Publié le 2 Dec 2022 - 18:44
ASSEMBLÉE NATIONALE

La souillure !

 

Alors qu’on croyait avoir touché le fond, lors de la cérémonie d’installation de la 14e législature, les députés ont franchi, hier, un nouveau palier, avec deux députés (hommes) de la coalition Yewwi Askan Wi qui ont infligé une gifle et un coup de pied dans le vendre de leur collègue de Benno Bokk Yaakaar qui, de surcroît, est une femme. Selon un communiqué des femmes parlementaires de BBY, la dame serait en état de grossesse.

 

Il ne leur reste plus qu’à prendre des armes et à s’entretuer comme des fauves dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale. On croyait avoir touché le fond à l’occasion de la cérémonie d’installation de la 14e législature, mais hier, un autre pas a été franchi dans le concours de barbarisme au Parlement. La palme a été remportée par deux députés de Yewwi Askan Wi qui n’ont trouvé rien de mieux que de s’en prendre à une dame. L’un lui assénant une gifle, l’autre un coup de pied dans le ventre.

Selon les femmes parlementaires de Benno Bokk Yaakaar, c’est un acte barbare qui mérite une sanction exemplaire. ‘’Les députés Massata Samb et Mamadou Niang seront tenus responsables de tout ce qui arrivera à notre collègue Amy Ndiaye en état de grossesse. Il est important de rappeler que les leaders de Yewwi Askan Wi, lors de leur conférence de presse, avaient exhorté leurs militants et sympathisants à attaquer physiquement l’honorable députée Amy Ndiaye. Par conséquent, ils sont les premiers responsables de ce qui est arrivé’’, fulminent-elles dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’.

À l’origine de ces incidents, il y a eu la sortie de la députée Amy Ndiaye dans laquelle elle s’attaquait au guide religieux des Moustarchidines Wal Moustarchidati, par ailleurs Président d’honneur du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur), membre de la coalition Yewwi Askan Wi. En conférence de presse dernièrement, un des responsables du parti disait : ‘’Nous tenons cette conférence à la suite des propos irrespectueux tenus par une députée à l’encontre du leader du Pur et responsable moral du dahira Moustarchidine Wal Moustarchidati. Ce dernier nous a toujours enseigné que l’Assemblée nationale ne doit pas être un haut lieu où la diarrhée de paroles ronge les parlementaires… Au niveau du Pur, il y a des choses que l’on n’acceptera jamais, ni pour ce député, ni pour son chef, ni pour personne.’’

Quand la société adoube les comportements violents

Dans cette 14e législature, les insultes et autres manques notoires de respect sont monnaie courante. Cette semaine même, lors du passage du ministre de l’Intérieur Antoine Diome, le député Abass Fall s’est le plus illustré. Répondant, selon son propos, à un responsable de la mouvance présidentielle qui leur aurait fait une leçon sur la lâcheté, il déclarait : ‘’Lui, il ne connait pas c’est quoi la lâcheté. La lâcheté, c’est quand un président de la République met les rapports d’audit sous le coude. La lâcheté, c’est quand un président de la République déclare qu’il va réduire l’opposition à sa plus simple expression. La lâcheté, c’est quand un ministre de la République, fût-il le ministre de l’Intérieur, a une épouse qui est mêlée au plus sale complot de l’histoire politique du Sénégal.’’

Très en verve, Abass Fall insistait face au ministre de l’Intérieur : ‘’La lâcheté, c’est quand nos enfants, nos femmes, nos frères sont assassinés à l’issue de certaines marches… La lâcheté, c’est quand on confisque les cartes d’électeur de citoyens pour les empêcher de voter. La lâcheté, encore une fois, c’est quand un ministre de l’Intérieur instrumentalise les préfets pour leur demander de faire des recours. C’est ça la lâcheté…’’

Telle est l’ambiance dans la 14e législature partie pour battre tous les records d’indignité de l’histoire du Parlement sénégalais. Si l’on n’y prend pas garde, les écarts verbaux comme physiques peuvent conduire à des catastrophes. C’est la conviction du coordinateur des non-alignés qui n’a de cesse rappeler la nécessité de mener un dialogue apaisé entre les différents acteurs.

Interpellé sur l’avenir de cette législature, il peste : ‘’Si on n’arrête pas le théâtre auquel nous assistons, ces députés vont installer à l'Assemblée nationale une violence porteuse de danger pour la stabilité de notre pays. Il revient aux responsables des coalitions présentes à l'hémicycle de rappeler aux élus la signification du mandat confié par le peuple souverain.’’

Tout droit vers la catastrophe

À en croire le non-aligné, le peuple doit davantage surveiller ses représentants et les sanctionner, positivement ou négativement, en fonction de leurs comportements à l’Assemblée nationale. ‘’Si les leaders ne recadrent pas les députés qui les représentent à l’hémicycle, l'opinion devra comprendre qu'ils soutiennent ces comportements désolants. Ce qui les disqualifierait de toute prétention légitime à conduire demain les destinées de notre pays’’, peste l’ancien membre de Yewwi Askan Wi.

Il faut noter que cette violence est congénitale à l’installation de cette législature. Dans les rangs de Yewwi Askan Wi, rares sont les députés qui arrivent à prendre de la hauteur pour essayer de décanter des situations de blocage. Pendant ce temps, dans la majorité, il y a des pyromanes comme Farba Ngom qui ne manquent jamais une occasion d’envenimer la situation, de mettre l’hémicycle sens dessus dessous.

Dans un article intitulé ‘’Le paroxysme de la médiocrité’’, publié le jour de l’installation, ‘’EnQuête’’ décrivait déjà ‘’un hémicycle transformé en arène de gladiateurs ; des parlementaires prêts à toutes les bassesses pour la défense de leurs chapelles respectives et non de l’intérêt supérieur de la Nation…’’.

Hier encore, les parlementaires se sont signalés de la plus triste des manières, avec des ‘’échanges d’insultes, des jets de chaises... Un décor triste dans l’enceinte de ce qui était présenté comme une Assemblée de rupture.

 

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