Publié le 29 Jul 2024 - 15:17
ALIMENTATION INADÉQUATE

Salémata, Ranérou, Goudiry et Podor viennent en tête

 

Le rapport de l’enquête de suivi de la situation alimentaire (ESA-8) a montré que les départements de Salémata (28,6 %), de Ranérou (25,6 %), de  Goudiry (21,8 %) et de Podor (21,2 %) enregistrent les proportions les plus élevées de ménages ayant une consommation alimentaire inadéquate. D’autres informations concernant le déficit alimentaire ont également été renseignées par le même document ainsi que des recommandations.

 

Des enquêtes de suivi de la situation alimentaire sont organisées par le Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (SE-CNSA) afin de renseigner les indicateurs de résultats de la consommation alimentaire et des moyens d’existence ainsi que certains facteurs contributifs relatifs à la disponibilité, à l’accès, à l’utilisation et à la stabilité des aliments. C’est dans ce contexte que le huitième passage de l’enquête de suivi de la situation alimentaire (ESA-8) a été organisé au mois de janvier 2024 par le SE-CNSA, en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers.

Au total, 5 526 ménages résidant dans les 14 régions et tous les départements ont été interviewés. Ainsi, la proportion de ménages concernés par cette consommation alimentaire inadéquate (limitée ou pauvre) a régressé, passant de 15,6 % en février 2023 à 9,7 % en janvier 2024. Cette situation satisfaisante pourrait s’expliquer par la baisse notable des prix des denrées de première consommation suite aux mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la vie chère.

La consommation alimentaire des ménages est moins satisfaisante en milieu rural qu’en milieu urbain. Une proportion de 10,2 % des ménages ruraux a déclaré avoir une consommation alimentaire pauvre ou limitée, contre 6,8 % en milieu urbain. Les départements de Salémata (28,6 %), de Ranérou (25,6 %), de Goudiry (21,8%) et de Podor (21,2 %) enregistrent les proportions les plus élevées de ménages ayant une consommation alimentaire inadéquate.

La consommation alimentaire ‘’acceptable’’ au niveau national se caractérise par une prédominance de la consommation de sucre et autres produits sucrés (18,8 %), des produits céréaliers et des tubercules (16,3 %), de la viande, du poisson et des œufs (13,6 %), des légumes frais et feuilles vertes (12,2 %) et des légumineuses (10,5 %).

À l’échelle départementale, la faim modérée ou sévère a été plus ressentie par les ménages résidant dans les zones suivantes : Salémata (57,8 %), Ziguinchor (49,9 %), Dagana et Saint-Louis (46,5 %), Kédougou (35 %) et Sédhiou (28,2 %). Dans ces localités, plus de 25 % des ménages ont vécu une expérience de faim modérée ou sévère.

En outre, il faut noter que Ziguinchor (2,3 %) est la région où il y a plus de ménages éprouvant une sensation de faim sévère, suivie des départements de Saraya (1,4 %), de Dagana et de Saint-Louis (1,3 %), de Podor (0,8 %) et de Kanel (0,5 %).

À l’échelle nationale, les ménages ont plus recouru aux stratégies ‘’vendre le bétail de façon non durable’’ avec plus d’un ménage sur deux (55,3 %) concernés. Les stratégies ‘’vendre les biens productifs’’ et ‘’emprunter de l’argent’’ sont également adoptées par les ménages avec respectivement 16,5 % et 11,9 % des ménages concernés.

Par ailleurs, selon la même source, une proportion de 6,7 % des ménages affirme être confrontée à des difficultés d’ordre alimentaire. Cette situation les incite, selon le rapport, à adopter un certain comportement alimentaire, utilisant des stratégies telles que : ‘’Consommer des aliments moins appréciés, car moins chers’’ et ‘’emprunter des aliments ou dépendre de l’aide des proches’’ avec respectivement 54,4 % et 25,6 %.

Quant aux stratégies de moyens d’existence, selon la note, au moins 14 % des ménages estiment être confrontés à des difficultés liées à leurs moyens d’existence en adoptant les stratégies suivantes : ‘’Vendre le bétail du ménage de façon non durable’’ avec 55,3 %, ‘’vendre les biens productifs du ménage’’ avec 16,5 % et ‘’emprunter de l’argent pour acheter de la nourriture’’ avec 11,9 % pour subvenir aux besoins alimentaires du ménage.

S’agissant de la diversité alimentaire, au moins 10 % des ménages enquêtés déclarent avoir consommé au plus quatre groupes d’aliments lors des 24 heures ayant précédé le passage de l’agent enquêteur. En ce qui concerne l’échelle domestique de la faim, 10,9 % des ménages sénégalais ont déclaré avoir vécu, au moins une fois, une expérience de faim durant les 30 jours ayant précédé le passage de l’agent enquêteur. Cette situation est plus accentuée chez les ménages urbains (13 %) que chez les ménages ruraux (10,5 %).

