Profil de l’accusé 1 :
Malchanceux ou juste totalement dénué d’imagination?
Alassane Ndiaye, âgé de 32 ans, a été le premier accusé à comparaître dans le cadre de cette session inaugurale des assises 2014. Inculpé dans le cadre d’une affaire de braquage de banque, le jeune homme est apparu à la barre dans un kaftan marocain à capuche immaculé et au moins une taille trop grande pour lui. La silhouette frêle, le teint plutôt clair et un air candide sur le visage, notre intéressé n’avait pas vraiment la tête de l’emploi, pour dire les choses de façon familière. Et pourtant !
Les faits remontent à 2006… Alassane Ndiaye, qui dit avoir alors été étudiant, quitte son domicile de Grand-Yoff, très tôt le matin, pour se rendre à l’université et, quelques heures plus tard, se retrouve plaqué contre le mur par un vigile qui découvre sur sa personne un couteau… Que s’est-il donc passé?
Les détails de l’affaire ne seront pas revus ici (voir ailleurs), mais une chose, néanmoins, est claire : la version de l’accusé diffère totalement de celles des 5 témoins oculaires du braquage dont deux sont même venus hier, à la barre, pour témoigner… Et l’identifier comme l’un des braqueurs! Si nous n’irons pas jusqu’à traiter Alassane Ndiaye de menteur, force est de constater que nombre des explications qu’il a fournies sont en porte-à-faux total avec les éléments du dossier.
Ainsi, si l’accusé s’est dit étudiant en 1ère années de lettres (titulaire d’un bac L’) et foncièrement non violent (‘’Je n’ai jamais eu maille à partir avec les justice’’, a-t-il clamé au moment du procès), il a eu toutes les peines du monde à articuler le moindre mot de français (il est même allé jusqu’à recourir aux services d’un interprète) en plus d’avoir été arrêté en possession d’une arme blanche (pour ‘’se protéger’’, paraît-il)?
Autre contradiction, le garçon a dit qu’il était sorti ce jour-là pour aller prendre connaissance des résultats de la session d’examens d’octobre, alors qu’il s’est fait attraper aux Almadies (donc très loin du campus) où il a dit s’être trouvé pour prendre un car rapide. A destination de Grand Yoff ?
Les choses ne s’additionnent décidément pas pour ce garçon, ou plutôt ce braqueur de banque qui paye cher le fait d’avoir eu la malchance (ou peut-être la bêtise?) de vouloir s’enfuir à bord d’un Ndiaga Ndiaye*…
Profil de l’accusé 2
Quand le fils de lépreux halluciné devient (malgré lui?) coupable d’ignominie…
À écouter le récit de sa vie, Mawa Ba, dit ‘’Bambadji Fall’’, est un homme maudit. Fils d’un lépreux qui n’a connu noces et joie de la paternité que parce que la mère de l’accusé, après 3 divorces, se croyait malchanceuse en amour pour des raisons mystiques, Mawa Ba est, si l’en en croit sa mère, un homme condamné à être un malade mental.
Psychologiquement atteint, selon les dires de cette dernière et de sa concubine de l’époque, Mawa Ba se révèle effectivement être violent, instable et (très) porté sur l’usage de drogues, notamment le chanvre indien et le diluant, qu’il consommait alors immodérément.
C’est d’ailleurs au moment où il était sous l’influence du chanvre (fumé, selon sa mère, pour le soigner des visions macabres qu’il avait régulièrement) que ce maçon de 34 ans a commis l’acte atroce pour lequel il est aujourd’hui écroué : celui de rouer de coups un garçonnet de 2 ans jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Difficile donc d’éprouver de l’empathie pour cet homme élancé et de teint noir, aussi malade qu’on puisse le prétendre… Encore plus quand on sait qu’il était coutumier des faits. Sa concubine Bineta Niang a révélé au cours de l’enquête qu’il la battait régulièrement, même pendant sa grossesse. Il appréciait particulièrement de lui donner des coups de pied au ventre.
Mawa Ba est-il un pauvre diable halluciné ou un sordide et cruel assassin? Si la justice est seule apte à trancher là-dessus, il est néanmoins impossible de ne pas être horrifié par l’acte ignoble qu’est celui de tuer un enfant en bas âge…