‘’On faisait du suul bukki sulli bukki’’
L’un des objectifs de l’emprunt obligataire par appel public à l’épargne de 50 milliards de francs Cfa est ‘’d’améliorer le profil de la dette’’ du Sénégal. Car selon le ministre de l’Économie et des Finances, Amadou Kane, son prédécesseur Abdoulaye Diop ‘’faisait du suul bukki sulli bukki’’, c'est-à-dire emprunter pour payer des dettes arrivées à échéance.
Le Sénégal a lancé, hier, sur le marché financier régional de l’UEMOA, un emprunt obligataire par appel public à l’épargne sur la période 2012-2019 d’un montant de 50 milliards de francs Cfa, avec un taux d’intérêt de 6,7% et pour une maturité de 7 ans. Ce, afin de ‘’retrouver un taux de croissance fort et un PIB élevé’’, selon Gabriel Fall de CGF Bourse, un des membres du consortium arrangeur. ‘’C’est un moment qui est important, qui s’inscrit dans le cadre d’un financement sain de nos investissements (agriculture, énergie, infrastructures)’’, a ajouté le ministre de l’Économie et des Finances, Amadou Kane, qui présidait la cérémonie de lancement, en présence du nouveau ministre des Infrastructures et des Transports, Thierno Alassane Sall et d’Abdoulaye Daouda Diallo, ministre du Budget.
‘’Une augmentation très rapide’’
Une occasion saisie par le ministre Amadou Kane pour revenir sur la gestion de la dette publique sous Abdoulaye Diop. Même s’il reconnaît, à l’instar de son prédécesseur, que ‘’la dette du Sénégal est soutenable’’ bien qu’elle soit à 40% du PIB, M. Kane souligne la rapidité avec laquelle celle-ci s’est constituée entre 2005 et 2012. ‘’Ce qu’ont montré nos propres constats ainsi que des études de la Banque mondiale, c’est que nous étions en 2006, après l’annulation consentie par les partenaires étrangers et par les bailleurs de fonds multilatéraux, à 1200 milliards de francs Cfa d’endettement. En 2012, nous sommes à plus de 2700 milliards de francs Cfa. C’est une augmentation très rapide. Il reste qu’on n’est pas encore au plafond de l’endettement’’, a déclaré l’ancien PDG de la BICIS.
En effet, selon la note d’information sur l’emprunt obligataire, ‘’l’encours de la dette publique qui représentait 39,7% du PIB en 2011 devrait enregistrer une hausse de 1,4 point et s’établir à 42,1% du PIB en 2012. Cet encours est estimé à 3041,1 milliards de francs Cfa en 2012 (…). Pour 2013, l’encours devrait atteindre 3321,1 milliards de francs Cfa qui correspondrait à 43% du PIB’’.
‘’Un service de la dette très lourd’’
D’où l’un des objectifs attendu de cet emprunt obligataire qui est ‘’d’améliorer le profil de la dette’’. ‘’C’est parce que, fait remarquer Amadou Kane, les conditions dans lesquelles cette dette s’est reconstituée pour arriver à un niveau avant PPTE, c'est-à-dire le niveau avant l’annulation de 2005, ne sont pas bonnes. Ça n’a pas été une gestion des plus efficientes’’. ‘’L’endettement était à court terme, se faisait même sous la forme de Suul bukki sulli bukki (emprunter pour payer une dette arrivée à maturité, NDRL)’’, a ajouté le ministre des Finances. A l’en croire, ‘’nous avons trouvé un service de la dette qui est très lourd’’.
Aussi, a-t-il pris des mesures pour ‘’remédier’’ à cette situation ‘’en négociant très fermement avec les banques sur les taux, et en négociant avec tous les partenaires sur la durée’’. ‘’C’est comme cela que nous voulons rallonger la durée moyenne de notre endettement et diminuer le taux moyen. Et ça, il faut avoir une politique déterminée et nous l’avons. Nous avons une stratégie d’endettement à moyen terme qui a été arrêtée. Et je suis heureux de vous annoncer que nous l’avons fait’’, d’après le ministre des Finances selon qui, ‘’depuis le mois de mai, tous (les) emprunts, successivement, ont vu le taux (d’intérêt) baisser. Si les gens nous proposent des taux qui ne sont pas conformes à notre attente, nous refusons’’.
Il faut signaler que l’émission obligataire ‘’Etat du Sénégal 6,7% 2012-2019’’ porte sur un montant indicatif de 50 milliards de francs Cfa pour une maturité de 7 ans. ‘’En plus de réduire le recours aux opérations de court et moyen termes, le présent emprunt obligataire, orienté sur le long terme, permettra d’améliorer le profil de la dette (du Sénégal). Également, il contribuera à boucler le financement du budget de l’État du Sénégal au titre de l’année 2012, pour lequel des fonds cumulés de 430 milliards de francs Cfa ont été déjà mobilisés sur le marché monétaire, à la date du 11 octobre 2012’’, explique la note d’information sur cette opération.
Bachir FOFANA
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