Le procureur évoque "un pacte de corruption"
Lors d'une conférence de presse organisée lundi à Montpellier, le procureur de la République, Brice Robin, a indiqué qu'il existait "de très fortes suspicions de non-respect de l'éthique sportive à l'occasion de ce match litigieux" dans l'enquête sur le match de handball Cesson-Montpellier du 12 mai. Il ne fait pas de doute pour le magistrat que contrairement à la défense des joueurs incriminés, "ce match a été arrangé".
Il a indiqué que la totalité des gains perçus par les joueurs et les personnes placées en garde à vue s'élevait à 252 880 euros.
En préambule, le procureur a affirmé avoir "refusé de croire", au premier abord, "que des joueurs aussi talentueux aient pu se livrer à de tels actes".
Brice Robin a cité plusieurs éléments de l'enquête. Le gérant d'un bar du nord de Montpellier a reconnu avoir parié lui-même 15 400 euros sur la défaite de Montpellier dans son propre bar et 10 500 euros dans un bar voisin. "Fallait-il qu'il soit très sûr de lui pour engager de telles sommes. Et curieusement, il connaissait personnellement l'un des joueurs sur la feuille de match, Dragan Gajic. Le gérant de ce bar avait mis à disposition un téléphone portable à disposition de Dragan Gajic."
"CES PERSONNES ONT AGI EN GROUPE"
La star de l'équipe Nikola Karabatic a "retiré 1500 euros et sa compagne a parié pour lui", selon le procureur. La compagne de son frère, Luka Karabatic, Jennifer Priez, serait venue, elle, parier une importanbte somme d'argent le 12 mai à 9 h 40. Le procureur a indiqué que les deux compagnes des frères Karabatic seraient les premières personnes présentées mardi au magistrat instructeur. Des joueurs actuellement entendus seront aussi déférés mais le magistrat n'a pas encore précisé lesquels.
Un parieur, élève en kinésithérapie, aurait, lui, parié en banlieue parisienne 7 000 euros. "Cette personne a indiqué qu'il faisait partie d'un groupe d'amis qui allait parier ensemble sur la défaite de Montpellier, ce qui tend à montrer que ces personnes ont agi en groupe."
"Il y a eu un pacte de corruption", a commenté le procureur de la République de Montpellier. "Des liens très étroits ont été tissées entre les joueurs et leurs parieurs. Pour ceux qui doutaient d'un pacte de corruption, il y a matière à se poser des questions très légitimes", a souligné M. Robin.
"Peut-on jouer normalement un match quand on a engagé personnellement des sommes aussi importantes et quand on sait qu'on a parié la défaite de son club ?", s'est interrogé le procureur, emettant de nombreux doutes sur l'engagement des joueurs montpellierains, le 12 mai, contre Cesson. L'entraîneur du club breton aurait, selon M. Robin, abondé dans ce sens, en qualifiant la prestation d'ensemble de "piètre".
" Je trouve affligeant que des personnes qui ont gagné des titres aussi exceptionnels que ceux de champions olympiques et champions du monde puissent se laisser aller à de telles errements ", a commenté le procureur à la fin de son intervention, tout en précisant qu'il fallait "distinguer le comportement de certains joueurs et celui du club, qui est exemplaire depuis 30 ans ".
Le Monde.fr