L’année de consommation alimentaire 2023-2024, d’après la même note, est globalement marquée par une hausse de la production céréalière, une fluctuation des prix des denrées alimentaires, un bilan fourrager déficitaire dans 19 départements sur les 42 suivis et une baisse de la production halieutique dans sept régions sur les 12 concernées.

La production halieutique, d’après le document, est en nette baisse par rapport à la moyenne des cinq dernières années dans certaines zones où les pêches maritimes et continentales sont bien pratiquées. Il s’agit des régions de Dakar (-21 %), Thiès (-18 %), Louga (-41 %), Kaolack (-30 %) et Sédhiou (-15 %) où les populations pratiquent cette activité comme moyen d’existence, mais aussi pour la consommation alimentaire.

Une hausse généralisée des prix des céréales (22 %), des légumineuses (30,7 %) et du bétail (40 %) est notée au niveau national, rendant ainsi l’accès économique aux aliments assez difficile.

Le disponible fourrager n’est pas satisfaisant du fait d’un bilan fourrager déficitaire notamment dans certaines zones à vocation pastorale.

Ainsi, les départements de Podor (-100 %), de Mbirkilane (-100 %), Kébémer (-100 %), de Matam (-91,9%) et de Linguère (-37,4 %) sont entre autres départements ayant enregistré des déficits fourragers notoires.

Le statut des chefs de ménage

Les chefs de ménage interrogés sont pour la plupart des monogames (57,4 %), des polygames (28,4 %) et des divorcés/veufs (12,3 %) au niveau national.

En outre, l’enquête de suivi de la situation alimentaire des ménages a permis de couvrir une proportion de 79,8 % de chefs de ménage sénégalais hommes, qui sont plus représentés en milieu rural (82,3 %) qu’en milieu urbain (65,6 %). Cette situation révèle que les ménages sénégalais restent dans un régime patriarcal, bien que 20,2 % des ménages soient dirigés par des femmes, surtout en milieu urbain, avec 34,4 %.

Les chefs de ménage interrogés sont pour la plupart des monogames (57,4 %), des polygames (28,4 %) et des divorcés/veufs (12,3 %) au niveau national. Les proportions enregistrées pour les trois statuts matrimoniaux précités illustrent une situation quasi similaire entre le milieu rural et le niveau national. Les ménages urbains se caractérisent certes par une prédominance des monogames et polygames, mais ils déclarent également plus souvent le statut de divorcés ou veufs (16,8 %) que le niveau national.

L’enquête révèle que les femmes cheffes de ménage (62,2 %) sont plus souvent monogames, tandis que les hommes chefs de ménage (30 %) s’adonnent plus au régime polygame.

Par ailleurs, les chefs de ménage veufs ou divorcés sont légèrement plus représentés par des hommes (12,6 %), avec seulement un point de pourcentage de plus que les femmes.

Les chefs de ménage ayant une activité personnelle résident majoritairement en milieu rural (53,4 %), sont plus souvent des femmes (52,5 %) et sont pour la plupart âgés de 35 à 65 ans (au moins 57 %).

Le niveau d’instruction du chef de ménage renseigne sur ses aptitudes intellectuelles à s’initier à des tâches requérant ces capacités, comme pouvoir s’exprimer, lire et écrire dans différentes langues. Les données collectées lors de ce passage ont révélé que les chefs de ménage ayant suivi uniquement l’enseignement coranique sont majoritairement représentés au niveau national avec 46,7 % des ménages. Le niveau d’instruction reste faible au niveau national, car seuls 29,8 % des chefs de ménage interrogés ont déclaré avoir suivi une éducation académique.

Les femmes cheffes de ménage ont plus souvent suivi une éducation académique, du niveau élémentaire jusqu’au niveau moyen et secondaire que les hommes, avec respectivement 21,1 % et 12,4 %. L’analyse révèle une prédominance de l’enseignement coranique (50,1 %) chez les chefs de ménage ruraux et aussi des proportions de 15,8 % et 8 % pour les enseignements élémentaire et moyen/secondaire.

Plus de huit ménages sur 10 interrogés (85,2 %) déclarent avoir accès à des sources d’eau de boisson améliorées. L’accès à des types de toilettes améliorées reste faible avec près de trois ménages sur quatre (72,9 %).

En plus de cela, il faut noter que 68,6 % des ménages utilisent des sources d’énergie de cuisson améliorées.

Les difficultés d’accès à une source d’eau améliorée sont plus notées dans les départements de Médina Yoro Foulah (46,6 %), Kolda (37,5 %), Goudiry (36,2 %), Vélingara (34,2 %) et Sédhiou (30,2 %). Les ménages des départements de Médina Yoro Foulah (94,1 %), de Kolda (83,7 %), de Vélingara (82,8 %), de Salémata (79,8 %) et de Saraya (77,5 %) éprouvent des difficultés pour accéder à des types de toilettes améliorées. L’accès à des sources d’énergie de cuisson améliorée reste difficile dans certaines localités du pays, surtout dans les départements de Kédougou (51,9 %) et de Goudiry (50,8 %) et dans la région de Ziguinchor (50,6 %).

