Célébration d’un demi-siècle d’art et de sagesse sur scène

La salle de spectacle de l’Institut français de Saint-Louis a vibré d’émotion samedi dernier, où fans, universitaires, artistes et représentants du ministère de la Culture ont donné le coup d’envoi de la célébration des cinquante ans de carrière de Souleymane Faye, figure légendaire de la musique sénégalaise. Entre rythmes et réflexion, l’événement a posé les bases d’un hommage à la fois artistique et scientifique à celui que beaucoup surnomment « le philosophe du micro ».
Entre hommage et réflexion, la célébration des 50 ans de carrière de Souleymane Faye promet d’être un rendez-vous majeur où la musique sénégalaise rencontrera la pensée universitaire, à l’image de celui qu’elle célèbre : un artiste, un sage, un symbole intemporel. Le comité d’organisation informe que plusieurs panels, expositions, concerts et publications seront déroulés autour d’un demi-siècle de création.
Le professeur Mamadou Dramé de la FASTEF/UCAD, paneliste et un des initiateurs du cinquantenaire, a tenu à souligner la portée symbolique de la cérémonie de lancement : « Cinquante ans de carrière, ce n’est pas donné à tout le monde. Ce n’est pas seulement une question de longévité, mais de présence dans les cœurs et dans les esprits de toutes les générations », a-t-il déclaré, saluant la fidélité du public à « Diego ».
Avant de rappeler que la célébration ne se limitera pas seulement à des concerts. « Nous voulons lui donner deux cachets : un cachet artistique, bien sûr, mais aussi un cachet scientifique. Souleymane Faye, c’est un homme de sens. Quand il chante, il enseigne. C’est un philosophe, et il faut que cela soit étudié », a soutenu M. Dramé.
Le panel tenu dans la vieille cité de Ndar n’est qu’un avant-goût du programme riche qui jalonnera l’année 2026. Il marque le pré-colloque d’un grand colloque international prévu en janvier prochain.
Un projet à la mesure de l’homme
« Déjà, des intellectuels d’Afrique, d’Amérique et d’Europe ont manifesté leur intérêt pour communiquer sur l’œuvre de Souleymane Faye. Cela démontre la valeur multidimensionnelle de Diego. L’artiste ne peut pas commenter son œuvre. C’est à nous, critiques et universitaires, de le faire », a précisé le professeur de la FASTEF/UCAD.
Venu représenter le ministère de la Culture, le Directeur des Arts, Hugues Dias, a salué un monument vivant de la culture sénégalaise et souligné la nécessité de rendre hommage aux artistes de leur vivant. « Si nous avons des légendes comme Souleymane Faye, il faut les préserver, les valoriser et les célébrer pendant qu’ils sont là », a-t-il martelé. Le ministère, a-t-il poursuivi, entend accompagner le projet jusqu’à son terme. « Avant la fin du cinquantenaire, nous ferons tout pour publier certains de ses manuscrits et ouvrages, en partenariat avec la Direction du livre et de la lecture ».
Pour étayer ses convictions sur la préservation de nos légendes culturelles, le Directeur des Arts a également fait un parallèle évocateur. « On célèbre Bob Marley chaque 11 mai, mais il est temps de célébrer aussi nos héros à nous. La véritable solidarité culturelle, c’est cela », a déclaré Hugues Dias.
Entre applaudissements et notes nostalgiques, la salle a souvent laissé échapper des sourires émus. Le public fredonnait à voix basse quelques refrains de tubes célèbres du « Bob Dylan sénégalais », tandis que les panélistes évoquaient le poète de la rue.
Le lancement du cinquantenaire à Saint-Louis n’était pas anodin : la ville, berceau d’histoire et de culture, se voulait le point de départ d’une commémoration nationale.
Il faut signaler que le panel de lancement a été animé par les éminents professeurs Khadijatou Diallo de l’UGB, Khalilou Sy et Boubacar Kamara. Ils ont ouvert la réflexion sur l’homme et son œuvre, chacun sous un angle différent, mêlant philosophie, sociologie et esthétique.
La soirée a été clôturée par un superbe concert du monument Souleymane Faye à l’Institut français.
Ibrahima Bocar Sène (Saint-Louis)