Publié le 21 Dec 2012 - 13:04
AFFAIRE HISSÈNE HABRÉ

Le PDS dépose une motion de censure contre le gouvernement

 

Le groupe parlementaire des Libéraux et Démocrates et des non-inscrits annonce avoir déposé sur la table de l’Assemblée nationale une motion de censure contre le gouvernement d’Abdoul Mbaye. Me Ousmane Ngom, joint par EnQuête, explique cette décision par le fait que le nom du Premier ministre soit mêlé à l’affaire des milliards qu’aurait détournés l’ex-président tchadien. «L’origine illicite de ces fonds étant incontestable, nous pensons que le présence de Abdoul Mbaye à la tête du gouvernement fait courir au Sénégal de gros risques.»

Pour l'ancien ministre de l'Intérieur, il ne fait pas de doute que le Premier ministre sénégalais pourrait être «appelé comme témoin par les parties civiles et par Hissène Habré lui-même». C'est donc pour éviter que le «Sénégal soit dans l’embarras» que le PDS a décidé de faire tomber le gouvernement actuel.

 

Selon nos informations, cette motion de censure a également été signée par les députés El Hadji Diouf, Mamadou Diop Decroix, Khadim Thioune, tous des élus non inscrits. «Il fallait avoir le 10e des membres de l’Assemblée nationale», signale-t-on. Interpellé sur la question, Moustapha Diakhaté, le président du groupe parlementaire BBY a ironisé. «Les Libéraux veulent qu’on parle d’eux, moi c’est le Sénégal qui m’intéresse», dit-il. Bien plus optimiste, Modou Diagne Fada, patron des députés libéraux. «La motion de censure peut bien passer» à l’Assemblée. «Qui nous dit que le Premier ministre (Abdoul Mbaye) est apprécié par tous les députés de la majorité ?» se demande-t-il.

 

«Ousmane Ngom peut être poursuivi»

 

Pour sa part, Djibril War, président de la Commission des lois relativise. «Les libéraux ont le droit de déposer une motion de censure car la loi le leur permet. Dans le fond, je suis quand même surpris de l’attitude de Me Ousmane Ngom qui, lors du vote du projet de loi à l’Assemblée hier, disait que le Sénégal est certes un pays hospitalier, mais ne pouvait cautionner l’impunité. (Alors) je ne comprends pas qu’il vienne aujourd’hui parler de motion de censure.» Puis il défend le Premier ministre.

 

«S’il est établi qu’il soit receleur comme ils (les Libéraux) veulent le faire croire aux gens, il faut savoir que Abdoul Mbaye, en tant que directeur de la BIAO n’est aucunement responsable ; il n’avait fait que son rôle qui était prendre des dépôts et faire des prêts. Ensuite, s’il y a anomalie, la BCEAO et le ministère des Finances de l’époque ne l’auraient pas autorisée.» En conclusion, Me War avertit que «Me Ousmane, qui est un homme de droit, pourrait même être poursuivi pour outrage envers les institutions.»

 

Pour rappel, l’Assemblée nationale a adopté mercredi le projet de loi autorisant le président de la République à ratifier l’accord entre le Sénégal et l’Union africaine sur la création des chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises pour juger l’ex-dirigeant tchadien en exil au Sénégal depuis 1991.

 

 

DAOUDA GBAYA