Tanor fixe le cap
Le Haut conseil des collectivités territoriales a tenu hier, à Dakar, sa première session ordinaire de l’année 2017.
Après son adoption par voie référendaire à l’issue du référendum du 20 mars 2016, et son installation le 31 octobre de la même année, le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) a tenu hier sa première session ordinaire de l’année 2017. Cette rencontre de deux jours marque en effet le démarrage effectif des activités de cette institution. C’est d’ailleurs pourquoi le président du HCCT, Ousmane Tanor Dieng, dès l’ouverture des travaux, a enjoint l’ensemble des Hauts conseillers à s’approprier leurs missions de veille, d’écoute, d’analyse et de proposition de nouvelles stratégies de développement territorial.
‘’J’engage le Haut conseil des collectivités territoriales à travailler pour faire de l’aménagement et du développement territorial plus qu’un instrument du pouvoir central, un outil de planification ascendante mis à la disposition des pouvoirs locaux’’, déclare-t-il , tout en exhortant les Hauts conseillers à être en première ligne face aux préoccupations des élus locaux pour accompagner le gouvernement dans son ambition de territorialisation des politiques publiques.
‘’L’enjeu, c’est de nous mobiliser pour préparer les mutations. En décidant, le 20 mars 2016, de faire figurer la réforme de la décentralisation et la territorialisation des politiques publiques parmi les quinze points soumis au référendum, le Président Macky Sall a mesuré à sa juste valeur l’impérieuse nécessité pour notre pays de s’engager résolument dans la gouvernance locale et le développement territorial’’, a déclaré Ousmane Tanor Dieng.
Selon le Secrétaire général du Parti socialiste (PS), le chef de l’Etat, ‘’en choisissant cette option en rupture avec les politiques antérieures, est conscient que le chemin pour y arriver ne serait pas de tout repos’’. Car, ‘’inverser des tendances favorables au centralisme et à une gouvernance top-down est un pari sur l’avenir mais aussi sur nos capacités à surmonter tous les obstacles qui entravent l’évolution de notre pays vers le développement et le progrès social’’.
Pour Ousmane Tanor Dieng, une innovation majeure comme celle-ci ne saurait être menée sans des hommes et des femmes de qualité, expérimentés et compétents, capables de permettre d’accélérer la cadence des réformes territoriales, nécessaires à la mise en œuvre concrète des politiques publiques et en particulier du Plan Sénégal Emergent. Selon lui, ‘’le HCCT, en tant qu’assemblée consultative qui a pour mission d’étudier et de donner un avis motivé sur les politiques de décentralisation, d’aménagement et de développement du territoire, constitue le maillon qui manquait assurément à la chaîne de réformes sur la décentralisation’’.
A cet égard, il a rappelé aux Hauts conseillers les principales missions du HCCT. Qui consistent à participer au suivi de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques de décentralisation, de développement et d’aménagement du territoire ; concourir au renforcement du dialogue entre l’Etat et les acteurs territoriaux ; étudier les moyens à mettre en œuvre pour le développement des territoires et le bon fonctionnement des collectivités territoriales. Mais aussi ‘’recevoir et examiner les rapports sur le contrôle de légalité, sur le fonctionnement des collectivités territoriales et l’état de la coopération décentralisée ; élaborer un rapport annuel destiné au président de la République ; participer à l’évaluation des politiques de décentralisation, de développement et d’aménagement du territoire et donner, de façon autonome, un avis et des recommandations sur toutes les questions liées à ses domaines de compétences’’.
Plaidoyer pour la décentralisation
Ousmane Tanor Dieng, dans son allocution d’ouverture, n’a pas omis de faire un diagnostic du secteur de la décentralisation. A ce propos, il souligne que ‘’les collectivités territoriales sont encore confrontées à de multiples difficultés’’. ‘’Un découpage administratif avec plusieurs anomalies, de fortes disparités démographiques et socio-économiques, une hiérarchie urbaine marquée par la macrocéphalie, une imprécision dans les critères de création des Collectivités Territoriales et des limites territoriales’’. A ces difficultés, il ajoute ‘’les faiblesses dans l’exercice des contrôles, dans la gestion des compétences transférées, des ressources financières et humaines des collectivités territoriales’’. C’est pourquoi ils ont fait l’option, dit-il, d’adopter pour cette première session une démarche prudente et progressive qui, à terme, permettra d’être plus performants.
ASSANE MBAYE