Publié le 30 Jun 2025 - 08:30
VIOLENCES FAITES AUX FEMMES AU SÉNÉGAL  

Une étude révèle que près de 3 femmes sur 10 ont subi au moins une forme de violence

 

L’enquête nationale de référence sur les violences faites aux femmes, réalisée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) du Sénégal, montre que trois femmes sur dix ont subi au moins une forme de violence (physique, psychologique, sexuelle ou économique) au cours des 12 derniers mois ayant précédé l’enquête, soit un taux de prévalence de 31,9 %.

 

Pour réaliser une analyse situationnelle des violences faites aux femmes sur l’ensemble du territoire national, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie du Sénégal (ANSD) a mené l’enquête nationale de référence sur les violences faites aux femmes (ENR-VFFS). La couverture globale de l’enquête est de 99,7 %, soit 7 503 femmes ayant effectivement répondu sur 7 525 tirées au sort.

De manière spécifique, l’ENR-VFFS cherche à évaluer la perception des femmes sur les violences faites aux femmes et à mesurer le type de prise en charge dont les victimes ont bénéficié (plainte, suivi médical, psychosocial, psychologique, appui communautaire, agence spécialisée).

L’étude révèle qu’au Sénégal, près de trois femmes sur dix ont subi au moins une forme de violence (physique, psychologique, sexuelle ou économique) au cours des 12 derniers mois ayant précédé l’enquête, soit un taux de prévalence de 31,9 %.

Prévalence globale et contextes de violence

Les résultats selon le milieu de résidence montrent que les femmes résidant en milieu urbain semblent avoir subi plus de violences récentes (durant les 12 mois précédant l’enquête) que celles vivant en milieu rural.

En effet, cette proportion s’élève à 36,9 % en milieu urbain contre 24,9 % en milieu rural.

Au cours des douze derniers mois, plus d’un tiers des femmes âgées de 15 ans ou plus au Sénégal (31,9 %) ont subi un type de violence. C’est dans la région de Diourbel que cette prévalence récente est la plus élevée (42,6 %) et dans celle de Fatick où elle est la moins élevée (15,1 %).

Les résultats sur la prévalence des violences faites aux femmes dans un contexte hors union révèlent qu’une proportion importante de femmes, soit 87,5 %, déclarent avoir subi des violences avant l’âge de 18 ans. De même, la majorité des femmes (89,2 %) signalent avoir été victimes de violences au cours de leur vie.

Enfin, concernant les violences subies au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête, la prévalence baisse, mais reste conséquente, avec 21,7 % des femmes rapportant avoir été victimes durant cette période.

En ce qui concerne les violences conjugales, 70,2 % des femmes déclarent en être victimes depuis le début de leur première union. De plus, sur une période plus récente (12 derniers mois précédant l’enquête), 22,4 % des femmes déclarent avoir subi des violences conjugales.

Concernant la prévalence des violences faites aux femmes au niveau national, selon le contexte, il y a en hors union 87,2 % au cours de la vie, 89,2 % au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête. En vie conjugale, il y a 70,2 % depuis la première union et 22,4 % au cours des 12 derniers mois.

Pour la prévalence des violences hors union au cours des 12 derniers mois selon la région, c’est également dans la région de Diourbel qu’on enregistre la plus forte prévalence de violence récente à l’égard de femmes dans le cadre hors union avec 38,9 % suivie par la région de Dakar, 25,9 % de femmes affectées, la région de Fatick présente la prévalence la plus basse, avec moins d’une femme sur dix (8,1 %) ayant subi un type de violence hors union.

Selon l’analyse régionale, les violences conjugales subies depuis la première union sont les plus fréquentes chez les femmes de Matam, avec un taux de 84,7 %. Elles sont suivies par celles résidant dans les régions de Thiès (79,9 %), Louga (79 %) et Tambacounda (73,8 %). Les prévalences les plus basses de ces violences sont enregistrées dans les régions de Kaffrine (49,4 %), Kaolack (55,5 %) et Fatick (60,6 %).

En ce concerne la violence récente (durant les 12 mois précédant l’enquête), les prévalences les plus hautes ont été notées chez les femmes de Thiès (32,7 %), Dakar (29,8 %) et Louga (26,3 %). Comme pour les violences subies depuis la première union, Kaffrine reste la région où les femmes ont le moins souffert de violences conjugales au cours des 12 derniers mois, avec seulement 5,5 %.

Formes de violences et disparités

Un peu plus de trois femmes sur quatre (76,7 %) ont subi une violence physique hors union au cours de leur vie. Il est également noté que 74,3 % des femmes ont été victimes de cette forme de violence avant l’âge de 18 ans. Cette situation laisse entendre que la quasi-totalité des victimes de violences physiques l’a déjà été avant l’âge de 18 ans. En considérant les douze derniers mois ayant précédé l’enquête, la prévalence de cette violence s’élève à 4,7 %, dont 3,6 % des violences sont modérées et 1,0 % peuvent être classées comme sévères.

