Un projet de 12 ha pour la croissance
Un projet multisectoriel d’envergure visant, à moyen terme, l’autosuffisance alimentaire dans le département de Kanel, est lancé dans la commune de Sinthiou Bamambé-Banadji. Le promoteur, un jeune responsable du Pastef, a déployé de gros moyens pour offrir de l’emploi aux jeunes et endiguer le fléau de l’émigration clandestine.
L’émigration clandestine pourrait être jugulée dans une bonne partie du département de Kanel, grâce au projet de 12 ha implanté dans la commune de Sinthiou Bamambé-Banadji. Une initiative qui, déjà, met du baume au cœur des populations, après la disparition en mer, au mois de novembre dernier, de 17 jeunes du village de Bapalel, en partance vers l’Eldorado.
De l’agriculture à l’élevage en passant par la pisciculture, le projet offre une kyrielle d'emplois variés à la jeunesse locale.
Pour le promoteur Bocar Issa Ndiaye, il s'agit d'offrir des opportunités d'emploi aux jeunes du terroir. ‘’Ce projet est une réponse à la nouvelle tendance des jeunes de se lancer dans l’émigration clandestine, précise-t-il d’emblée. Les jeunes qui quittent nos localités pour l’Europe par le canal des pirogues ne sont pas immatures comme certains pourraient le penser. Ils sont au contraire conscients de la situation économique de leurs familles et sont motivés par le désir de changer les choses’’’, déclare celui est par ailleurs responsable Pastef à Sinthiou Bamambé-Banadji.
Les travaux qui ont été lancés au mois de novembre avancent à grands pas. Le forage et les installations solaires qui l’accompagnent sont déjà opérationnels. ‘’La clôture du terrain a été bouclée, il y a deux mois et maintenant le forage est opérationnel. Vous le voyez derrière moi, les panneaux solaires sont installés pour alimenter le forage en énergie propre’’, fait-il savoir. Et c’est pour définitivement résoudre l’épineuse équation de l'eau que les gros moyens ont été déployés. ‘’Actuellement, il y a l’eau en permanence et en abondance. On a foré sur 80 m de profondeur et on a mis une pompe assez puissante de 9.2 kW pour un débit variant de 50 à 75 m3/h. Nous n’avons pas lésiné sur les moyens, car nous savons que l’eau est indispensable pour la bonne marche d'un projet d'une telle envergure’’.
En effet, la pisciculture qui sera l'une des activités principales du projet nécessite une grande quantité d'eau. Les techniciens à pied d’œuvre sont en phase de finition des bassins piscicoles. Et selon le promoteur, les activités de l’élevage de poisson vont démarrer dans le courant du mois de février. Une bonne nouvelle pour les femmes de ménage qui se plaignent de la rareté du poisson. Ce sont, en effet, les villes de Saint-Louis, Mbour et Dakar qui approvisionnent le marché local. ‘’Le poisson que nous consommons n’est pas frais. Il nous vient de Saint-Louis et fait au minimum une journée avant d’arriver dans nos paniers. C’est pourquoi il perd toute sa saveur’’, se plaint Bolo Camara, une jeune dame rencontrée à Kanel.
Des périmètres agricoles pour les femmes
À la fin des travaux des bassins, l’étape suivante sera l’aménagement des périmètres agricoles. Avec ces espaces qui s’étendent à perte de vue, les femmes auront l’opportunité de faire valoir leur courage dans les jardins maraîchers. Ils seront exploités par des groupements de femmes qui produiront des légumes destinés pour l’essentiel à l’autoconsommation des familles. Auparavant, les productions de ces jardins étaient relativement modestes, faute de gros moyens et d’espaces, mais elles amélioraient directement l’alimentation de beaucoup de familles pour une partie de l’année.
Pour booster les productions agricoles dans ces périmètres agricoles, Bocar Issa Ndiaye a déjà investi plus de 30 millions F CFA en attendant le concours de l’État du Sénégal. Un projet pharaonique, mais qui est loin de tétaniser l’ingénieur en génie civil qui a pris le soin de s'entourer de compétences.
Djibril Bâ (Matam)