Le ministre de la Justice réplique
Dans un communiqué publié le 8 août 2023, le bâtonnier de l'Ordre des avocats du Sénégal a réagi aux propos du garde des Sceaux, ministre de la Justice, relativement à la procédure engagée contre un avocat.
Selon le communiqué, le bâtonnier semble indiquer que la démarche initiée par le procureur général méconnaît la formalité de la consultation prévue par l'alinéa 2 de l'article 6 du Règlement n°05/CM/UEMOA du 25 septembre 2014 relatif à l'harmonisation des règles régissant la profession d'avocat dans l'espace UEMOA.
"Dans le cas d'espèce, il convient de préciser que par une lettre du 3 août 2023, le procureur général a bien saisi le bâtonnier, l'avisant qu'il «entend» ordonner l'ouverture d'une enquête contre un avocat à la cour pour des faits susceptibles d'être qualifiés de recel de malfaiteurs. La teneur de cette lettre laisse apparaître la réalisation des exigences posées par l'alinéa 2 de l'article 6 du Règlement de l'UEMOA. Premièrement, le procureur général, en indiquant que «son parquet général entend ordonner l'ouverture d'une enquête...», a invité le bâtonnier à lui donner son avis sur la procédure envisagée.
Par conséquent, le procureur général a bien consulté le bâtonnier à travers cette lettre. Deuxièmement, le procureur général a précisé dans sa lettre les faits reprochés à l'avocat susceptibles d'être qualifiés de recel de malfaiteurs. Troisièmement, le procureur général a adressé la lettre le 3 août 2023 en laissant ainsi au bâtonnier un délai pour répondre. Ce n'est que le 4 août 2023, après un délai de 24 heures, sans réponse du bâtonnier, que le procureur général s'est résolu à engager des poursuites", lit-on dans le document.
Par conséquent, d'après la même source, le procureur général a respecté les conditions posées par l'article 6 précisé par l'avis n°02/2020 du 7 juillet 2020 de la Cour de justice de l'UEMOA.
"Il convient de préciser que la réponse du bâtonnier à la consultation ne lie pas le procureur général. Il s'y ajoute que de tout temps, le bâtonnier a été consulté dans les mêmes formes. Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique pénale conformément à ses attributions, veille scrupuleusement à la bonne administration du service public de la justice. Il entend rassurer le Conseil de l'ordre des avocats qu'il ne s'agit nullement de s'ériger en un sanctionnateur des avocats ayant manqué à leurs obligations déontologiques, mais de rappeler les règles et principes gouvernant la fonction noble de l'avocat dans une démocratie. En même temps, le garde des Sceaux est soucieux de la préservation de la liberté, de l'indépendance des avocats dans l'exercice de leur profession, ainsi que leur immunité de parole et d'écrit garantie par la législation nationale et communautaire'’, indique-t-on dans le document.