Le monde au bord de l’implosion
La tension est montée d’un cran, ces 48 dernières heures, à la suite de la décision de Vladimir Poutine de reconnaitre les régions séparatistes de l’est de l’Ukraine et d’y envoyer des troupes russes. Américains et Européens sont sur le qui-vive.
‘’Le discours du président russe sonne comme un défi lancé au monde entier. C’est une déclaration de la 4e guerre mondiale. La menace est réelle. Nous comptons avant tout sur nous-mêmes pour nous défendre’’. Ces propos de l’ambassadeur d’Ukraine en France sur le plateau de BFM TV, hier, renseignent clairement sur la gravité de l’heure. La veille, le président russe, Vladimir Poutine, franchissait un pas important dans l’escalade notée depuis quelques semaines entre son pays et l’Occident, à travers le dossier ukrainien. Reconnaissant l’indépendance des républiques séparatistes de l’est de l’Ukraine, il a tout simplement donné instruction à son armée de se déployer dans ces régions indépendantistes (Donetsk et Lougansk) pour, dit-il, y maintenir la paix. Et ce n’est pas tout.
Le président russe en a remis une couche, hier, en menaçant ‘’de démilitariser’’ l’Ukraine. Pour lui, la meilleure solution pour mettre un terme à la crise autour de l'Ukraine, serait que Kiev renonce à son désir de rejoindre l'Otan.
Du côté de Kiev, on invoque ‘’une violation de sa souveraineté et de l’intégrité territoriale’’ de l’Ukraine. Pour l’ambassadeur ukrainien Vadym Omelchenko, la Russie n’a fait qu’assumer ce qui était sa position depuis longtemps. ‘’Cette nuit (21 au 22), peste le diplomate, ce que nous qualifions d’invasion a commencé. Les troupes russes sont déjà sur le territoire ukrainien. D’ailleurs, elles y étaient présentes depuis longtemps. Aujourd’hui, les masques sont tombés et chaque balle qui va partir de l’autre côté, nous comprenons que cela vient de l’armée régulière russe’’.
A la question de savoir quelle est la ligne rouge qui pourrait déclencher la guerre, Vadym Omelchenko rétorque : ‘’Aujourd’hui, il y a une zone de contact et la frontière qui traverse cette zone de contact. S’ils traversent cette ligne, cela voudrait signifier une invasion massive sur les territoires administratifs de ces régions. Nous n’avons pas de doute que cela arrivera. Leur objectif, c’est d’abord Marioupol, pour se frayer un passage terrestre vers la Crimée. C’est leur rêve depuis longtemps. Et cela voudra dire que l’invasion massive a commencé.’’
Adhésion à l’Otan, le nœud du problème
Pendant que Poutine pose comme condition à la désescalade la renonciation par l’Ukraine à l’adhésion à l’Otan, Kiev persiste dans sa volonté d’intégrer l’Union européenne et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord.
Même s’ils n’ont, pour le moment, pas décidé d’envoyer des troupes se battre avec les Russes, Américains et Européens n’ont eu de cesse de brandir des menaces de sanctions économiques pour dissuader la Russie de passer à une ‘’invasion’’. Depuis hier, les sanctions ne cessent de pleuvoir, suite à la décision russe d’envoyer des troupes sur le territoire ukrainien.
Au sortir d’un Conseil d’urgence des ministres européens des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borell, a évoqué un ‘’train de sanctions qui aura des répercussions délétères sur la Russie’’. Les pays européens, annonce-t-il, se sont accordés pour sanctionner les individus et entités qui jouent un rôle pour saper l’intégrité de l’Ukraine.
Selon ses termes, il s’agit de ‘’décideurs politiques’’, ‘’d’individus qui œuvrent pour l’invasion et la déstabilisation de l’Ukraine’’.
Selon le chef de la diplomatie européenne, les sanctions prises par l’Union européenne visent aussi des banques qui financent les décideurs russes et les opérations en Ukraine. Josep Borell a ainsi tenu à renouveler le soutien européen à Kiev. Il a annoncé, par ailleurs, que ‘’les efforts diplomatiques vont se poursuivre pour éviter la guerre en plein cœur de l’Europe’’.
Biden : ‘’Les Etats-Unis et leurs alliés défendront chaque centimètre du territoire de l’Otan’’
A l’instar des européens, les Etats-Unis n’ont pas non plus tardé à monter au créneau pour prendre des sanctions à l’encontre de Moscou. Dans son adresse à la communauté internationale hier, Joe Biden a évoqué ‘’quatre types de sanction sur deux institutions financières. Il a parlé ‘’des sanctions sur la dette souveraine russe’’, des sanctions contre des ‘’dirigeants et à leurs familles…’’. Le président des Etats-Unis précise : ‘’Nous enlevons la Russie des financements occidentaux. Ils ne peuvent plus lever des sanctions à l’Ouest. Ils peuvent non plus commercer avec ces marchés. A partir de demain et les jours suivants, nous allons voir les sanctions qui vont s’appliquer aux dirigeants et à leurs familles.’’
Outre ces sanctions économiques, les Occidentaux ont également contribué à l’armement de l’Ukraine, pour lui permettre de se défendre face à l’invasion russe. Certains comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne l’ont fait publiquement, tandis que d’autres arment l’Ukraine de manière silencieuse.
Si, pour le moment, les tensions semblent se cristalliser autour de l’Ukraine, le spectre d’une guerre mondiale taraude bien des esprits. Joe Biden, qui parle d’un ‘’début d’invasion’’, précise : ‘’Nous allons essayer de rassurer nos alliés de l’Otan, en renforçant nos troupes. Ce sont des mouvements purement défensifs de notre part. Nous n’avons aucune intention de combattre la Russie. Nous voulons simplement envoyer un message clair. Les Etats-Unis et leurs alliés défendront chaque centimètre du territoire de l’Otan, conformément à nos engagements’’.
MOR AMAR