Publié le 3 May 2022 - 16:20
ACCUSE PAR DES ACTEURS DU TOURISME

Alioune Sarr lavé à grande eau par le CHT

 

Mardi dernier, des acteurs du tourisme ont fait face à la presse et s’en sont pris à leur ministre de tutelle. Ils ont fustigé les lenteurs notées dans la gestion du Crédit hôtelier et touristique (CHT). Dans un communiqué reçu hier à ‘’EnQuête’’, le secrétaire permanent du CHT, Ismaïla Ndione, a répondu aux accusations et préciser qu’Alioune Sarr n’est en rien responsable des lenteurs  pointées.

 

Il s’est attaqué au ministre du Tourisme et des Transports aériens, mais c’est un de ses collègues qui lui apporte la réplique. En effet, au cours d’une conférence de presse tenue cette semaine, le président du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière et touristique du Sénégal (SPIHS), Mamadou Racine Sy, a accusé Alioune Sarr d’être plus au service des transports aériens que du tourisme. Il a également déclaré que le tourisme n’a pas reçu une enveloppe de 75 milliards F CFA, comme promis par l’Etat à travers le Crédit hôtelier et touristique. Monsieur Sy a également dénoncé les ‘’lenteurs et la non-effectivité des financements du Crédit hôtelier et touristique’’.

Dans un communiqué reçu hier à ‘’EnQuête’’, le secrétaire permanent du CHT a apporté des précisions. Selon Ismaïla Ndione, dans le comité qu’il dirige, il y a six membres du secteur privé touristique dont le président du SPIHS, Mamadou Racine Sy, qui y siègent. Ils ont tous ‘’participé à l’étude ainsi qu’à l’approbation de ces dossiers. Alors qu’au départ, il n’y avait que trois représentants du secteur privé, c’est avec le ministre Alioune Sarr que d’autres ont intégré le comité dont le président Mamadou Racine Sy. Cela, il est important que les acteurs du secteur le sachent de même que l’opinion’’, signale le secrétaire permanent du CHT.

Il a tenu à ajouter que ‘’nulle part, il n’y a eu d’intervention du ministre Alioune Sarr et sa responsabilité ne saurait être évoquée, encore moins engagée. D’ailleurs, les décisions de financement sont prises de manière consensuelle par le comité de gestion au terme des analyses et discussions entre toutes les parties prenantes et consignées dans un procès-verbal qui est validé par les membres avant la transmission des dossiers au niveau des banques partenaires’’. 

Pour ce qui est de lenteurs dont parle M. Sy, ‘’l’imputer au ministre Alioune Sarr, c’est lui faire un mauvais procès. Car, une fois que les dossiers sont validés par le CHT, ils sont transmis aux banques qui les examinent avec leur comité de crédit, conformément aux exigences de garantie dictées par la réglementation bancaire. A ce niveau, les banques ont clairement fait le point, à la requête du CHT, sur d’éventuels retards dans le traitement des dossiers. Ainsi, force est de reconnaitre que certains dossiers éligibles pèchent par l’absence de garanties exigées par les banques, condition sine qua non pour la mise en place des crédits. Donc, si on peut parler de lenteurs, c’est bien à ce niveau et le ministre n’y est absolument pour rien’’, assure le CHT.

Entre 2020 et 2022, le Crédit hôtelier et touristique a accordé plus de 20 milliards F CFA de prêts aux acteurs touristiques

‘’En outre, il faut noter aussi qu’entre 2020 et 2022, le Crédit hôtelier et touristique a accordé plus de 20 milliards F CFA de prêts aux acteurs touristiques (à travers le crédit classique, les fonds de résilience et le financement de la relance) et avec la pandémie, des différés de paiement ont été accordés pour le remboursement. Le ministre a toujours considéré les membres du secteur privé touristique comme des partenaires et les a toujours associés dans toutes ses initiatives’’, se félicite le HCT. 

Par ailleurs, ‘’le Crédit hôtelier et touristique, logé au MTTA, qui est un organe paritaire composé de représentants du secteur privé (SPIHS, SAVTS, FNOTSIS, Fosis) et de l’Administration, notamment le ministère chargé du  Tourisme, le ministère des Finances, le ministère de l’Economie, le ministère chargé des PME, le Fongip et le Fonsis, tient à rétablir les faits dans leur réalité devant l’opinion publique et en toute responsabilité, tout en se réservant de verser dans des polémiques ou de répondre à toute sorte  d’attaque personnelle ou de jugement de valeur’’, a précisé, d’emblée, Ismaïla Ndione .  Il a rappelé les conditions de mise en place de ce mécanisme.

‘’En effet, avec l’impact négatif de la pandémie de Covid-19 sur le tourisme et les transports aériens, l’Etat du Sénégal avait mis en place une ligne de financement de 15 milliards F CFA en faveur du secteur privé, à travers un compte de tiers logé dans le Crédit hôtelier et touristique, dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale (Pres). Ce fonds avait pour objet d’aider les entreprises du secteur à faire face à leurs besoins en fonds de roulement dont la priorité était donnée au paiement des salaires et des charges liées à l’exploitation, en leur assignant le double objectif de sauvegarder les emplois et de préserver l’outil de travail’’, a-t-il indiqué.

