relève-t-elle, 3 % des filles de 15-17 ans interrogées dans le cadre de l’Enquête démographique et de santé (EDS) ont rapporté être victimes de violences sexuelles dans l’année écoulée. Soit 16 740 jeunes filles victimes dans l’année.

‘’Ces données sont probablement une sous-estimation du phénomène. Compte tenu du nombre de cas qui ne sont pas identifiés et rapportés. Cette situation représente un problème sérieux pour la santé actuelle et future des enfants et des familles’’.

Selon le Dr Sène, l’exposition à la violence au cours de l’enfance accroit les risques pour les victimes, tout au long de leur vie, de connaitre des problèmes de santé mentale. Mais aussi d’adopter des comportements dangereux pour leur santé, comme l’abus d’alcool et de drogues, le tabagisme et les rapports sexuels non-protégés. Egalement et surtout, ils vont souffrir de maladies chroniques telles que le cancer, le diabète et les cardiopathies ou des maladies infectieuses telles que l’infection au VIH. Ils peuvent rencontrer des difficultés d’apprentissage, d’insertion sociale et de la relation aux autres.

A son avis, la violence faite aux enfants alimente également le cycle de la violence interpersonnelle et intergénérationnelle. Le docteur Binta Sène précise que la maltraitance sur l’enfant provoque des conséquences à court et à long terme. ‘’Dans la majorité des situations de maltraitance, les conséquences sur le développement neurologique, cognitif et affectif dans le long terme sont en général plus importantes que les blessures physiques immédiates. Dans les cas extrêmes, la maltraitance des enfants peut mener à la mort. Les principales conséquences de ces maltraitances sont des blessures ou traumatismes qui peuvent être physiques, psychologiques et ou sexuels’’, relève-t-elle.

Par ailleurs, Habibatou Sybi du ministère de la Justice demande l’application des lois, car c’est à ce niveau que le bât blesse. ‘’Les Sénégalais doivent avoir l’habitude aussi de dénoncer les auteurs de ces actes de violence sur les enfants. Ce document est rassurant, mais si l’information n’est pas portée au niveau des autorités sanitaires et tant que loi de l’omerta continue à persister dans notre société, il y aura des enfants qui vont toujours souffrir. Nous devons travailler pour faire en sorte que ces cas de violence inacceptables et qui prennent de l’ampleur dans ce pays puissent être mis en termes’’.

Pour sa part, Silvia Danailov, représentante de l’Unicef et de l’OMS, a indiqué que ces chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg. Et derrière chacun d’entre eux, se trouve un garçon, une fille en souffrance. Elle pense que l’expérience de la violence dans l’enfance a un impact sur la santé et le bien-être tout au long de la vie. Elle augmente, dit-elle, les risques de maladie, soulève des problèmes de santé mentale, crève les capacités d’apprentissage et d’insertion sociale, et perpétue aussi le cycle de la violence d’une génération à l’autre. Elle constitue aussi, d’après Mme Danailov, un coût majeur pour les sociétés et les gouvernements. On estime à 7 000 milliards de dollars et 8 % du PIB mondial, le coût généré par la violence à l’encontre des enfants.

VIVIANE DIATTA

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