Par ailleurs, près de trois femmes sur dix (30,4 %) ont subi une violence physique conjugale depuis leur première union. La prévalence de cette forme de violence est beaucoup plus faible au cours des 12 derniers mois avant l’enquête, période à laquelle le pourcentage de femmes victimes de violences physiques conjugales est de 3,3 %.

La prévalence des violences physiques hors union est plus élevée en milieu rural (72,8 % modérées et 6,1 % sévères) qu’en milieu urbain (65,2 % modérés et 10 % sévères). Cette même tendance est observée si l’on s’intéresse à cette forme de violence avant l’âge de 18 ans.

En se référant aux 12 mois ayant précédé l’enquête, il apparait que la tendance est inversée, en ce sens que la prévalence de cette forme de violence devient plus importante en milieu urbain (3,7 % modérés et 1,6 % sévères) en comparaison du milieu rural (3,5 % modérés et 0,2 % sévères).

Les résultats révèlent quelques disparités dans la prévalence des violences conjugales physiques selon le milieu de résidence et la période.

En effet, depuis la première union, les femmes vivant en milieu rural affichent une prévalence plus élevée, avec un pourcentage de 35,8 %, comparativement à celles vivant en milieu urbain avec 26,1 %. Cependant, cette tendance s’inverse lorsque l’on se réfère aux 12 derniers mois précédant l’enquête, période durant laquelle cette prévalence est légèrement plus élevée en milieu urbain (3,6 %) qu’en milieu rural (3,1 %).

Les résultats de l’enquête montrent que 77,4 % des femmes déclarent avoir été victimes de violences psychologiques avant leurs 18 ans dans un contexte hors union. Cette proportion est de 80,8 % chez celles déclarant l’être au cours de la vie.

Il a été demandé aux femmes si elles ont subi une violence psychologique au cours des 12 derniers mois. Parmi celles-ci, 18,2 % en ont été victimes.

S’agissant des violences psychologiques conjugales, les résultats de l’enquête montrent que près de six femmes sur dix (60,9 %) sont victimes de ce type de violence depuis la première union et près de deux femmes sur dix (18,7 %) l’ont subi au cours des 12 derniers mois.

Plus de huit femmes sur dix sont victimes de violences psychologiques hors union au cours de leur vie, et ce quel que soit le milieu de résidence. Cette proportion est de 76,9 % en milieu urbain contre 78,2 % en milieu rural pour celles l’ayant vécu avant leurs 18 ans. En considérant les 12 derniers mois précédant l’enquête, les proportions sont respectivement de 22,5 % et de 12 %.

Les résultats révèlent aussi que les victimes de violences psychologiques conjugales sont plus fréquentes en milieu urbain qu’en milieu rural, quelle que soit la période. Depuis la première union, les pourcentages sont de 62,1 % en milieu urbain et de 59,4 % en milieu rural. Au cours des 12 derniers mois, ils sont respectivement de 22,3 % et de 14,5 %.

Violences sexuelles

Au Sénégal, 17,3 % des femmes âgées de 15 ans ou plus ont subi des violences sexuelles hors union au moins une fois dans leur vie. Parmi ces femmes, 14,7 % étaient victimes de violences sexuelles modérées et 2,6 % de violences sexuelles sévères. Chez les femmes ayant subi les violences sexuelles avant l’âge de 18 ans, la prévalence s’élève à 15,1 %, dont 13,5 % pour des violences sexuelles modérées et 1,7 % pour des violences sexuelles sévères.

Selon le rapport, en dépit des campagnes de sensibilisation et de lutte contre les violences conjugales, celles-ci persistent, avec une prévalence de plus de 2 % au cours des 12 derniers mois. De plus, 8,3 % des femmes en union ou ayant été en union ont été victimes de violences sexuelles de la part de leur mari/partenaire, depuis la première union.

Par ailleurs, cette proportion s’élève à 2,2 % au cours des 12 derniers mois.

Chez les femmes ayant au moins subi une violence sexuelle hors union au cours de leur vie, celles vivant en milieu urbain en sont plus victimes (18,2 % contre 16,1 % pour celles résidant en milieu rural).

Parmi les femmes ayant subi la violence avant l’âge de 18 ans, les différences entre les prévalences selon le milieu de résidence sont minimes. En effet, 15,2 % (dont 1,2 % pour les violences sexuelles sévères et 14,0 % pour les violences sexuelles modérées) des femmes du milieu rural et 15,0 % (dont 2,0 % pour les violences sexuelles sévères et 13,1 % pour les violences sexuelles modérées) de celles du milieu urbain déclarent avoir été victimes de violences sexuelles avant leur 18e anniversaire.

Par ailleurs, au cours des 12 derniers mois, 2,2 % des femmes vivant en milieu urbain ont subi des violences sexuelles contre 1,3 % des femmes du milieu rural.

Quelle que soit la période de référence, les femmes du milieu urbain sont plus victimes des violences sexuelles dans le cadre conjugal.

En effet, chez les femmes vivant en milieu urbain 9,9 % ont été victimes de violence depuis leur première union et 2,9 % au cours des 12 derniers mois. Par contre, chez celles résidant dans le milieu rural 6,3 % en sont victimes depuis la première union et 1,3 % depuis les 12 derniers mois.

