Publié le 1 Jul 2025 - 13:25
ALLA SÈNE GUEYE, PRÉSIDENT FNIS

‘’Il est fondamental que l’État investisse sur ses ressources internes pour relancer l’activité économique”

 

Président de la Fédération nationale des industries du Sénégal (FNIS), Alla Sène Guèye décrypte, pour ‘’EnQuête’’, la situation économique du pays, à la suite de la publication des rapports d’exécution budgétaire et de l’adoption de la loi de finances rectificative 2025.

 

Les rapports d’exécution budgétaire ont été publiés la semaine dernière, suivis de la loi de finances rectificative qui a été adoptée le week-end par l’Assemblée nationale. Quels sont les principaux enseignements que vous en tirez en tant qu’industriel ?

Nous en avons tiré trois enseignements principaux. Le premier est la volonté de transparence, qui a conduit à la production de ces rapports contenant beaucoup d'informations. Cela nous permet de comprendre et de formuler nos observations en tant qu'acteurs, ce qui est très important et que nous saluons. Les Sénégalais ont beaucoup parlé du retard de ces rapports, mais je pense qu'on peut le comprendre compte tenu du contexte. D’abord, c’est leur premier exercice et il y a eu aussi le rapport de la Cour des comptes comme ils l’ont expliqué. À l'avenir, je pense qu’ils seront plus ponctuels, car la ponctualité est essentielle pour la pertinence des rapports.

Quand on parle du premier trimestre, on doit pouvoir l'analyser dans le deuxième trimestre de l’année. Ça, c’est sur la forme.  

Sur le fond, le premier constat est que nous avons un budget structurellement déficitaire. Au premier trimestre 2025, ce déficit est évalué à 391 milliards F CFA, ce qui correspond à 3,8 % des ressources. Juste pour le premier trimestre.

Par rapport aux taux d’exécution, c’est globalement satisfaisant. Même si, pour les recettes, nous sommes à un taux de réalisation de 21,4 %, donc en deçà des 25% qui représentent le quart de l’année. Sur les 4 794 milliards F CFA qui étaient attendus pour l'année, nous avons réalisé 1 027,8 milliards F CFA au premier trimestre. Cela s'explique, en partie, par une forte baisse notée au niveau des dons, exécutés à un taux de 3,3 % par rapport aux prévisions. Cela est dû notamment à nos relations difficiles avec certains partenaires, dont la France, l'Union européenne, le Fonds monétaire international.

D'ailleurs, nous avons constaté avec la loi de finances rectificative quelques ajustements, avec une réduction drastique de 293 milliards, soit -33,3 % des Investissements sur les ressources internes (baisse de 880 milliards à 586,9 milliards F CFA) et un accroissement de 182,2 milliards F CFA, soit +15,6 % des investissements sur les ressources externes (hausse de 1 167 milliards à 1 349 milliards F CFA).  La conséquence est une réduction nette de - 110,9 milliards F CFA (soit 17,7 %) sur les dépenses d’investissement en capital.  

Quel impact cette baisse des investissements peut avoir sur l'activité économique, le secteur privé en particulier ? 

Je pense qu’il est fondamental que l’État investisse sur ses ressources internes pour relancer l’activité économique en faisant travailler le secteur privé national, car les acquisitions sur la base des ressources extérieures sont en général des prêts liés avec des travaux à réaliser par les entreprises issues des pays prêteurs.  Il faut absolument revoir les dépenses de fonctionnement qui sont énormes, avec des agences et sociétés publiques qui engloutissent beaucoup d’argent. Prenez l'AIBD : 7 milliards F CFA de recettes, 23 milliards F CFA de charges. Cela ne peut pas fonctionner. C'est la même chose pour le TER qui a 30 milliards F CFA de recettes et 50 milliards de charges ; La Poste qui n’a que 14 milliards F CFA de recettes contre 32 milliards F CFA de charges ; DDD dont les charges de 28 milliards F CFA ne sont couvertes qu’avec 14 milliards F CFA de recettes.   L’opportunité de maintenir ces entreprises déficitaires dans le portefeuille de l’État n’est plus là et cela est en bonne partie à l’origine.

