La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar a condamné hier un agresseur aux travaux forcés à la perpétuité. Ibrahima Diallo dit Pouthie avait participé à l’agression mortelle d’un individu, à Cambérène, en juin 2010.

Ayant emprunté le chemin de la délinquance, Ibrahima Pouthie est contraint maintenant à prendre sa retraite. Il devra passer le restant de sa vie en prison. En 2010, après l’arrestation des membres de sa bande, suite au vol d’un poste téléviseur écran plat, Pouthie avait rejoint le gang à Ngane Ndour dit Max. Mais, avec sa nouvelle bande, il n’a pas eu la même baraka. Il a été appréhendé, dans la nuit du 4 au 5 juin, à la suite d’une agression. De retour d’une séance de mbàpàt aux Parcelles Assainies, la bande a mortellement agressé le nommé Cheikh Pène.

Ce dernier revenait du siège de son ASC et raccompagnait un de ses amis. Arrivé dans une ruelle sombre, il a été ébloui par une lumière vive. Avant qu’il ne réalise ce qui lui arrivait, il a été poignardé et dépouillé de ses deux téléphones portables. Laissé à lui-même, il s’est traîné jusque devant un domicile où il s’est affalé. Plus tard, après son évacuation à l’Hôpital général de Grand-Yoff, il a succombé à ses blessures. L’enquête ouverte par la police des Parcelles Assainies avait permis d’appréhender, deux jours plus tard, le nommé Bara Tall, grâce à la géolocalisation, car il détenait l’un des téléphones volés.

Interrogé, il avait déclaré l’avoir acheté, dans la nuit du 5 juin, à 4 000 F CFA auprès d’un individu rencontré fortuitement. Parallèlement à l’enquête de la police, la famille de la victime avait mené ses investigations et appris auprès de Souleymane Diallo que Pouthie faisait partie de l’agression mortelle. Le 12 juin, il avait été conduit à la police par le frère de la victime et ses amis, alors qu’il s’apprêtait à prendre un car.  Entendu, Pouthie avait déclaré aux policiers que, de retour d’une séance de ‘’mbàpàt’’, ils ont vadrouillé à la recherche de proies. Lorsqu’ils ont croisé la victime à Cambérène,  Ngane Ndour dit Max l’a poignardé pour le dépouiller. Pour attester de sa bonne foi, il avait déclaré aux policiers qu’il avait pris ses distances vis-à-vis de ses amis, en apprenant le décès de la victime.

Hier, à la barre, l’accusé a servi la même version, excepté quelques variations. Hier, Pouthie a soutenu que Max a avoué être l’unique auteur de l’agression mortelle. Or, à l’enquête, il disait que Max était venu le lendemain leur dire : ‘’Les gars, l’individu que nous avons agressé, en lui prenant ses téléphones, est finalement décédé.’’

La défense plaide l’annulation de la procédure et l’acquittement

Ainsi, le parquet n’a retenu que la première déclaration de l’accusé qui, à ses yeux, prouve que Pouthie n’est pas innocent comme il a tenté de le faire croire, et qu’il a intégré la bande à Max pour continuer ses activités délictuelles, après le déferrement de ses compères. Quid des autres accusés qui ont fait défaut ? Le maître des poursuites a demandé que Awa Cheikh Mbow, concubine de l’accusé au moment des faits, soit condamnée à une amende de 100 000 F CFA pour non-dénonciation de crime. Car, selon le maître des poursuites, elle était au courant de l’implication active de son concubin, vu qu’elle est allée vivre avec une de ses copines, après l’agression. ‘’Le prix déraisonnable et les circonstances de l’achat font de Bara Tall un receleur’’, a poursuivi le parquetier, avant de requérir un an et une amende de 100 000 F CFA contre Souleymane Diallo.

Me Idrissa Cissé a demandé d’emblée que l’association de malfaiteurs soit écartée, car il n’y a pas eu d’entente préalable. Que son client Pouthie s’était regroupé avec ses amis pour aller à un ‘’mbàpàt’’. Le conseil a aussi plaidé l’acquittement pour le crime de vol en réunion commis la nuit avec violence ayant entraîné la mort. Pour finir, Me Cissé a réitéré sa demande d’annulation de la procédure pour vice de forme, formulée en début du procès. Les juges ont rejeté toutes ses demandes, en condamnant Ibrahima Diallo dit Pouthie aux travaux forcés à perpétuité. 

FATOU SY