Approvisionnement en denrées alimentaires

Plus d’un ménage sur quatre (29,3 %) déclare avoir des difficultés d’accès physique aux marchés d’approvisionnement en denrées alimentaires. L’analyse, selon le rapport, révèle qu’en janvier 2024, cet accès est plus difficile chez les ménages ruraux, soit 30,6 % des ménages enquêtés contre 22,3 % des ménages urbains.

Au niveau national, la principale raison des difficultés d’accès aux marchés éprouvées par les ménages est l’éloignement.

Les ménages qui subissent plus de difficultés d’accès physique aux aliments sont plus localisés en milieu rural avec 20,5 % et dans les départements de Kébémer (70,2 %), Fatick (61 %) et Goudiry (52,7 %). En effet, ces ménages parcourent plus de 5 km pour s’approvisionner en nourriture.

Selon le département, les ménages ont également évoqué des difficultés d’accès économique aux aliments. Il s’agit principalement des départements de Foundiougne (86,5 %), de Dakar (77,8 %), de Saraya (78,2 %), de Podor (71,8 %), de Bakel (71,8 %), de Louga (68 %) et de Malem Hoddar (62,5 %) où plus de trois ménages sur cinq (soit plus de 60 %) éprouvent des difficultés d’accès économique aux aliments.

La perception du revenu total du ménage permet d’apprécier l’évolution qualitative de leur revenu. En effet, au plan national, les ménages ont indiqué avoir vécu une baisse du montant de leur revenu au cours des trente jours ayant précédé le passage de l’agent enquêteur. Quant à la baisse du revenu total du ménage, elle affecte au moins un ménage sénégalais sur quatre. Ainsi, des disparités importantes sont notées entre les ménages ruraux et urbains. Une proportion de 27,2 % des ménages urbains affirment avoir subi une baisse de leurs revenus totaux, tandis qu’elle est de 24,5 % pour les ménages ruraux. Cette baisse de revenu affecte plus les ménages résidant dans le département de Salémata (50,1 %) et dans les régions de Ziguinchor (59,8 %) et de Kaolack (51,8 %).

Seuls 7,8 % des ménages sénégalais consacrent plus de 65 % de leurs dépenses à l’alimentation. Le rapport a montré que la part des dépenses alimentaires permet d’apprécier la qualité du pouvoir d’achat du ménage. C’est un indicateur d’accès à l’alimentation calculé en faisant le ratio entre les dépenses consacrées à l’achat de nourriture et les dépenses totales du ménage. Plus cette part des dépenses alimentaires augmente, plus le ménage est vulnérable économiquement, suivant une échelle allant de 0 à 100. On peut distinguer alors quatre différentes catégories, selon le niveau de sévérité, afin de mieux apprécier la qualité du pouvoir d’achat du ménage.

L’analyse constate que seuls 7,8 % des ménages sénégalais consacrent plus de 65 % de leurs dépenses à l’alimentation.

Selon le milieu de résidence, les ménages ruraux (7,9 %) consacrent une part relativement plus importante des dépenses alimentaires que les ménages urbains (7,4 %). Du point de vue départemental, Vélingara enregistre la proportion la plus élevée de ménages qui allouent plus de 65 % de leurs dépenses à l’alimentation avec 48,2 %.

Par ailleurs, plus de 14 % des ménages des départements de Koumpentoum (17,3 %), de Goudiry (16,5 %), de Salémata (16,3 %), de Podor (14,9 %) et de la région de Thiès (24,2 %) déclarent avoir consacré plus de 65 % de leurs dépenses à l’alimentation, lors des 30 jours ayant précédé le passage des agents enquêteurs.

Durant la campagne agricole 2023-2024, près d’un ménage sur cinq (19,8 %) déclare avoir vu son revenu agricole baisser. Cette tendance baissière est plus notée en milieu rural, avec près d’un ménage sur quatre (24,5 %) concerné.

Au mois de janvier 2024, près d’un ménage sénégalais sur deux (45,1 %) déclare disposer de stocks alimentaires.

Les recommandations du rapport

Pour renverser la tendance, le rapport a émis des recommandations. L’ESA-8 a proposé plusieurs mesures : améliorer les moyens d’existence des ménages les plus vulnérables à travers la mise en place de politiques adaptées ; renforcer la construction de routes et de pistes pour faciliter aux ménages l’accès physique aux marchés ; mettre en place une politique de riposte durable face à l’insécurité alimentaire, afin d’éradiquer la pauvreté et l’insécurité alimentaire chronique ; prendre des mesures visant une amélioration du niveau de vie des ménages telles que la facilitation de l’accès des ménages ruraux à des sources d’énergie de cuisson qui préservent l’environnement ; renforcer les politiques de maintien des élèves à l’école et des programmes d’alphabétisation des ménages afin de faciliter la sensibilisation sur la bonne gestion de leurs économies et la diversification de leurs sources de revenus ; soutenir les ménages pour leur permettre de faire face à l’augmentation des prix des denrées alimentaires.

CHEIKH THIAM

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