Les jeunes invités à avoir l’éthique en bandoulière
L’Institut supérieur de management (ISM) de Saint-Louis a fêté, samedi dernier, sa première promotion de Masterclass en journalisme et communication. Une cérémonie de graduation que le parrain Mactar Silla, ex-DG de la RTS et de TV5 Afrique, a saisie pour animer une conférence sur l’éthique en communication.
Un masterclass a regroupé des professionnels du journalisme et de la communication pendant trois mois. Une initiative qui leur a permis de bénéficier d’un renforcement de capacités et de compétences. Pour le parrain de la promotion, Mactar Silla, cette innovation mérite fortement d’être amplifiée, parce que le Sénégal a besoin de médias performants et hautement professionnels, et cela passe nécessairement par des formations. ’’Je crois que l’ensemble des structures de formation doivent prendre exemple sur ce modèle, quel que soit leur domaine, pour s’inscrire dans cette démarche qui a mis l’éthique au centre des préoccupations. L’éthique est quelque chose de fondamental dans le développement d’une nation, surtout quand on s’adresse à une jeune génération qui est le présent et l’avenir du Sénégal’’, a soutenu l’ancien patron de la RTS, Mactar Silla.
Le Directeur général du groupe Média Label a profité de l’occasion pour relever les enjeux auxquels les médias sont confrontés. Pourtant, a-t-il rappelé, le comité scientifique des assises des médias a travaillé pendant deux ans et a élaboré un rapport complet qui touche toutes les questions. ’’Aucune question n’a été occultée, qu’elle soit d’ordre juridique, institutionnel, liée au contenu, à l’environnement des médias, à la viabilité du secteur, à la formation et au renforcement des capacités et des compétences, à la sécurité des journalistes tant du côté social que des rapports avec les forces de défense et de sécurité. Ce comité s’est inscrit dans une dynamique d’innovations, car nous sommes actuellement dans l’ère de l’intelligence artificielle. Il y a des mutations profondes qui s’opèrent et qu’il faut tenir en considération en projetant le pays dans les deux, trois, voire quatre prochaines décennies. Nous sommes dans un secteur qui, dans le monde entier, évolue et très rapidement. Malheureusement, au Sénégal nous sommes restés dans des textes qui ne sont plus conformes à la réalité’’, a souligné M. Silla.
Avant de signaler que le rapport a été présenté au ministre de la Communication et qu’ils attendent d’être reçus par le chef de l'État pour lui expliquer davantage les choses.
La régulation des médias s’impose pour la viabilité du séducteur
‘’Il faut que des mesures et des initiatives nécessaires soient prises pour faire des médias du Sénégal un secteur d’accompagnement, mais également un secteur économique pourvoyeur d’emplois stables et dignes pouvant accompagner la Vision horizon 2050 telle qu’annoncée par les nouvelles autorités. Je dis souvent qu'on peut faire le développement à petits pas, mais quand on fait le développement avec des médias responsables, conscients et performants qui vont au fond des choses, capacitent, conscientisent les populations et accompagnent les acteurs du développement, on peut y arriver plus rapidement. Les exemples sont là. Souvent, je donne l’exemple de la Corée du Sud qui était plus pauvre que le Sénégal lorsqu’elle prenait son indépendance. Cela montre qu’il n’y a pas de secret. Il n’y a que la formation et le travail basé sur des valeurs. Donc, il faut que nous ayons confiance en nous. Nous avons des ressources naturelles, des ressources humaines de qualité et les Sénégalais le démontrent partout dans le monde et dans tous les domaines. Donc, il n’est pas normal après 64 ans d’indépendance que le Sénégal soit encore’’, a déclaré le DG du groupe Media Label.
Le parrain de la première promo a invité les jeunes générations à plus de rigueur dans le travail pour bâtir un pays qui donne envie pour que les gens ne prennent plus de pirogues pour partir, mais plutôt le sens inverse.
L’ancien patron de TV5/Afrique n’est pas resté indifférent aux difficultés de régulation du secteur des médias au Sénégal. Pour lui, les lignes de la régulation doivent bouger et il y croit fermement. «’’La régulation est un secteur que je maîtrise et nous avions fait des recommandations. Aujourd’hui, il ne faut plus une autorité de régulation de l’audiovisuel, mais plutôt celle des médias y compris les réseaux sociaux, le web, la presse écrite, etc. Quand on dit régulation, les gens pensent automatiquement c’est la sanction. Pourtant, la régulation, c’est l’organisation concurrentielle pour que le secteur concerné soit dynamique et aille de l’avant, qu’il soit sophistiqué et économiquement viable. Effectivement, il y aura des sanctions, mais elles sont parcellaires. Si aujourd’hui on a un outil d’autorégulation comme le Cored dont les pouvoirs sont renforcés, qu’il soit le tribunal des pairs où tous les litiges sont amenés et qu’il ait ce véritable pouvoir de dissuasion, d’explications, de concertation que les gens se rendent compte des erreurs qu’ils ont faites, je suis sûr, même si tous les problèmes ne seront pas résolus, au moins les 90 % trouveront des réponses’’, a conclu Mactar Silla.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS