Abdourahmane Sarr mise sur un projet de souveraineté économique
Hier, le ministre sortant Mamadou Moustapha Ba a transmis le flambeau à son successeur Abdourahmane Sarr. Le nouveau ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération s’engage à mettre des actions devant aboutir à une souveraineté économique. Monsieur Sarr entend faire du secteur privé un acteur clé de cette souveraineté. Lors de la cérémonie de passation de service, il a également évoqué la politique monétaire du Sénégal dans l’espace UEMOA.
Sur le plan économique, les réalisations du Sénégal serviront de base vers un nouveau cap. Néanmoins, pour arriver à ces réalisations, il a fallu accélérer notre endettement en devises ainsi que pour faire face à des chocs extérieurs, d’après le nouveau ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération. Abdourahmane Sarr n’a pas manqué de féliciter son prédécesseur Mamadou Moustapha Ba.
‘’Cet endettement a, dans une certaine mesure, réduit notre souveraineté économique. De ce fait, nous renforcerons la coopération bilatérale et multilatérale tout en ayant comme objectif de nous libérer des liens de dépendance dans nos politiques publiques’’, a soutenu Abdourahmane Sarr lors de la cérémonie de passation de service qui s’est tenue hier. Il entend traduire ‘’le projet de souveraineté en des actes concrets de rupture’’.
Dans ce dessein, il faudra, avec les ‘’collègues’’ des Finances, affirmer un leadership devant faciliter la réforme du secteur public par une meilleure évaluation des dépenses en soutien à l’économie, d'après lui. Il s’agira aussi de construire des consensus sur les mesures nécessaires aussi bien sur les recettes, les dépenses et la dette afin d’atteindre les objectifs politiques assignés, tout en préservant des finances publiques saines et soutenables. L’objectif principal assigné, souligne le ministre, est d’avoir les moyens de financer des biens et services publics de qualité au bénéfice des populations, notamment les plus vulnérables, pour qu’elles puissent prendre leur destin en main. Prendre leur destin en main avec un secteur privé fort, car soutenu par un État fort.
‘’Il s’agira de faire de notre secteur privé formel ou informel et de chaque Sénégalais des acteurs clés d’un Sénégal souverain avec l’appui d’un État fort et crédible. Un État fort et crédible, c’est un État avec un cadre macroéconomique solide et des marges de manœuvre disponibles pour soutenir le secteur privé et faire face aux chocs dans un monde incertain. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons progressivement nous libérer des liens de la dépendance extérieure, yewwi Sénégal’’, a indiqué Abdourahmane Sarr.
Il semble conscient que le secteur privé et les populations ne pourront pas prendre leur destin en main et réaliser la souveraineté économique du Sénégal, s’ils ne sont pas financièrement inclus. À ses yeux, être financièrement inclus, c’est avoir accès au crédit ou à des ressources financières permettant de réaliser son projet ou de développer son entreprise. ‘’Sous le leadership des ministères de l’Économie et des Finances, ensemble, nous nous attèlerons à lever les obstacles à cette inclusion financière. L’État fort aux finances publiques soutenables et aux marges de manœuvre certaines, accompagnera et trouvera les partenaires nécessaires pour soutenir nos entreprises capitalisant sur nos propres instruments financiers’’, a promis le ministre.
Décentralisation de l’action publique, hub financier, politique monétaire
Pour Abdourahmane Sarr, découvrir les contraintes des entreprises là où elles opèrent et leur trouver les bons partenaires nécessite une décentralisation de l’action publique, non seulement dans la découverte des problèmes, mais également des solutions et des mécanismes de leur mise en œuvre ‘’Yewwi les territoires’’.
Le ministre annonce que la planification du développement à financer se fera également à l’échelle de pôles régionaux afin de bâtir des consensus locaux avec les acteurs des secteurs pertinents à soutenir.
À l’en croire, c’est de cette manière qu’on pourra stimuler l’initiative privée, la production et l’emploi, le commerce et les échanges, le tout dans la liberté économique et un environnement des affaires attractif, sous ‘’l’œil vigilant’’ de l'État. ‘’Qui dit financement, dit marché financier, monnaie, gestion monétaire et Fintech. Le Sénégal a l’ambition d’approfondir son secteur financier et d’élargir la gamme de produits disponibles pour le financement des entreprises et des projets’’, a dit M. Sarr. ‘’Le Sénégal peut devenir un hub financier de référence en Afrique de l’Ouest. Le futur de la finance et de l’inclusion financière, c’est également la digitalisation et la promotion de Fintechs. Les ministères de l’Économie et des Finances, ensemble, évalueront l’apport des Fintechs au financement de l’économie’’, a-t-il ajouté.
Une occasion pour Abdourahmane Sarr de souligner que le Sénégal fait partie de l’UEMOA qui est une expérience d’intégration financière et monétaire qu’il convient de consolider pour accompagner les économies.
Cependant, dit-il, ‘’nous ne pourrons pas développer et approfondir notre marché financier sans une politique monétaire plus active qui a un rôle à jouer dans l’avènement de marchés financiers profonds’’.
Selon le ministre, ‘’la flexibilisation de notre régime de change contribuerait à dynamiser le secteur financier de l’union par une politique monétaire plus active en soutien à l’économie. Cette flexibilisation permettra également à notre zone monétaire d’avoir moins recours au financement en devises étrangères et aux ajustements budgétaires face aux chocs extérieurs. Enfin, la flexibilisation de notre régime de change aiderait nos pays à préserver la compétitivité de nos entreprises face à la concurrence extérieure’’.
Toujours d’après M. Sarr, tout ceci contribuera à permettre au Sénégal d’atteindre l’objectif assigné par le président de la République : ‘’Promouvoir une substitution efficiente des importations et la promotion des exportations, le tout dans une économie ouverte aux marchés régional et international.’’ Dans cette perspective, le ministre renseigne que le Sénégal, à travers les ministères de l’Économie et des Finances, engagera un dialogue avec ses partenaires de l’UEMOA sur les réformes consensuelles à mettre en œuvre pour réaliser l’autonomie monétaire de la BCEAO dans le respect des souverainetés des États.
BABACAR SY SEYE