Kolda réclame un centre d’accueil et un hôpital psychiatrique
Au Fouladou, le nombre de malades mentaux a augmenté ces dernières années. En 2023, le point focal santé mentale a recensé 300 malades mentaux dans la région de Kolda. Cependant, l’absence de structures spécialisées rend la prise en charge médicale des personnes déficientes problématique. Le point focal santé mentale de Kolda demande la création d’un centre d’accueil et d’un hôpital psychiatrique dans la région.
À Kolda, on observe depuis quelques années une augmentation de l’errance des individus identifiés comme malades mentaux. Peu de travaux en sciences sociales ont été consacrés à cette problématique, ce qui fait qu’aujourd’hui, soigner les malades mentaux à Kolda est un véritable parcours du combattant. La région ne dispose d’aucun centre d’accueil ni d’hôpital psychiatrique capable de recevoir des personnes déficientes et de leur offrir des soins de qualité.
Le point focal santé mentale de la région de Kolda, Sékou Baldé, fait remarquer : « Dans plusieurs coins et recoins de la capitale du Fouladou, il y a des malades mentaux qui ont été pris en charge dans le passé, mais malheureusement, par manque de moyens financiers et de suivi, ces malades ont rechuté. Les parents se sont découragés, ils n’ont pas effectué le suivi, et ces personnes souffrant de maladies mentales ont été laissées à elles-mêmes. »
300 malades mentaux recensés en 2023 dans la région
Il ajoute : « Par ailleurs, dans certaines maisons, nous avons des malades mentaux qui sont attachés comme des bêtes. Quand une personne va jusqu’à attacher son père, sa mère ou son frère, c’est qu’elle a fait tous les recours possibles et n’a pas obtenu gain de cause. Dans certains endroits de Kolda, vous voyez des malades mentaux qui passent la nuit dehors, et dès la tombée de la nuit, des personnes malintentionnées les agressent. »
« Lors des consultations communautaires que nous réalisons, confie-t-il, nous recensons environ 300 malades mentaux par an. Ce chiffre inquiétant s’explique par le fait que Kolda est devenu une région où la drogue circule de plus en plus. »
À Kolda, la drogue, malgré la sensibilisation
Dans la région de Kolda, frontalière avec la Gambie, la Guinée Conakry et la Guinée Bissau, la drogue est omniprésente dans la société. Même les écoles sont touchées par ce phénomène. Les jeunes consommateurs, qu'ils soient urbains ou ruraux, sont de plus en plus jeunes et nombreux. Aujourd’hui, la drogue est entrée dans les écoles, et les dealers semblent ne plus avoir peur d’en franchir les portes pour trouver leurs clients.
Pour évaluer la situation, nous avons effectué une descente dans un lieu connu des fumeurs de drogue. Sur place, nous avons rencontré un jeune de 28 ans qui a préféré garder l’anonymat. Il confie : « Dans cet endroit, nous consommons du cannabis et d’autres drogues depuis notre adolescence. Les stupéfiants m’aident à supporter les difficultés de mon existence. La solitude, la pauvreté et l’immigration clandestine sont des facteurs favorisant ce fléau. C’est pourquoi la santé mentale est cruciale dans la région de Kolda. »
La solitude, la pauvreté, le chômage : des facteurs favorisant
« La solitude et la pauvreté sont des facteurs qui nous ont poussés à consommer de la drogue. Il faut quelque chose pour calmer les nerfs face à ces problèmes. Même si j’ai envie de faire quelque chose de mal, si je prends ma dose, je suis tranquille. Nous ne pouvons pas arrêter de consommer de la drogue. Nous pouvons tout arrêter sauf cela, c’est tout ce qui nous reste. Ici, je peux tout arrêter sauf ça. C’est un calmant. »
Ainsi, pour mettre fin à leur maltraitance et permettre à ces personnes déficientes de retrouver leur santé mentale, les acteurs de la santé invitent les pouvoirs publics à créer un centre d’accueil et un hôpital psychiatrique à Kolda. « Il faut impérativement construire un centre psychiatrique ou un village psychiatrique ici à Kolda, où nous pourrions accueillir ces malades mentaux et leur offrir des soins de qualité. Nous avons même demandé qu’un psychiatre soit présent au niveau du centre de santé ; il vient tous les mois, mais il risque de se décourager. Car quand il vient, il n’a pas où hospitaliser les personnes souffrant de troubles mentaux. Vraiment, il est temps que les pouvoirs publics fassent quelque chose », se désole Sékou Baldé, point focal de la santé mentale de la région de Kolda.
En attendant la création d’un centre d’accueil ou d’un hôpital psychiatrique pour une prise en charge médicale adéquate, les malades mentaux de Kolda continuent de souffrir.
NFALY MANSALY