L'État doit  diminuer son train de vie et investir dans les dépenses en capital, ce qui signifie qu'il faut qu’il lance la construction d’infrastructures (routes, établissements de santé, écoles, casernes et postes pour les forces de défense et de sécurité, aménagements hydroagricoles, chemins de fer, etc.). C’est comme ça qu’on va rendre dynamique l’activité, permettre aux BTP et aux banques notamment de travailler. 

Justement, à propos des BTP, on parle beaucoup des chantiers à l’arrêt. En tant qu’organisation patronale, que pensez-vous de cette situation ?

Ce qui explique l'arrêt des chantiers de BTP, c'est d'abord la dette. Le rapport a évalué cette dette à environ 703 milliards F CFA dus au secteur privé, dont 105 milliards pour le BTP, au niveau de l'État central. Pour les organismes publics, ils traînent une dette de 202 milliards, mais la part du BTP dans cette enveloppe n'a pas été précisée dans les rapports d’exécution budgétaires publiés. Deuxièmement, il y a l’arrêt des travaux pour, dit-on, procéder à un audit. Il y a également les décisions primatoriales prises sur le foncier, car il faut savoir que le foncier est l'assiette sur laquelle les investissements privés sont réalisés. Cela signifie que même ceux qui faisaient de l'immobilier privé sont impactés. Ce qui fait que les investisseurs ont peur, les banques également, car le foncier constitue la garantie de premier rang qui leur est exigé par les accords de Bale et le régulateur de la Commission bancaire de l’UEMOA. 

Enfin, le dernier élément, c'est ce que nous venons de dire : il n'y a pas de dépenses d’investissement en capital dans le premier trimestre.  

Globalement, combien l’État doit-il au secteur privé et quel est l'impact pour les entreprises ?

D’abord, nous saluons le travail de transparence, car ils ont bien expliqué qu'il existe une dette non budgétisée. Ils ont budgétisé dans la LFI 2025 le paiement des dépenses d'investissement de cette année, mais il y a des montants des années précédentes qu'ils n’ont pas pris en compte dans la LFI.

Dans la LFR 2025, une partie a été prise en charge, mais la LFR ne prend en compte que 500,8 milliards F CFA au titre de l’Administration centrale, mais nous n’avons aucune indication sur les 202,6 milliards dus par les organismes parapublics (agences, universités, hôpitaux, collectivités locales, etc.) au secteur privé.

Ces arriérés de paiement vis-à-vis du secteur privé sont une situation que l’État doit absolument arrêter.  Nous ne pouvons pas avoir une situation chronique où chaque année, le privé se plaint d'arriérés de paiement sur plusieurs exercices et est obligé de se financer auprès des banques. Lorsque vous remportez un appel d'offres avec une marge de 15 %, c'est déjà très juste. Si vous travaillez avec la banque qui vous prête de l'argent avec un taux de 10 à 12 %, vous ne gagnez rien. C'est pourquoi l'État doit s'asseoir avec nous. Nous avons des solutions pour que cette situation ne se reproduise plus. Depuis que nous sommes dans le secteur privé, l'État ne cesse de nous devoir de l'argent sur plusieurs exercices et ces arriérés de paiement peuvent traîner parfois sur deux ou trois ans.

Que faire pour régler définitivement ce problème ?

Premièrement, il faut diminuer le train de vie de l’État afin de dégager plus de marges de manœuvre budgétaires. Déjà, il y a les salaires qui représentent 1 485 milliards F CFA. C'est trop, avec des milliers de fonctionnaires compétents mis au frigo, beaucoup d’anciens préfets, de sous-préfets, de gouverneurs et aussi des ingénieurs, des comptables, etc., sont mis au frigo et sont payés pour ne pas travailler. Il est urgent de faire des réformes sur ce point.

