Publié le 3 Jul 2024 - 17:18
RÉÉLECTION CONTESTÉE DE GHAZOUANI

La Mauritanie plongée dans l'obscurité numérique

 

La Mauritanie traverse une période de turbulences politiques, après l’annonce de la réélection du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Dans ce contexte, l’accès à l’Internet mobile a été coupé dans la capitale Nouakchott, rappelant les événements similaires survenus lors de l’élection de 2019. À l’heure actuelle, plusieurs candidats et des chefs d’État (Bassirou Diomaye Faye et Emballo) ont félicité le président sortant.

 

L’Internet des données mobiles est coupé depuis la nuit dernière à Nouakchott, une décision non expliquée par les autorités, mais qui semble être une réponse aux manifestations qui ont éclaté après l’annonce des résultats provisoires. Ces résultats ont donné une large victoire à Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani dès le premier tour de l’élection présidentielle de samedi dernier. La Commission électorale nationale a déclaré lundi M. Ghazouani vainqueur de l'élection avec 56,12 % des voix. Ces résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel.

Des témoins ont rapporté des échauffourées dans certains quartiers populaires de la capitale, sans toutefois préciser l’étendue des troubles. Malgré ces incidents, le calme est revenu mardi à Nouakchott, où les commerces ont rouvert et la population vaque à ses occupations quotidiennes.

Biram Dah Abeid, principal candidat d’opposition et arrivé en deuxième position, selon les résultats officiels, a dénoncé des fraudes massives et a menacé de mener des manifestations pacifiques. Il a déclaré qu’il attendait la compilation des résultats par ses propres équipes avant de prendre une décision définitive sur la suite des événements.

Monsieur Abeid a affirmé qu'il était le véritable vainqueur. Les résultats provisoires étaient un "coup d'État électoral" visant à aider Ghazouani, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse dimanche. Il a accusé la commission électorale d'avoir frauduleusement accordé à Ghazouni des milliers de voix "sorties de nulle part".

Quelques heures plus tard, depuis son domicile de Riadh, une banlieue pauvre de la capitale mauritanienne, il a appelé à la désobéissance civile contre le gouvernement et a demandé à l'armée et aux forces de sécurité de ne pas "accepter d'être utilisées par le gouvernement contre le peuple".

"La bataille n'est pas terminée, nous ne sommes pas vaincus", a-t-il déclaré. "Le peuple n'est pas vaincu et ne sera pas vaincu, nous sommes là pour défendre le peuple jusqu'à la dernière goutte de sang’’.

Cette contestation rappelle celle de 2019, où des manifestations violentes avaient éclaté après l’annonce de la victoire de Ghazouani. À cette époque, des opposants et des ressortissants de pays voisins avaient été arrêtés et l’accès à Internet avait été coupé pendant une dizaine de jours.

Violences et répressions

Le climat politique tendu a été marqué par des violences, notamment dans la ville de Kaédi, située dans la vallée du fleuve Sénégal. La nuit de lundi à mardi a été le théâtre d’actes de pillage et de vandalisme. Les forces de sécurité ont dû intervenir pour réprimer les ‘’émeutiers’’, conduisant à plusieurs arrestations.

Malheureusement, trois personnes arrêtées sont décédées : deux en détention et une troisième à l’hôpital. Le ministère de l’Intérieur n’a fourni aucune précision sur les circonstances de ces décès, indiquant simplement que les émeutiers avaient été placés en détention tard dans la nuit en raison de la gravité de la situation et du nombre élevé de manifestants. Le communiqué officiel n’a pas mentionné de motivations politiques derrière ces troubles, bien qu’ils soient survenus dans un contexte de contestation électorale.

Par ailleurs, deux membres des forces de sécurité ont été gravement blessés, dont un a été admis en soins intensifs, a indiqué le ministère.

La coupure de l’Internet mobile n’est pas un phénomène nouveau en Mauritanie.

En effet, cette méthode est devenue courante dans le monde, utilisée par les gouvernements pour tenter de contrôler les protestations. En 2019, après la première élection de Ghazouani, le pays avait déjà connu des coupures similaires, parallèlement à des arrestations massives d’opposants et de ressortissants étrangers accusés de participation aux manifestations.

La situation actuelle

À Nouakchott, malgré le calme apparent de la journée de mardi, la tension reste palpable. Les commerces ont rouvert et la vie semble avoir repris son cours normal, mais l’incertitude persiste. Les autorités continuent de surveiller la situation de près, tandis que les partisans de l’opposition attendent les prochaines étapes. Biram Dah Abeid et ses partisans semblent déterminés à contester les résultats, mettant en avant les allégations de fraudes et la nécessité de réformes démocratiques.

La situation en Mauritanie soulève des questions importantes sur la stabilité politique du pays. Les contestations électorales, les coupures de l’Internet et les violences postélectorales montrent une population divisée et un gouvernement prêt à prendre des mesures drastiques pour maintenir le contrôle.

Si ces résultats sont confirmés, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, militaire de carrière de 67 ans élu une première fois en 2019, dirigera cinq ans de plus ce vaste pays désertique à la charnière entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne, espace de stabilité dans un Sahel troublé par le djihadisme et les coups d'État, et futur producteur de gaz.

Ce pays de 4,9 millions d'habitants n'a plus connu d'attaque djihadiste sur son sol depuis 2011, alors qu'elles abondent au Mali voisin et ailleurs au Sahel.

Pour rappel, près de deux millions de Mauritaniens étaient appelés aux urnes samedi dernier pour élire un président de la République parmi sept candidats.

Le taux de participation est estimé de 55, 26 % par la Ceni.

Amadou Camara Gueye

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