Les travailleurs haussent le ton
Les travailleurs de l'Intersyndicale de la Sen’Eau ont durci le ton, ce mardi, lors de leur assemblée générale. Ils sont toujours déterminés à faire entendre raison à leur direction générale.
Même la pluie n'a pu briser l'élan des travailleurs de la Sen’Eau venus réclamer de meilleures conditions de travail auprès de leurs employeurs. En effet, des pancartes avec des messages de contestation, des brassards rouges n'ont pas manqué de donner des précisions sur cette guéguerre entre les deux parties. "Nous avons appelé la direction générale à la table des négociations. Nous avons fait des propositions pour que la situation s'améliore. Mais grande a été notre surprise, quand nous avons remarqué que nos interlocuteurs, eux, n'avaient nullement l'intention d'aller vers une sortie de crise. Le simple fait qu'ils nous aient déclaré qu'ils ne pouvaient rien pour nous témoigne de leur incompétence et de leur inertie face à cette situation que nous vivons", expose Oumar Ba, porte-parole de l'Intersyndicale.
Ce dernier en a profité pour annoncer la suite de leur plan d'action qui consiste en la tenue d’une marche prévue le vendredi 2 septembre, à la place de la Nation servant de point de départ. Il en a profité pour revenir sur les points essentiels de leurs revendications. ‘’Sur notre plateforme revendicative, figure une augmentation de 40 % des salaires, la hausse de la prime de logement, la gestion équitable des promotions internes. Je tiens à signaler que tous ces vœux ne relèvent pas de l'impossible ; le problème de trésorerie n'est qu'une poudre aux yeux, si l'on sait que KMS3 a injecté des capitaux substantiels dans les caisses de la direction. Il faut juste un partage équitable des richesses. Encore un autre point très important : nous voudrions avoir un représentant permanent au Conseil d'administration de l'entreprise", précise M. Ba.
Face à cette tension qui augmente de jour en jour, M. Ba a souhaité l'arbitrage du gouvernement. "Nous interpellons l'État. Il est temps qu'il agisse, avant que la situation n'atteigne des considérations fâcheuses. En outre, nous exigeons une révision du contrat entre le gouvernement et Suez, la maison mère. Plus important encore, il est temps que l'on nationalise la structure, l'expertise est là, les infrastructures également. Pourquoi continuons-nous à subir cette exploitation d'une minorité qui, à chaque fois que l'occasion se présente, s'empresse de partir avec ses bénéfices !", a renchéri le porte-parole.
GMS : ‘’Plus de 400 travailleurs sont en situation de stage’’
Guy Marius Sagna de Frapp/France dégage est aussi venu prêter main-forte aux travailleurs de la Sen’Eau. Selon le député, cette situation était prévisible, car Suez aurait "corrompu" l'État du Sénégal pour acquérir le marché. "C'est un peu regrettable de le constater, mais nous avions vu venir. Nous savons tous comment Suez a gagné le contrat d'exploitation. Le ministre de l'Hydraulique de l'époque, en l'occurrence Mansour Faye, a été juste soudoyé par l'entreprise française", accuse le parlementaire.
Il a par ailleurs assuré qu'il sera présent à la marche du vendredi et a mis en garde contre toute tentative de son interdiction. "Interdire la manifestation, affirme-t-il, signifierait tout simplement que l'État est complice et fait d'abord passer les intérêts étrangers au détriment de ceux des nationaux".
Comme à son habitude, GMS a encore fait sienne cette lutte, en se comportant comme un vrai avocat des travailleurs de la Sen’Eau. "Nous assistons à une précarisation des travailleurs de Sen’Eau avec des ponctions sur les salaires qui avoisinent les 70 %. C'est juste intenable, surtout en cette période de hausse généralisée des prix des denrées de première nécessité. En sus, dans la boîte, plus de 400 travailleurs sont en situation de stage. La direction refuse tout bonnement de changer leur situation. C'est l'unique explication, pour ainsi les maintenir dans la précarité et engranger, en contrepartie, plus de richesses", dénonce M. Sagna.
Pour Ibrahima Guèye, SG adjoint de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal (CSA), les employés doivent aller au bout de leur bras de fer avec Suez, car, dit-il, au-delà des revendications pécuniaires, c'est la "souveraineté du pays" qui serait en jeu. Dans un souci d'efficacité, il a mis sur la table une idée pour réunir tous les syndicats en ébullition pour faire pencher le rapport de force en leur faveur. "La CSA va démarcher tous les secteurs en lutte pour créer un gigantesque front du refus, un front pour obliger les employeurs à écouter leurs employés. Nous devons imposer le rapport de force et triompher. Et notre victoire ne pourrait être assurée que si nous réussissions la jonction des syndicats", a proposé M. Guèye.
MAMADOU DIOP (STAGIAIRE)