El Hadj Thiam meurt à la suite d’une luxation du rachis cervical

Bavure policière ou accident ? Cette question résume la situation dans laquelle vit la famille Thiam à Mbour, depuis le décès de leur fils âgé de 29 ans. Raflé par les éléments de la police centrale de Mbour, le 19 octobre dernier, le jeune El Hadj Thiam aurait reçu des coups entrainant des blessures qui lui ont coûté la vie. La famille exige une autopsie, avant de disposer du corps.
Tristesse et consternation habitent les cœurs dans la maison des Thiam, au quartier Zone résidentielle de Mbour. Les conditions du décès de leur fils et les évènements qui ont suivi ce drame plongent la famille dans une situation de confusion et d’impuissance totale. Khass Thiam, père de la victime, explique que la famille exige une autopsie, avant ‘’de prendre le corps de son fils pour pouvoir l’enterrer à Touba’’.
Mais pour cela, précise-t-il, ‘’nous voulons qu’une autopsie soit faite pour élucider les causes de la mort de mon fils’’.
Tout a démarré dans la nuit du 19 octobre, vers 23 h. Lors d’une rafle, les éléments de la police ont mis la main sur El Hadj Thiam aux alentours du ‘’Robinet Abdou Mané’’ jouxtant la route qui mène du marché central de Mbour vers l’hôpital de Grand-Mbour. Mais selon le père de la victime, l’opération ne s’est pas déroulée dans les règles d’usage.
En effet, raconte-t-il, ‘’après avoir pris son dîner, mon fils m'a dit qu'il allait retrouver des amis au ‘Robinet Abdou Mané’. Il ne souffrait de rien, en quittant la maison. Il a été raflé, par la suite, par les éléments de la police. Lors de l'opération, ils l'ont poursuivi, avant de le faucher et de lui asséner des coups de pied avec leurs bottes. Malgré les cris d’El Hadj qui leur disait qu'il était blessé, ils ont continué à le rouer de coups, même au niveau de la brigade. C'est par la suite que la police l'a acheminé à l'hôpital, dans une ambulance qu'elle a prise en charge, totalement, ainsi que les ordonnances’’.
A présent, le problème réside dans le refus de l’administration d’effectuer une autopsie sur la dépouille de la victime. ‘’Ils ont payé la radiographie. Après les résultats des analyses médicales, les médecins ont refusé de les donner. Ils ne veulent pas nous donner de preuve palpable. Ensuite, j'ai demandé une autopsie, mais les médecins ont catégoriquement refusé, me rétorquant que tout est clair. Que si nous voulons en savoir plus, il faut que j’aille voir le commissaire et le procureur pour qu'ils nous donnent des papiers, afin de venir prendre le corps de notre fils et aller l'enterrer à Touba’’, explique Khass Thiam.
Sa mère, Codou Guèye, soutient que, dans son lit d’hôpital, son enfant ne cessait de lui répéter que ce sont les policiers qui l’ont tabassé, malgré ses cris de douleur. ‘’J'ai trouvé deux policiers à son chevet à l'hôpital de Grand-Mbour. Ils m'ont expliqué que le cas d’El Hadj nécessitait qu'on le transfert à l'hôpital de Thiès. J'ai fait le voyage avec lui dans l'ambulance et c'est là qu'il m'a expliqué qu'il était avec un groupe de jeunes, quand les policiers les ont pourchassés. Les autres ont réussi à s'enfuir. Les policiers l'ont attrapé et ils lui ont donné plusieurs coups avec leurs chaussures. Arrivé au commissariat, les policiers lui ont encore donné des coups’’, insiste Mme Guèye.
Sentant une volonté des autorités de vouloir étouffer l’affaire, la famille Thiam a voulu prendre le taureau par les cornes et a déposé une plainte au tribunal de grande instance de Mbour. La requête a été déposée hier matin, sur la table du procureur. Depuis lors, nos tentatives de joindre le procureur sont restées vaines. Le commissaire, joint au téléphone, a dit être en congé, en ce moment.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)