On parle, par exemple, des huit pôles territoriaux qui doivent être mis en place. Il faut le faire. Vous verrez que dans certaines régions de Chine, si deux petites provinces sont côte à côte, il n'y a qu'un seul gouverneur qui supervise les deux.

L’autre grande niche, c’est dans les trois secteurs qui emploient le plus de personnel. C’est l’Éducation, la Santé et la Défense et la Sécurité. Ces trois secteurs représentent 94 % de la masse salariale de 1 485 milliards F CFA. 

Au niveau de la santé, nous pouvons transférer au secteur privé tout ce qui est non clinique. Dans un hôpital, il y a le service clinique (médecins, infirmiers, sages-femmes, laborantins) que l'État doit conserver. Mais l'accueil, le gardiennage, le nettoyage, la restauration, la buanderie, on peut les mettre en PPP de services. C’est déjà le cas dans de nombreux hôpitaux qui ont eu recours à la sous-traitance pour assurer le nettoyage et la sécurité de leurs établissements. Nous devons aller plus loin : confier au secteur privé la comptabilité, la buanderie, la cuisine, l’accueil, la maintenance, etc. Le secteur privé peut même utiliser ces infrastructures pour offrir d'autres services, comme optimiser la cuisine de l'hôpital pour des services extérieurs ou la cafétéria. L'État se désengagera ainsi de ce personnel non clinique qui fait des grèves.

En ce qui concerne l'Éducation nationale, c’est 54 % de la masse salariale. Il faut savoir s’arrêter. L'État a le devoir d'assurer 10 ans de scolarité, de la CI au BFEM, comme le prévoit la loi. C'est sur ces 10 ans que l'État doit se concentrer. Les autres niveaux doivent être confiés au secteur privé, de manière intelligente.

Est-ce que vous avez tenu compte du fait que l’école constitue aussi un facteur d’égalité des chances et que tout le monde n’a pas de quoi payer la scolarité de son enfant ? 

Oui, je vais en venir. Chaque année, il y a 150 000 jeunes qui ont le BFEM. L'État pourrait en orienter 50 000 vers la formation en alternance : quatre jours en entreprise et un jour à l'école pour l'enseignement général (géographie, philosophie, etc.). Cela désengorgerait les lycées d'un tiers de leurs effectifs, car certains jeunes ne sont pas faits pour l'université. Il faut très tôt les orienter vers les métiers : la plomberie industrielle, le soudage, la menuiserie bois, le travail des métaux, etc. Le deuxième tiers pourrait bénéficier de chaque éducation de l'État, pour ceux qui veulent aller au lycée. L'État donnerait un chèque à l'élève pour sa scolarité, ce qui déchargerait l'État des professeurs de ces lycées.

Pour le dernier tiers, l'État peut le garder : ce sont les lycées d'excellence comme Mariama Ba, le lycée de Diourbel, le prytanée militaire, les Lynaq, etc., car nous avons besoin d'ingénieurs, de magistrats, de hauts cadres, etc.

Actuellement, la durée moyenne de scolarité d'un Sénégalais est de 3,5 ans, même pas 4 ans, ce qui signifie qu'un Sénégalais moyen n'a pas le niveau de CE2.  Nous pensons que l’État doit se concentrer sur ces 10 années et garantir les 10 ans à chaque Sénégalais. Continuer de payer jusqu’à l’université pour certains et ne pas garantir le minimum de 10 ans de scolarité à chaque enfant, je pense que c’est ce qui n’est pas juste.  Il faut faire en sorte que chaque enfant de 6 ans soit inscrit en CI, quoi qu'il en coûte, et le maintenir à l’école jusqu’au BFEM. Aucun enfant ne doit être dans la rue. Après, l’État peut se désengager partiellement au lycée et à l’université.

