Zale Lô : ''Comment j'ai battu Yékini...''
Quand il battait Yekini, en combat officiel de lutte simple, Zale Lô était loin de se douter que cette victoire allait être une exception dans l’histoire de la lutte. Seize ans après, pour EnQuête, l’ancien prodige de Fass remonte le temps avec un plaisir non dissimulé…
La précision est de taille : Yékini est invaincu en lutte avec frappe, mais pas en combat officiel. Car un soir de mai 1996, celui qui allait régner sans partage dans l’arène essuyait une cinglante défaite au stade de Fatick, lors du drapeau du chef de l’État. Le bourreau se nomme Zale Lô. Et aujourd’hui encore, il s’en vante : ‘’J'ai terrassé le lutteur (Yékini) que tout le monde cherche à battre’’, se glorifie-t-il. Seize ans après cet exploit, en ce lundi d’avril, Zale Lô, tenue décontractée, short kaki, Lacoste et chaussures vertes bien assorties, casquette noire soigneusement vissée, entame la conversation dans une ambiance aussi détendue que nostalgique. Le tournoi du chef de l’État de 1996 est aujourd’hui un exquis souvenir, dont il se délecte, tant il exhale l’inoubliable parfum d’une victoire figée dans le temps. Il a battu ce soir-là celui qui allait devenir ‘’l’invincible’’ Yékini.
‘’Je l’ai (Yékini) battu en quelques secondes’’
Âgé aujourd’hui de 40 ans, les muscles toujours bandants, le lutteur de Pencum Ndakaaru, au fond du trou ces dernières années, semble revivre à l’évocation de ce soir de mai 1996. La voix moins grave, le regard lointain et brillant, il se souvient du combat comme si c’était hier. ''C'était en 1996 au cours du drapeau de chef de l'État en Fatick. Je représentais la région de Dakar et lui, celle de Fatick, raconte-t-il. On était une cinquantaine de lutteurs à se disputer le drapeau du chef de l'État et on était repartis en deux poules. Yékini faisait des ravages de son côté et idem pour moi. Je le regardais lutter et je m'étais dit : celui là, on se croisera en finale. Dès lors, je le surveillais pour peaufiner ma stratégie. Comme je l'avais prévu, on s'est retrouvés en finale et je l'ai battu’’. Avec 16 ans de présence dans la lutte avec frappe, l’ancien compagnon du ‘’Tigre’’ de Fass, Moustapha Guèye, dont on pensait qu’il était le digne successeur, décortique la chute de l’inoxydable champion Yékini qui n’a duré que le temps d’un éclair de tonnerre. ‘’Le combat n'a pas duré 30 secondes. On a fait des balancements de bras de 5 secondes avant qu'il ne déclenche son attaque en voulant prendre ma tête de sa main droite pour me plaquer. J'ai usé de ma vitesse pour le contrer et le plaquer à mon tour’’.
‘’J’ai vu une grande déception sur son visage…’’
L’ancien chef de file de la défunte écurie ''Force tranquille'' se souvient aussi de la tête d’enterrement de celui qui dit ne ‘’pas avoir la défaite dans son vocabulaire’’. ‘’J'ai vu une grande déception sur son visage. Il était surpris, déçu et triste d'avoir perdu. Il traînait les pieds quand ses accompagnateurs sont venus le chercher. Il marchait à peine. Il ne croyait pas à cette défaite’’. Connaissant le lutteur ‘’roi’’ des arènes pour avoir fait des voyages en championnat d’Afrique avec lui, Zale Lô révèle ô combien l’enfant de Bassoul déteste un revers. ‘’C’est le lutteur qui déteste le plus la défaite. Le soir même où je l’ai battu, on s’est retrouvés après le combat, on s'est encouragés mais je voyais toujours la déception et la tristesse sur son visage’’.
‘’Il faut être plus rapide que lui pour le battre’’
Seul lutteur à avoir battu Yékini en combat officiel, ‘’Zale’’, comme l’appelle ses intimes, soutient que le lutteur sérère n’est pas facile à terrasser. Car selon lui pour battre Yékini, il faut être vif dans ses actions et être très technique. ‘’Balla est technique mais avec son poids je me demande s'il est toujours rapide. ‘’Une chose est sûre pour battre Yékini, il faut être plus rapide que lui dans ses actions’’, renseigne-t-il.
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Mamadou Lamine SANE