Publié le 4 Sep 2013 - 18:45
CENTRE DE SANTÉ MARC SANKALÉ

Les médecins assurent, les diabétiques amers du coût des médicaments  

 

 

Spécialisé dans le traitement des diabétiques, le centre Marc Sankalé accueille plus de 36 000 cas aujourd'hui. Malgré son dévouement dans la prise en charge des malades et la subvention de l'insuline par l'État, les patients estiment encore trop élevé les coûts du traitement. Reportage.

 

Un silence de cathédrale règne sur les lieux. Des patients sont couchés sur des bancs dans la salle d'attente. Le personnel est très occupé par le travail en cette matinée de septembre à Marc Sankalé, plus grand centre de santé accueillant le plus de malades du diabète. Situé dans le périmètre de l'hôpital Abass Ndao, à Dakar, le centre existe depuis les années 80. Aujourd'hui, il est à plus de 36 000 cas.

Ndèye Marie Lô est une des pensionnaires du centre. Elle est diabétique du type 2 et hypertendue. De petite taille, foulard à la tête, elle a atteint hier ses 55 ans. Cette dame vit depuis trois ans avec sa maladie. Mais avec l'aide des médecins de l'établissement sanitaire, elle affirme ne pas se sentir malade. Cependant, le coût des soins la rend dépressive. ''Les antidiabétiques que nous utilisons sont trop chers. Je suis aussi hypertendue ce qui fait que le coup du traitement peut facilement atteindre chaque  mois entre 75 000 et 100 000 francs, compte non tenu du régime alimentaire auquel on est soumis'', se lamente Mme Lô. A l'en croire, il est très difficile pour une famille à faible revenu d'entretenir un diabétique du type 2.

''Toutes les économies de mes enfants sont utilisées pour mes soins. Il faut que l’État nous aide en subventionnant les médicaments. Le centre est en train de faire son travail dans la prise en charge des malades. Maintenant, le reste revient à l’État. Nous sommes vraiment fatiguées et le diabète n'est pas une maladie à négliger car elle occasionne d'autres maladies'', soutient-elle.

 

''Je ne sens pas la subvention de l'État''

 

A ses côtés, Eric Ndione attend aussi patiemment son tour de consultation. Canne à la main, l'homme d'âge avancé est un diabétique de type 1 (forme insulino-dépendant). Selon lui, tous les problèmes auxquels sont confrontés les diabétiques se résument à la cherté des médicaments. ''Nous sommes bien traités par les médecins du centre. Les médecins nous considèrent comme des clients dans un hôtel. Nous demandons même son élargissement et plus de médecins car les diabétiques sont très nombreux. Le centre ne peut pas prendre tout le monde en charge'', souligne-t-il. ''Les médicaments, ajoute-t-il, sont trop chers. Pour moi qui utilise l'insuline, on nous dit qu'il est subventionné par l’État. Mais je ne sens pas cette subvention. L'insulinase n'est pas gratuite de même que pour les autres médicaments pour le groupe le plus important constitué des diabétiques de type 2 qui doivent prendre des comprimés. Ces comprimés ne sont pas encore subventionnés. Pour l'insuline, nous payons 45%. Cette subvention est très minime'', proteste M. Ndione.

La vieille dame Anta Dieng émet sur la même longueur d'ondes. D'une voix tremblotante, cette sexagénaire informe être venue faire son examen biologique accompagnée de son fils. Ces analyses permettent au médecin de connaître le niveau d'évolution de la maladie. ''Elle a un diabète de type 2. Elle fait régulièrement, au moins trois ou quatre fois par an, un certain nombre d'analyses qui coûtent excessivement cher. Dans les structures publiques, cela coûtent entre 8 000 et 12 000 Cfa. Alors que dans le privé, c'est à 20 000 francs. C'est pour cette raison que nous avons décidé de venir à Marc Sankalé parce qu'on ne pouvait pas continuer à payer 20 000 francs deux ou trois fois dans l'année dans un privé'', explique le fils Djibril Sène. Avant d'ajouter : ''Ma maman vit avec la maladie depuis 5 ans maintenant. Non seulement les médicaments qu'elle utilise coûtent cher, mais elle doit en plus suivre un régime alimentaire qui impose aussi son coût. L’État doit vraiment subventionner les médicaments. Le diabète n'est pas une maladie des pauvres.''

Seynabou Sy sort, souriante, de sa consultation chez le médecin. Cette mère de trois enfants souffre du diabète de type 2. Elle confie ne pas trop souffrir de sa maladie car elle suit régulièrement son régime alimentaire. ''Même si les médicaments sont coûteux, l'essentiel est de gérer sa maladie. On ne doit rien attendre de l'Etat. Nous ne serons jamais satisfaits car le Sénégalais ne fait que parler. L'État ne va jamais subventionner nos médicaments sinon il allait le faire depuis longtemps'', pense-t-elle, résignée.

Si Seynabou a perdu espoir, Coura Thiam, elle, y croit. ''Nous devons continuer à lutter. On ne doit pas perdre espoir. Les médicaments sont chers et ce n'est pas à la portée de tout le monde'', dit-elle.

 

Pour les type 2, c'est 40 et 45% du prix de l'insuline

L'accessibilité au traitement du diabète constitue ainsi un casse-tête pour les malades qui doivent vivre avec tout le restant de leur vie. Pour le type de diabète 1, le moins fréquent au Sénégal, l’État a mis en place, depuis 2003, une subvention de plus de 300 millions de francs annuellement pour amoindrir le prix de l'insuline. Cette subvention ne touche que 20% des diabétiques de type 1. De sorte qu’aujourd'hui, le diabétique qui se rend en pharmacie paye entre 40 et 45% du coût de l'insuline. D'où l'appelle des patients à élargir cette subvention aux diabétiques de type 2 qui utilisent des antidiabétiques par voie orale.

 

 

 

 

 

 

 

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