Les maux des secteurs de l’artisanat et de la pêche à Kaolack

La fête du Travail a été ponctuée hier par des doléances dans deux secteurs clés du développement économique : l’artisanat et la pêche qui, selon les acteurs, croulent sous le poids des difficultés pour lesquelles des solutions sont attendues.
L'artisanat kaolackois est en eaux troubles, si l’on en croit les acteurs du secteur. D’après Khadim Tall, le président de la coopérative d’artisans de Kaolack Artisan Mbokoum Nieup, qui regroupe tous les corps de métier de la zone du Saloum, la situation est préoccupante. Sa crainte n’est autre que l’inaccessibilité de la commande locale qui leur passe sous le nez.
À son avis, pourtant, toute l’expertise nécessaire est disponible au sein de la coopérative qu’il dirige. Monsieur Tall donne l'exemple des opérations de pavage des artères de la ville de Kaolack, qui ont nécessité, selon lui, l’achat de matériel venant d’artisans basés à Diamniadio, alors que ceux de Kaolack peinent à sortir la tête de l’eau. Rien que pour ce projet en cours, l’artisanat local pouvait reprendre du souffle face à une précarité qui secoue le secteur.
Poursuivant, il a déploré le fait que la réalisation de terrains de football soit confiée à d’autres artisans basés hors de Kaolack. Ce qui le met surtout en colère, c’est que les artisans affiliés à son organisation ont tous des qualifications dans leurs domaines d’expertise et que sa coopérative dispose de papiers légaux.
D’ailleurs, il rappelle qu’à l’accession du maire Serigne Mboup à la tête de la municipalité, une convention a été signée entre les artisans, la chambre de commerce et la mairie. Celle-ci stipulait que les artisans allaient désormais capter le maximum de commandes de ces deux entités. Hélas, ce n’était que de la poudre aux yeux, car, d’après lui, depuis lors, aucun marché n’a été exécuté par les artisans.
Les artisans réclament la commande publique
C’est pourquoi il invite les autorités municipales à respecter les accords signés pour redonner espoir à ces pauvres artisans. "Les blouses d’écoliers, les tables-bancs, les uniformes des hommes de loi, le matériel agricole, les lits d’hôpitaux, toute cette commande peut être réalisée par les artisans de Kaolack", a-t-il plaidé, avant de rappeler que les autorités sénégalaises avaient promis d’investir dans l’artisanat plus que le régime déchu.
‘’Le régime de Macky Sall faisait bénéficier aux artisans de 15 % de la commande publique, et l’actuel régime promettait 100 %, mais depuis lors, rien de nouveau sous le soleil’’, a-t-il rappelé.
Il a également indiqué que le maire de Kaolack leur avait fait la promesse de créer une zone industrielle pour les artisans, en leur octroyant une vaste assiette foncière pour contenir le projet. Là encore, rien n’a été fait.
Le besoin de formation des artisans
À Nioro du Rip, les artisans sont plutôt préoccupés, au-delà de la commande publique, par la formation. En effet, la Fédération départementale des artisans de Nioro a plaidé pour le renforcement des capacités de ses membres à travers des formations, afin de répondre aux exigences de la commande publique nationale et surtout locale.
Assane Doucouré, le président de la fédération, invite les nouvelles autorités à adopter la même stratégie que l’ancien régime, qui "avait initié des programmes de formation à des métiers porteurs dans lesquels les artisans voulaient acquérir une parfaite maîtrise".
Il a salué ce programme et a invité les nouveaux tenants du pouvoir à le poursuivre, puisqu’il considère que l’État est une continuité. Au regard de l’importance du programme, il juge inconcevable que cette initiative tombe à l’eau du seul fait du changement de régime. En réactivant ce programme, dit-il, cela va permettre, selon lui, aux destinataires qui n'avaient pas bouclé la formation et ceux qui n’avaient pas eu la chance d’en faire partie, d’être enrôlés.
Il a insisté sur le retour de ce programme qui a permis "la formation de menuisiers métalliques, tailleurs, soudeurs, etc.", non sans interpeller les autorités sur l’urgence de faire bénéficier aux artisans locaux des commandes publiques, surtout "dans un contexte de crise profonde du secteur qui meurt à petit feu".
Les doléances du monde du travail vont au-delà de l’artisanat. Dans le secteur de la pêche, la colère enfle chez les acteurs de ce secteur dont dépendent des milliers d’individus. En effet, en cette fête du Travail, Atou Ndiaye, coordonnateur départemental des conseils locaux de pêche artisanale (CLPA) de Kaolack, a exprimé son amertume, qu’il explique par une réalité qui a "décimé la quasi-totalité des ressources de mer de Kaolack".
Bradage du littoral, salinité et rareté des ressources halieutiques
Auparavant, dit-il, la pêche était très généreuse. La mer nourrissait le pêcheur et ceux qui s’activent autour. Cependant, avec le temps, les choses ne sont plus comme avant. Il regrette que cette abondance soit désormais conjuguée au passé. La cause ? "La salinisation excessive des eaux due aux déchets gorgés de sel déversés par les Salins du Saloum".
D’après Atou, cette situation fait que les ressources halieutiques, surtout les fruits de mer, sont devenues très rares, car "les eaux kaolackoises étant peu profondes, les saletés qui y sont versées s’amoncellent, détruisant l’écosystème marin, avec comme conséquence la dégradation de la mer et la disparition de nombreuses ressources".
S’y ajoute, selon M. Ndiaye, le recul du littoral, désormais occupé par des constructions à usage d’habitation et de commerce.
Avec ce rétrécissement des plages, les eaux diminuent et les ressources halieutiques aussi, car elles ne trouvent pas d’espace suffisant pour leur régénérescence.
Par ailleurs, le président du CLPA départemental de Kaolack a rappelé que les subventions pour les moteurs de pirogue sont suspendues, alors que parmi les pêcheurs, beaucoup n’en ont pas encore bénéficié. Certains, qui avaient versé, selon lui, la somme d’argent requise, sont restés sur leur faim.
Des difficultés à surmonter avec l’intervention des autorités habilitées à résoudre les problèmes évoqués.