Le préfet furieux contre les commerçants ‘’spectateurs’’
Cinq sites dans les communes de Matam et de Ourossogui ont fait l’objet d’assainissement, dans le cadre de la 2e édition de la Journée nationale ‘’Setal Sunu Réew’’ de ce premier samedi du mois de juillet. Le préfet de Matam, qui a supervisé les activités, a déploré l'absence des maires et l’inaction des commerçants de Ourossogui, avant de menacer de fermer le marché à la 3e édition, pour les obliger à participer au nettoiement de la collectivité.
Le Premier ministre Ousmane Sonko était dans la ville tricentenaire pour lancer la 2e journée de ‘’Setal Sunu Réew’’. À quelques centaines de kilomètres, à Matam, c’est le préfet du département, Souleymane Ndiaye, en l'absence du gouverneur, qui a supervisé les activités d’assainissement. Pour cette 2e édition, cinq sites étaient retenus pour faire l’objet de nettoyage. À Ourossogui, c’est l’antenne de la RTS qui a mobilisé beaucoup d’énergie à cause de la quantité d'immondices trouvée sur place. Cet espace, non encore occupé, abritait le dépotoir sauvage des riverains qui, faute d’alternatives, y déversaient leurs ordures.
Le préfet a profité de cette occasion pour exhorter le maire Moussa Bocar Thiam à trouver au plus vite un espace adéquat qui servirait de dépotoir d’ordures. ‘’Nous avons fait le site de l’antenne de la RTS sise à Ourossogui et là, je voudrais interpeller la collectivité territoriale, c’est-à-dire le maire de Ourossogui à trouver un dépotoir régulier pour permettre aux populations et aux sociétés de gestion des déchets de pouvoir déposer des ordures quelque part et permettre même de traiter ces ordures au lieu que les populations se choisissent des dépotoirs sauvages’’, déclare le chef de l’exécutif départemental.
Les maires encore aux abonnés absents
Pour la deuxième fois consécutive, les maires de Matam et de Ourossogui ne se sont pas présentés aux côtés des autorités administratives pour marquer la journée du nettoyage décrété par le chef de l’État. Une absence qui n'est pas du goût du préfet. ‘’Ce n’est pas un problème de communication (qui justifierait leur absence) parce que nous organisons une réunion préparatoire avec tous les acteurs qui sont conviés. Donc, celui qui ne veut pas participer, c’est parce qu’il ne veut pas participer, s'emporte le préfet. En plus, nous envoyons des messages, des lettres de rappel et de demande de mise à disposition de personnel et de matériel des collectivités territoriales pour réussir cette journée. Seulement, tout ce qu’on peut dire, ils ont participé par la mise à disposition de ce matériel et de ce personnel, mais malheureusement ils ne sont pas venus accompagner l’autorité’’, fait-il constater.
Mais pour Siré Mamoudou Dia, conseiller municipal, le maire de Ourossogui a activement participé au ‘’Setal Sunu Réew’’. ‘’La mairie de Ourossogui a bien participé aux activités à travers la mise à disposition du matériel et des ressources humaines. Vous avez vu, sur place, que la mairie a mobilisé des équipes de jeunes, le secrétaire municipal était aux côtés du préfet sur tous les sites. Maintenant, le maire n'est pas présent, parce qu’il est retenu ailleurs, mais je ne crois pas que sa présence soit indispensable’’, soutient celui qui a été intendant du lycée de Seddo, dans la commune de Nabadji Civol.
Au dépotoir sauvage, les autorités ont pu compter sur la forte mobilisation du Mouvement national des artisans patriotes du Sénégal (Monap) pour venir à bout des ordures. Avec les éléments des forces de défense et de sécurité, une bonne partie de la surface a pu être nettoyée, même si le manque de logistique a ralenti les volontaires. ‘’Nous saluons l’engagement dont ont fait montre les populations de Ourossogui en venant en masse participer à cette activité de ‘Setal Sunu Réew’. Il y avait une centaine de personnes, mais malheureusement le matériel n’était pas suffisant. Certains travaillaient au moment où d’autres étaient obligés d'attendre parce qu’il n’y a pas d’outils’’, constate le coordonnateur national du Monap, Babacar Barro.
Le préfet, furieux contre les commerçants, menace de fermer le marché
Comparée à la première édition, celle-ci a connu un léger mieux sur le plan de l'affluence. Les jeunes du Pastef sont sortis ainsi que quelques responsables du parti dirigé par Ousmane Sonko pour donner corps à l'appel du président Bassirou Diomaye Faye.
Cependant, les commerçants se sont fait remarquer par leur absence au point d'irriter l’autorité préfectorale. ‘’Nous avons constaté que les commerçants n'ont pas participé. Ils auraient pu venir prendre part aux activités de nettoyage du marché. Je voudrais qu’ils se mettent en tenue de combat et qu’ils viennent nous trouver sur le terrain. C’est pourquoi, à la prochaine journée, je fermerai le marché pour les pousser à participer. On ne peut pas nettoyer (le marché) pour eux sans qu’ils soient impliqués au premier chef. La prochaine édition, je vais fermer le marché ainsi ils vont perdre une journée de travail et venir travailler comme nous’’, a-t-il averti.
Cette sortie musclée du préfet a été vivement saluée par les populations qui ont aussi constaté la non-implication des commerçants. Cependant, des voix font entendre que le préfet n'a pas les prérogatives pour fermer le marché pour les obliger à participer au nettoiement. ‘’Est-ce que le préfet de Matam a le pouvoir de fermer le marché ? Je pense que ce sera un excès de pouvoir, parce qu’il risque de faire mal aux populations en pensant sanctionner les commerçants. Les journées de nettoyage sont importantes, mais elles ne doivent pas aller jusqu’à priver les citoyens de leur gagne-pain. Cette méthode forte du préfet est contre-productive. Il gagnerait mieux à mettre l’accent sur la sensibilisation pour faire adhérer tout le monde à la cause qui reste noble’’, soutient ce grossiste au marché de Ourossogui.
Djibril Bâ (Matam)