Une marée humaine à l’accueil des neuf anciens otages
Les anciens otages sénégalais sont arrivés hier samedi 13 juillet, dans l'après-midi, à Ziguinchor. Les neuf démineurs de la société sud-africaine Mechem ont été libérés vendredi près de la frontière avec la Guinée-Bissau. De grandes cérémonies officielles ont eu lieu toute la journée.
Ce samedi matin, à Mpack, premier poste-frontière entre la Guinée-Bissau et le Sénégal, une foule d’amis, de parents, de curieux et d’officiels étaient installés dès les premières heures de la matinée, dans une ambiance de fête.
C’est finalement à 13 heures locales que le convoi de plusieurs dizaines de véhicules a franchi la frontière. Les ex-otages à bord d’un 4X4 semblent surpris par la marée humaine venue les accueillir, rapporte RFI.
Malgré la fatigue, les anciens otages affichent tous un large sourire. « 70 jours de captivité, ça lasse ! », s’est exprimé l’un des démineurs. «J’ai hâte de voir ma femme et mes enfants », conclut un autre. Il régnait un soleil de plomb en ce début d’hivernage, un facteur pris en compte lors de la cérémonie.
Les ex-otages ont ensuite été conduits à la gouvernance puis la caravane a poursuivi son chemin vers le fief du MFDC, dans la périphérie sud de Ziguinchor. Il était 15 heures, les neuf anciens otages ont été conduits dans leurs familles respectives.
Quel avenir pour le déminage dans la région ?
La libération des démineurs suscite l’espoir des habitants de la région. Les autorités y voient un geste pouvant décrisper les discussions de paix. Seulement une question reste en suspens : comment les opérations de déminage vont-elles pouvoir se produire dans un contexte où le mouvement séparatiste conditionne le déminage à la signature d’un accord de paix ?
La prise d’otage des employés de Mechem par la branche armée dirigée par César Atoute Badiate a donné un coup de frein aux activités des trois opérateurs présents dans la zone. Ce coup d’arrêt intervient au moment où Mechem, Norwegian People’s Aid et Handicap international ont sécurisé leurs financements et acquis de nouveaux moyens logistiques.
«Le déminage en Casamance est tributaire du retour de la paix»
D’après le Centre national d’action antimines au Sénégal (CNAMS), aucune consigne de reprise des activités n’a été officiellement donnée. Un comité de suivi, qui doit définir les zones à déminer, devrait bientôt être mis sur pied. Cette structure comprendra notamment des représentants du MFDC, de l’Etat, des religieux et des ONG comme Appel de Genève.
Seul bémol, la faction dirigée par César Atoute Badiate réaffirme que «le déminage en Casamance est tributaire du retour de la paix ». Pour les combattants, « la priorité du moment est de réfléchir à la réunification du mouvement », estime un proche de César Atoute Badiate joint par RFI.
Face à cette intransigeance de façade du MFDC, certains opérateurs sont perplexes. « Le Sénégal va-t-il mettre à disposition un service de sécurité autour des démineurs ? », se demande un responsable, qui salue le fait que ces événements aient provoqué des « discussions nécessaires » sur le déminage. « J’espère, ajoute-t-il, qu’avec ce comité de suivi, toutes les parties joueront franc-jeu ».