Violences économiques

Si l’on se rapporte au cadre hors union, les femmes qui ont au moins subi un acte de violence économique au cours de la vie présentent une prévalence de 29,1 %, tandis que 25,1 % l’ont subi avant de fêter leur 18e anniversaire.

Au cours des 12 derniers mois, 3,7 % ont été victimes de violences économiques. Cela indique qu’elles ont été au moins privées de travailler, de dépenser librement leur argent, de payer des dettes qui ne sont pas les leurs, entre autres.

Les résultats de l’enquête montrent également que, sur une population de 5 551 099 femmes âgées de 15 ans ou plus, près de deux femmes sur dix (19,9 %) ont déclaré avoir subi au moins une violence économique dans le contexte conjugal depuis leur première union.

Durant les 12 derniers mois précédant l’enquête, la proportion de femmes ayant subi une violence économique conjugale est de 5,4 %.

Par ailleurs, au courant de leur existence, 33,3 % des femmes résidant en milieu urbain déclarent avoir subi un acte de violence économique dans le cadre hors union. Les femmes de la zone rurale restent toujours le groupe le moins touché avec une prévalence de 23,1 %.

Ces tendances constatées se confirment pour la référence des douze derniers mois qui ont précédé l’enquête. La violence économique touche 5,1 % de femmes résidant en milieu urbain contre 1,8 % pour celles résidant en zone rurale.

Quelle que soit la période considérée, la violence économique conjugale est plus fréquente chez les femmes résidant en milieu urbain. La prévalence depuis la première union dépasse la moyenne nationale dans les zones urbaines (24,6 %), tandis que pour leurs homologues vivant en milieu rural, elle s’élève à 14,2 %.

Cette tendance se confirme pour la période des 12 derniers mois précédant l’enquête. La violence économique conjugale touche 7,2 % des femmes résidant en milieu urbain, contre 3,2 % pour celles vivant en zone rurale.

Violences numériques et politiques

Globalement, la prévalence des violences numériques subies avant l’âge de 18 ans est de 20,4 %. Elle reste plus élevée en milieu urbain (23,1 %) qu’en milieu rural (16,4 %). Par ailleurs, plus de 80 % des femmes ont déclaré avoir subi une violence numérique à un moment ou à un autre de leur vie, quel que soit le milieu de résidence.

Durant les 12 mois précédant l’enquête, 8,1 % des femmes affirment avoir subi une violence numérique. Selon le milieu de résidence, 11,3 % des femmes vivant en milieu urbain ont déclaré avoir subi une violence numérique contre 3,5 % pour celles vivant en milieu rural.

En ce qui concerne les violences numériques subies au cours de 12 derniers mois ayant précédé l’enquête, c’est dans l’ouest du pays (régions de Dakar et de Thiès) où il est enregistré la plus forte prévalence, soit 10,8 % dépassant ainsi la moyenne nationale (8,1 %). En revanche, dans l’axe du Sud (Kédougou, Tambacounda, Ziguinchor, Sédhiou et Kolda) le taux de prévalence des violences numériques subies par les femmes est de 3,7 % au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête.

Par ailleurs, cette proportion est de 6,8 % au Nord (Louga, Matam et Saint-Louis) et 7,8 % au Centre (Fatick, Kaffrine, Kaolack et Diourbel).

Globalement, plus de 6,5 % des femmes ont affirmé avoir subi une forme de violence politique pendant la dernière période électorale qui a précédé l’enquête (législatives de 2022).

En effet, 4,6 % des femmes affirment avoir subi des pressions pour les pousser à s’abstenir de voter et près de 4 % des femmes déclarent avoir été intimidées au bureau de vote.

Les femmes qui résident en milieu urbain semblent être un peu plus touchées par les violences politiques lors des dernières élections qui ont précédé l’enquête.

En effet, la prévalence des violences politiques est de 6,8 % en milieu urbain contre 6,1 % en milieu rural. La même situation est observée, quel que soit le type de violence politique, avec 4,7 % des femmes en milieu urbain qui affirment avoir subi des pressions pour les pousser à s’abstenir de voter, contre 4,4 % en milieu rural.

Pour les intimidations au bureau de vote, les prévalences sont de 4,1 % en milieu urbain et 3,6 % en milieu rural.

Les auteurs des violences

Selon le document, les hommes sont majoritairement responsables des violences physiques (68,8 %) et sexuelles (99,1 %) envers les femmes.

Toutefois, une grande partie des violences psychologiques (62,2 %) et économiques (66,7 %) que subissent les femmes sont perpétrées par d’autres femmes.

Les violences physiques infligées aux femmes sont principalement le fait de frères et sœurs (21,4 %), de parents (15,0 %) et d’amis ou camarades (14,9 %) durant les douze derniers mois précédant l’enquête. En ce qui concerne les violences psychologiques, ce sont les parents (22,9 %) et les amis (15,4 %) qui en sont les principaux auteurs.

CHEIKH THIAM

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