Des avis partagés
L’exécution des compatriotes sénégalais Djibril Ba et Tabara Samba par Yaya Jammeh, la suppression du Sénat et les inondations sont autant de questions sur lesquelles le président de la République s'est prononcé et qui ont suscité l'intérêt des Sénégalais. Les avis sont partagés.
Considéré comme une instance budgétivore et peu utile, la suppression du Sénat reçoit l'assentiment de la majorité des Dakarois. C'est le cas du vieux Madione Kassé, confortablement installé devant son magasin. Le commerçant trouve convenable cette ''conscience du devoir présente chez le président de la République qui décide de supprimer le sénat, pour verser l'argent dans des projets beaucoup plus utiles et urgents comme les inondations''. Une décision bienvenue, c'est aussi l'avis du comptable Thierno Tall. ''Il s'agit, selon lui, d'une instance qui n'a pas sa raison d’être, quand on considère l’actuel contexte et la situation dans laquelle se trouve le pays''.
Toutefois, l'étudiant Alioune Thiam estime que le malaise causé par les inondations ne doit pas servir de prétexte au Chef de l'État, pour divertir les Sénégalais avec la suppression du Sénat. Sa conviction est que ''consacrer le budget du Sénat aux inondations est une peine perdue''. Il considère qu'il ''est impossible d’éradiquer les inondations, car les zones sinistrées constituent des passages pour l'eau''. Il préconise de ''déloger les gens. D’où l'importance et la nécessité de construire des pôles d'attraction dans les régions et pousser les gens à quitter Dakar''.
''Macky Sall n'a pas à culpabiliser Yaya Jammeh''
Les Dakarois se sont également prononcés sur l'exécution des deux compatriotes sénégalais en terre gambienne. ''Dans un pays, les lois en vigueur s'appliquent à toutes les personnes qui y résident. Le président Macky Sall n'a pas à culpabiliser Yaya Jammeh, car il n'a pas tort d'appliquer les lois de son pays'', a laissé entendre le comptable Thierno Tall pour qui, résider dans un autre territoire pendant des années implique de prendre ses responsabilités, face aux lois qui y sont en vigueur ''Ce problème, poursuit-il, convoque la question de l'émigration que le Président doit affronter''.
Même son de cloche chez l'étudiant Alioune Thiam qui milite pour l'application de la peine de mort. 'La peine de mort sert à dissuader les esprits séduits par la violence. Si c'est cela l'esprit de la loi appliquée sur les Sénégalais, par le président Gambien, le Président Macky aurait tort de le blâmer'', déclare-t-il. Aussi l'étudiant estime-t-il que ''le Sénégal doit pouvoir aller dans le même sens''. ''On oublie, poursuit-il, que la dame exécutée a tué son mari. La loi du Talion est un principe religieux. La peine de mort doit exister dans tous les pays.''
Toutefois, ces avis sont controversés par d'autres positions. L'enseignant Abdoulahi Hadiya trouve cohérents la position et le discours du président de la République: ''C'est vrai, même l'Islam autorise la loi du Talion, mais on n'est pas certain que c'est cette loi coranique qui a inspiré Yaya Jammeh. Ce président n'est pas un modèle de droiture. Le président n'a pas tort de tenir un discours ferme sur ça'', dit-il.
Soxna FAYE