Pour favoriser l’équité, l’État prendrait en charge l’éducation d’excellence, orienter certains vers les métiers professionnels d’avenir et donnerait des chèques au dernier tiers. Non seulement c’est des économies importantes sur la masse salariale, mais aussi on règle le problème de tous ces étrangers qui viennent profiter de ce système éducatif gratuit de notre école publique. Les effectifs au lycée augmentent de manière disproportion par rapport au nombre de diplômés au BFEM d’année en année. 

Quid du secteur de la sécurité ? 

C’est le dernier point. Toutes les armées modernes, je dis bien toutes, ont des militaires pour le combat, mais le gardiennage, la maintenance du matériel roulant, le nettoyage, la cuisine, etc., peuvent être confiés à des sociétés privées en PPP de services. Nous n'avons pas besoin de militaires pour les activités de soutien… Le recours au paramilitaire dans des PPP de services peut arriver au même résultat avec un coût inférieur.  Les armées modernes le font déjà. En Allemagne, l'armée fait du PPP de services paramilitaires sur l’essentiel des activités supports de son armée (maintenance, logistique, gardiennage, restauration, transport et l'État garde les militaires de combat, les parachutistes, les conducteurs de chars de combat, les pilotes d’avion, qui sont des activités purement militaires. 

Au niveau des forces de sécurité, le Sénégal a commencé faire recours à des ASP qui assistent les policiers, mais ce n’est pas des PPP de services. C'est une bonne chose, car cela allège les tâches des forces de sécurité. Ils ne peuvent pas verbaliser, mais ils peuvent aider le policier dans certaines tâches. La police de New York est privatisée.

Des calculs que nous avons faits, nous pouvons vraiment réduire les dépenses. L'État paie des gens qui ne font rien. Si nous faisons cela, nous pouvons réduire de moitié la masse salariale de l’État.

L'autre problème est que l'UEMOA a déclaré que les charges salariales sur les recettes fiscales ne doivent pas dépasser 35 %. Nous sommes à 37 % dans le rapport d’exécution budgétaire du premier trimestre 2025.  Nous avons dépassé le plafond de 35 %, car les charges salariales s'élèvent à 357 milliards sur 960 milliards F CFA de recettes fiscales. 

Et comparé aux autres années, est-ce que ce critère était déjà dépassé ou pas ? 

Nous étions justes, en deçà de  35 %. Maintenant, nous avons crevé le plafond, ce qui n'est pas normal. Il faut redescendre en dessous de 35 %. C'est le premier aspect. Nous recommandons donc les partenariats public-privé (PPP) de services où le privé rend un service à l'État avec ses propres moyens. Le fait que l'État se décharge du personnel signifie qu'il se décharge des cotisations sociales, des véhicules, des bureaux, des consommables de bureau, etc., qu'il devait leur fournir. L'État améliorera ainsi la qualité de la dépense publique 186 000 salariés de l'État, pour administrer quoi ? Pour administrer combien de personnes ? Et 1 485 milliards F CFA de salaires. C’est trop. 

On sait que l’État est aussi confronté au problème de l’emploi. Le privé, lui, il va chercher du profit. Est-ce que cette option ne va pas booster le chômage ?

Le privé va les embaucher. Il n'y aura pas de pertes d'emploi, au contraire, il y aura plus d'emplois. On règle déjà le problème du ratio UEMOA de 35 % et l'État paiera une prestation au lieu d'un salaire, car il reçoit un service. Le privé peut optimiser ce travail. Il peut faire en sorte que cette même personne puisse être en rotation sur d'autres tâches, car nous ne sommes pas certains que cette personne ne peut pas être rendue plus productive. Un privé est redoutable. Si l'État vous fait travailler à 50 % de vos capacités, le privé vous fera travailler à 90 % de vos capacités objectives.

Nous avons aussi constaté qu'une bonne partie des investissements proviennent des financements extérieurs. Est-ce que cela ne traduit pas une certaine faiblesse de notre secteur privé national ?

