Publié le 14 Mar 2014 - 22:13
CARTOGRAPHIE DES DAARAS À DAKAR

1 600 daaras dénombrés pour un effectif de près de 60 000 enfants

 

La cellule nationale de lutte contre la traite des personnes a livré les résultats de l'étude sur la cartographie des ‘’daaras’’ (écoles coraniques) a Dakar. 1 600 daaras pour 57 000 à 60 000 talibés dont les 53% pratiquent la mendicité entre 13h et 17h. En partenariat avec Millenium Challenge Account (MCA), ce projet vise à contribuer à une meilleure compréhension du phénomène des enfants talibés mendiants au Sénégal.

 

La cellule nationale de lutte contre la traite des personnes a présenté une étude  sur la cartographie des ‘’daraas’’ à Dakar, dans le cadre d'un meilleur suivi de l'application des droits des enfants. Selon Mamadou Wane, sociologue, consultant et présentateur de l'étude, on dénombre 1 600 daaras dans la région de Dakar. ''Ces écoles coraniques comptent à peu près 57 000 à 60 000 apprenants dont plus de 55% sont des garçons.’’

Et qu'à coté des daaras traditionnels (les plus nombreux), on dénote de plus en plus  de daaras dits modernes et d’internats qui intègrent des programmes franco-arabes dans leur cursus. La vie quotidienne dans ces lieux se limite souvent à la mendicité. ''Plus de 53% des enfants présents dans des daaras pratiquent la mendicité, entre 13h et 17h. C'est devenu une tendance lourde'', souligne M. Wane.

Ailleurs, ajoute-t-il, l'étude a montré que la société sénégalaise est dans une situation paradoxale. ''Une mutation a eu lieu. La mobilité des talibés et des marabouts a fait que les daaras se sont retrouvés hors de leur foyer originel. Ils se sont alors installés dans les villes. La pratique de la mendicité est devenue une forme d'exploitation des enfants''. Sur ce, il propose que le gouvernement ait un système éducatif qui inclue l'enseignement du Coran dans l'éducation nationale.

''Nous ne pouvons pas accepter qu'une institution qui a formé toutes nos élites traditionnelles soit marginalisée. Il faut aussi développer une coopération bilatérale ou sous-régionale pour mettre en place des mécanismes de protection des enfants contre une mobilité qui les rend vulnérables par rapport à la traite''. Car dit-il, la plupart des enfants viennent des pays limitrophes.

S'agissant toujours des propositions, il exige l'application des lois qui ne doit pas seulement punir, mais doit aussi prendre en compte la prise en charge sociale. Établir des bourses familiales pour lutter contre la précarité dans le monde rural. Il conclut en invitant les autorités à mettre en œuvre l'ensemble des recommandations issues de cette étude et surtout amener le ministère de l'Education nationale à prendre en charge le fonctionnement de certains daaras qui respectent les droits de l'enfant.

L'inspecteur des daaras, Cheikhou Mbow, souhaite que l'ensemble des bonnes pratiques soient consolidées. Le ministre de la Justice et Garde des sceaux Sidiki Kaba qui a présidé la rencontre a souligné que l'Etat veillera à l'application des textes pour combattre la mendicité. Selon lui, des initiatives déjà engagées, comme le processus d'amélioration des daaras, doivent  être complétées par une meilleure application des lois. Il en appelle aux différents acteurs à intensifier les efforts de prévention et de sensibilisation.

Ce projet est l’un des premiers pas vers la normalisation des daaras. Il reste la cartographie de toutes les écoles coraniques du Sénégal. Un appui à celles qui se conforment aux règles, avant de penser à la sanction des contrevenants.

AIDA DIENE

 

 

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