Les commandements d’Ousmane Sonko
Dans une note confidentielle adressée aux ministres de son gouvernement, le 19 juin dernier, Ousmane Sonko a émis un certain nombre de recommandations visant à rationaliser les dépenses publiques et à lutter contre la gabegie au sommet de l’État. Cette volonté de normalisation vise à dégager des marges budgétaires pour financer les axes prioritaires du Projet.
Dans sa volonté d’œuvrer pour une gouvernance sobre et vertueuse, le duo Diomaye-Sonko entend mettre en œuvre un programme drastique de rationalisation des finances publiques.
Dans cette optique, le Premier ministre Ousmane Sonko, dans une circulaire confidentielle datant du 19 juin 2024 dont ‘’EnQuête’’ détient une copie, demande à ses ministres de ‘’procéder, pour l’exercice 2024, à la revue exhaustive des marchés inscrits dans les plans de passation des marchés (PPM) dans vos départements aussi bien au niveau des administrations centrales qu’au niveau des organismes publics placés sous votre tutelle’’.
Ce travail, d’après l’ancien maire de Ziguinchor, devient plus qu’urgent, dans la mesure où l’État dispose de marges de manœuvre très réduites pour l’exercice de l’année 2024 à mesure de l’exécution de la loi de finances initiale (LFI) et qu’une grande partie des dépenses projetées dans la LFI 2024 ne correspondent pas à leurs priorités, renseigne la note.
Toutes ces démarches seront consignées dans la loi de finances rectificative (LFR) qui sera soumise au Parlement, après le discours de politique générale (DPG) d’Ousmane Sonko avec comme but ultime de financer les axes prioritaires de l’action gouvernementale pour l’année 2024, précise le leader de Pastef.
Dans cette même dynamique, le PM avertit les membres de son gouvernement que les marchés et contrats qui ne correspondent pas aux priorités du nouveau régime seront annulés ou différés et redimensionnés.
De ce fait, il a été rappelé aux divers ministères de faire un état récapitulatif des offres spontanées et des contrats de partenariat public-privé gérés par le ministère ou une structure sous la tutelle du ministère en cours de négociation ou conclu entre le 1er janvier 2023 et la date de cette présente instruction (19 juin), rapporte la lettre d’Ousmane Sonko.
LFI pour 2025 soumise à l’Assemblée nationale en octobre 2024
Selon l’ancien des impôts et domaines, les gains budgétaires issus de ces réformes serviront à financer de nouvelles dépenses et à faire baisser les tensions sur les finances publiques.
En outre, les ministres sont encouragés à veiller aux recrutements et aux contrats lors de la validation des budgets des structures rattachées à leur département en tenant compte des impératifs d’équilibre et de soutenabilité budgétaires.
Il s’agit donc, pour le nouveau régime, de prendre en compte les nouvelles orientations de la gouvernance Sonko-Diomaye concernant les nouvelles dépenses prioritaires pour le régime : santé, agriculture, éducation, lutte contre la cherté de la vie, entre autres.
Ousmane Sonko précise aussi que la loi de finances initiale (LFI) pour 2025 sera soumise à l’Assemblée nationale au mois d’octobre prochain sous la forme de la technique de la budgétisation à base zéro. ‘’Cette démarche progressive de budgétisation vise à repenser chaque dépense en évitant toute reconduction des mêmes dépenses ajustées et leur adjoignant de nouvelles dépenses quasi similaires dans leur nature’’, explique-t-il.
Concernant les programmes d’emploi des jeunes, les ministres sont encouragés à procéder à un audit physique des personnels ainsi que des contrats d’embauche.
Une centrale d’achat pour optimiser la commande publique et les investissements
Poursuivant son propos, le Premier ministre appelle aussi chaque ministère ‘’à procéder sans délai au travail de revue critique de ses dépenses afin de repérer celles qui sont inutiles, excessives ou peu efficientes’’, dit-il.
Dans cette dynamique d’aller vers plus de sobriété et d’économie dans l’action gouvernementale, le chef du gouvernement entend aussi mettre en place une centrale d’achat chargée de couvrir l’essentiel de ses charges de fonctionnement ainsi que certains de ses besoins d’investissement au meilleur rapport qualité-coût et en profitant des économies d’échelle.
Toujours selon le Premier ministre, les grands commis de l’État seront aussi appelés à ‘’identifier et stabiliser les dépenses incompressibles d’acquisition de biens de service ainsi que celles d’investissements découlant d’engagements internationaux et revêtant un caractère sensible et dont tout retard dans la mise en œuvre pourra causer un préjudice ou des nuisances à nos compatriotes’’, indique-t-il dans la note.
La suspension des marchés qui ne répondent pas aux critères mentionnés supra et à l’audit de fond sur leur opportunité et leur pertinence, fait aussi partie de cette volonté de rationalisation des dépenses publiques.
MAMADOU MAKHFOUSE NGOM