Vous savez, le fait que l’État aille sur le marché financier régional va assécher les ressources financières au titre des crédits à l'économie destinés aux ménages et aux entreprises. C'est pourquoi je dis que l'État devrait s'orienter vers les ressources extérieures en euros. Les ressources des banques et des compagnies d'assurance sont destinées à financer l'économie, pas l'État. Mais il y a plusieurs contraintes. La réglementation bancaire est bien plus souple quand il s’agit de prêter à l’État. Parce que le régulateur n’exige pas aux banques de provisionner les crédits ou de prendre des garanties lorsqu’il s’agit de l’État. On ne demande pas aux banques d’augmenter le ratio de capital selon l’Accord de Bâle lorsqu’elles prêtent à l’État.  Si l’État fait recourt donc à ce marché, les banques vont préférer prêter à l’État, ce qui crée un effet d’éviction. L’autre intérêt d’aller sur le marché extérieur en euro, c’est que ça permet d’avoir des devises et on en a besoin pour financer notre déficit structurel de balance courante.

Sauf qu’avec la situation des finances publiques, les taux sur le marché international sont énormes, entre 10 et 13 %, dit-on.

Je pense qu’il est temps de se reconnecter avec la France qui reste très influente au niveau du FMI. Moi, je suis convaincu que le FMI a donné à cette affaire de ‘’mis reporting’’ des proportions qu’elle n’aurait pas dû prendre. Techniquement, le risque Sénégal ne reflète pas cette posture du FMI et les taux de rendus observés sur les eurobonds du Sénégal.  Je pense que les relations tendues avec la France en sont pour quelque chose, parce que la France y reste très influente. Depuis sa création, il y a eu 12 directeurs généraux. Les cinq sont français, quatre intérimaires de courte durée qui sont des Américains et trois qui ne sont pas français. Pour les Américains, c’est la Banque mondiale. On ne peut pas avoir des relations heurtées avec la France et l’Europe, et penser qu’on peut avoir de bonnes relations avec le FMI. Il faut normaliser les rapports. Tant qu’on ne les normalisera pas, on pourra difficilement surmonter cette situation. Nous avons tout intérêt, parce le FMI nous prête en DTS à des taux qui tendent vers zéro, d’une part, et, d’autre part, la certification de nos comptes publics par le FMI permet de faciliter la mobilisation de ressources sur les marchés financiers internationaux.

Il faut aussi dire que ce sont les autorités sénégalaises qui ont été les premières à donner à cette affaire cette gravité.

On a effectivement jeté de l’huile sur le feu. Moi, je pense que le régime de Macky Sall n’était pas dans une dynamique de payer cette publique. Et les arguments ne manquent pas, parce que certains n’ont pas fait les diligences minimales. C’est une dette illégale dans certains cas, car ayant été contracté en dehors des LFI. Mais aller prendre cette dette illégale et intégrer ça dans nos comptes, ça pose problème. 

Le gouvernement s’est engagé à réduire le déficit. Pensez-vous que nous sommes sur la bonne voie ?

Le ministre des Finances a promis, dans le DPBE de 2026 à 2028, de faire passer le déficit budgétaire de 7,8 % en 2025 à 5 % en 2026 et ensuite à 3 % dès 2027.  Pour arriver à ce résultat, ce document annonce un accroissement de +958,8 milliards F CFA des ressources budgétaires sur les trois prochaines années, en passant de 4 665,9 milliards F CFA en 2026 à 5624,7 milliards F CFA en 2028 contre un accroissement moindre des dépenses publiques de +621,2 milliards F CFA, en passant de 6 213,1 milliards F CFA en 2026 à 6834,3 milliards F CFA en 2028.  Cela permet au DPBE de dégager sur les trois prochaines années une marge de manœuvre budgétaire de +337,6 milliards F CFA à effectuer à la réduction du déficit budgétaire.