Ainsi, fait-il savoir, ‘’ce programme de résilience a permis de financer dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie environ deux mille acteurs et entreprises pour des montants allant de 500 000 à 600 000 000 F CFA. Les bénéficiaires de ces financements sont répartis ainsi qu’il suit : 354 établissements d’hébergement touristique (hôtels, auberges, campements, etc.) ; 123 agences de voyages ; 281 restaurants de tourisme et 1 140 artisans et guides touristiques’’.

Une ligne de financement de 75 milliards F CFA destinés exclusivement aux investissements à l’aide d’un effet de levier.

Tout cela a pu être possible grâce à l’appui de deux banques. En effet, lit-on dans la note, pour donner corps à la volonté de Macky Sall de relancer le secteur hôtelier et touristique, le ministre des Finances et ses collègues du Budget et du Tourisme et des Transports aériens ont travaillé avec deux banques partenaires, la BNDE et la NSIA Banque. Ensemble, ils ont pu mettre en place une ligne de financement de 75 milliards F CFA destinés exclusivement aux investissements à l’aide d’un effet de levier.

‘’Dans le cadre de ce mécanisme, l’Etat met en place un fonds de garantie et les banques partenaires lèvent des fonds avec un effet multiplicateur pour financer les besoins en investissement des entreprises. En 2021, l’Etat a mis en place un fonds d’amorçage de garantie de cinq milliards de francs CFA dans chaque banque partenaire, pour le démarrage du programme, condition nécessaire pour la mise en œuvre de l’effet de levier, conformément aux exigences du régulateur bancaire et des clauses obligatoires des accords de Bâle. Après la signature des conventions, les acteurs et le Comité de gestion du Crédit du transport aérien (CTA) ont choisi de rester dans le cadre du mécanisme de financement par le compte de tiers, au regard de leurs nouveaux besoins en investissement et de leur spécificité’’, informe-t-on dans la note.

Par conséquent, le montant mis à la disposition de la BNDE a été transformé en compte de tiers en faveur du transport aérien et a permis le financement des 26 entreprises dont les requêtes ont été validées par les banques pour un montant de 6 milliards F CFA.

Pour le Crédit hôtelier et touristique, 115 dossiers de demande de financement d’investissement ont été étudiés par le comité de gestion dont 47 ont été approuvés pour un montant total de 19 598 598 719 F CFA et transmis aux banques partenaires, d’après la note.

‘’De ce montant, 9 566 782 950 F CFA ont été approuvés par le comité de crédit des banques dont 4 milliards déjà mis en place’’, précise Ismaïla Ndione.

Pour lui qui dit ne pas vouloir faire dans la polémique, il n’y a rien à reprocher à Alioune Sarr et il n’y a pas débat qui vaille d’être entretenu autour du mécanisme dont il assure le secrétariat permanent. ‘’Dans un contexte où les destinations touristiques se battent pour afficher plus de sérénité, de sûreté et de sécurité, aucun autre agenda ne doit sous-tendre les initiatives dans le secteur touristique, sinon l’effectivité de la reprise de l’activité et l’atteinte des objectifs du PSE à l’horizon 2023, avec trois millions de touristes et 10 millions en 2035. Le CHT, sous les orientations du ministre Alioune Sarr, restera concentré avec sérénité sur ces objectifs’’.

MAMADOU RACINE SY A ALIOUNE SARR

‘’Nous notons que vous vous caractérisez par votre humilité et votre disponibilité à notre endroit’’

Le président du patronat du tourisme, Mamadou Racine Sy, prenait part, hier, à la cérémonie de lancement de la plateforme E-learning Safe Sénégal, présidée par le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr. Il a profité de cette occasion pour renouveler son amitié au ministre et demander une audience.

‘’Je vais commencer, actualité oblige, par réaffirmer  notre amitié et nos sentiments fraternels. Nous notons que vous vous caractérisez par votre humilité et votre disponibilité à notre endroit. Ça, nous tenons à le dire et cela ne nous empêche pas, à chaque fois qu’il y  a des choses qui ne vont pas, de le dire. Nous tenons fortement à magnifier l’amitié et le respect que nous avons à votre égard. Nous ne pouvons pas être dans une logique de confrontation, bien au contraire. Nous sommes dans la logique d’une vision partagée. Je suis certain que vous réunirez bientôt votre famille pour essuyer les larmes, parce que nous avons des choses à dire et nous les dirons dans le secret de votre bureau. Nous restons persuadés que ce sera sous peu’’, a-t-il dit.

Par ailleurs, E-learning Safe Sénégal est une plateforme co-développée par l'ASPT et le groupe Veritas. Elle offre un programme de formations innovantes aux acteurs, dans les métiers du tourisme, de la restauration, de l'hôtellerie, du guidage touristique et des agences de voyages.

MAMADOU DIOP

 

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