 Il faut noter, au demeurant, que l’État du Sénégal est obligé d’emprunter, en 2025, d’une part, le déficit de 1 600,4 milliards de LFI 2025 revus à 1 695,9 milliards F CFA dans la LFR 2025 et, d’autre part, les 2 923,4 milliards F CFA pour le principal de la dette publique à rembourser dans la LFI 2025 et revue à 3 384,1 milliards F CFA dans la LFR 2025 ; soit 5 080 milliards F CFA à emprunter pour la LFR 2025.  Ensuite, il y a les prêts rétrocédés et autres qui portent les nouveaux emprunts de la LFR 2025 à 5 715,5 milliards F CFA. C’est énorme. 

Pour réduire le déficit budgétaire, l’État semble beaucoup compter sur la mobilisation des ressources fiscales, avec une pression fiscale qu’ils veulent porter à 20 %. Je pense qu’il faut plutôt jouer sur les dépenses de fonctionnement et les ressources non fiscales : les ressources naturelles, les produits financiers, les dividendes sur les sociétés nationales, au lieu de continuer de les subventionner, réduire progressivement les subventions sur les intrants agricoles en les substituant à des Smart Subsides. Pourquoi la Sonatel gagne de l’argent et non La Poste avec le potentiel du e-commerce ? DDD ? L’AIBD. On ne peut pas mettre la pression sur l’entreprise et les ménages à payer des impôts et aller financer des entreprises publiques moribondes et à gouffre d’argent public. 

Comment l’entreprise ressent-elle cette pression ?

Prenons l’exemple des industriels : ils ne représentent que 11 % des entreprises, mais supportent près de 40 % de la charge fiscale au titre de l’IS. Pourquoi ? Parce qu’ils sont facilement identifiables, contrairement à certains commerçants qui arrivent à passer entre les mailles du filet. Certains n’ont même pas d’adresse connue.

Je pense qu’il y a un acharnement sur les industriels et cette situation doit être sérieusement examinée. Nous n’en pouvons plus. Cela risque tout simplement de pousser l’industrie vers d’autres pays comme la Côte d’Ivoire et ça a déjà commencé. D’ailleurs, les principaux contentieux fiscaux concernent presque toujours les industriels.

Que pensez-vous du débat autour des agences ? 

D’abord, il y a un flou autour du nombre d’organismes publics. Au 31 décembre 2024, on parlait de 163 agences. Et pourtant, au premier trimestre suivant, on en recense 176. Il n’y a pourtant pas eu de créations officielles. L’État n’arrive pas à maîtriser le nombre d’agences. Il nous faut de l’exhaustivité, de la transparence et cela fait défaut.

Ensuite, il y a plusieurs agences qui peuvent être regroupées. Je dis souvent qu’il y a trop de médecins autour du même malade. On nous a mis l’Apix qui, au lieu de faire de la promotion des investissements, s’occupe plus d’infrastructures. Ces dernières devraient relever de leur ministère de tutelle. La Chambre de commerce, de son côté, fonctionne sans élections.

L’ADEPME, c’est l’ancienne Sodepi, qui s’occupait de l’industrie, de la garantie, etc. Depuis, on a créé l’Asepex, l’ADPME, le Fongip… Tout cela pourrait être regroupé en une seule entité pour plus d’efficacité et d’efficience. C’est fondamental si nous voulons faire face efficacement aux défis. 

L’autre problème majeur avec ces organismes, c’est la gouvernance des organismes publics. Nous avons un vrai problème de gouvernance avec les organismes publics. Je salue d’ailleurs le courage du Premier ministre qui l’a reconnu.  Mais il faut que cela soit suivi d’actes. Nous avons besoin de PCA forts dans certains organismes publics.  L’État nous a habitués à des DG politiques forts et à des PCA faibles sans expérience pertinente dans leur secteur d’activité. Résultat : certains DG ne rendent compte qu’aux plus hautes autorités.

Par Mor Amar 

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