Publié le 10 Feb 2022 - 07:17
CHAMPION D’AFRIQUE, PRÉSIDENT DE L’UNION AFRICAINE

Le Sénégal sur le trône

 

Qui pouvait imaginer qu’en un lointain 7 février de l’an 2022,  le Sénégal offrirait simultanément à ses fils et filles deux couronnes en provenance du Cameroun et de l’Ethiopie. L’inégalable Abdoulaye Diaw pourra nous décrire dans un livre, l’historique de cette longue attente et ses fameux acteurs depuis Asmara en passant par Caire 86, Sénégal 92,  Bamako 2002, Egypte 2019.  En attendant, nos souvenirs ressuscitent les noms des talentueux, Yatma Diop, Yatma Diouck, Mbaye Fall, Grand Mbodj, Christophe Sagna, Boubacar Sarr, Lecotte, Ibrahima Ba Eusebio, Jules François Bocandé,  Roger Mendy, Thierno YOUM entre autres qui nous ont tant fait  rêver.  

Sadio plus fort que Salah

D’une pierre plusieurs coups, le destin a su synchroniser les revanches du Sénégal sur ses revers de l’histoire. Ce 5 Février, le Président Macky Sall est allé en Ethiopie pour ne pas dire Asmara, couronné par ses pairs du titre de Président en exercice de l’Union Africaine pour revenir le 7 février accueillir Sadio Mané, Coulibaly et les autres héros de l’équipe nationale, sacrés champions d’Afrique 2022. L’affront d’Asmara lavé, Caire 86 a été renversé par des lions affamés qui ont dévoré des Pharaons dont les momies, ironie du sort, ont été récemment visitées par le président sénégalais en visite officielle en Egypte, en compagnie de son homologue égyptien Abdel Fatah Al-Sissi.  Malgré les magnifiques amitiés nouées entre ces deux nations, et la grande complicité entre  Sadio Mané et Mouhamed Salah, le destin exigeait des septuples champions d’Afrique, de grosses larmes et de leurs challengers, les sénégalais,  un premier sourire historique. Ainsi va la vie. 

La revanche sur le grand Cameroun et l'Algérie

La grande équipe du Sénégal de 2002, une des meilleures formations africaines de tous les temps,  sous la houlette de l'entraîneur Bruno Metsu, du capitaine Alioune Cissé, des maestros El Hadj Diouf, Fadiga , Henry Camara, Pape Bouba Diop et autre héros, avait abdiqué devant des lions vraiment  indomptables. Vingt ans après, leurs jeunes frères sont allés chercher la revanche à Yaoundé en éliminant les pharaons d’Egypte, tombeurs du Cameroun pays organisateur.   Les lions jadis indomptables, peut-être épuisés par une trop grande débauche d’énergie, blessés par des pharaons téméraires, ont été relayés par les lions de la Téranga, rois de la savane et de la brousse et qui ont bouffé sans pitié toutes les proies sur leur chemins.  L’Algérie championne d’Afrique en 2019 devant le Sénégal,  n’a pas vu venir la furie et la fureur des lions, éjectée dès le premier tour comme si elle  s’inclinait devant les seigneurs de 2022 et reconnaissait leur suprématie.

La coupe pour consolider la démocratie et ressouder la nation

Nous qui sommes nés en 1960 ainsi que nos aînés, et qui avons vécu plus de soixante de rêves chimériques, n’avons jamais vécu une telle explosion de joie qui n’a laissé aucun secteur de la nation.  La coupe a vidé les rancœurs, dissipé toutes les divergences, réconcilié le peuple, de la Casamance au Cap-vert, du Fouta au Cayor, du Baol au Sine-saloum.  Les noms des nos héros Mendy, Cissé, Diallo, Dieng, Coulibaly, Kouyaté, Gueye, Diédhiou, Sarr, Mané etc, artisans de cette victoire, renvoient à notre diversité culturelle qui est notre première richesse et démontrent suffisamment que le Sénégal est un beau peuple, indivisible.  Notre devise nationale « Un Peuple, Un But, Une Foi » le résume si bien.

Ces deux couronnes, la coupe d’Afrique et la Présidence de l’Union Africaine, que le destin nous a servies simultanément, doivent servir aussi de garde  fou à notre démocratie. Désormais, plus qu’hier, le Sénégal doit montrer la bonne voie à l’Afrique.  Opposition et pouvoir, syndicalistes et religieux doivent pardonner et taire toute querelle. Le Président Macky Sall doit saisir l’occasion et déclarer officiellement sa volonté claire et nette d’organiser des élections transparentes sans lui et mettre ainsi fin aux rumeurs du troisième mandat.  

Le Président Abdoulaye Wade, à travers ses combats héroïques pour la démocratie, pour son peuple et pour l’Afrique, pouvait égaler ou seconder Nelson Mandela mais hélas, son pénalty contesté puis raté du troisième mandat, lui a ravi sa place sur le podium. Espérons que le Président Macky Sall qui a les faveurs du destin, saisira sa chance et marquera son but dans la légitimité, à l’image de Sadio Mané pour se hisser à jamais sur le podium des meilleures élites de l’Afrique. Quant à  nos victorieux footballeurs, qu’ils sachent que la coupe du monde est à leur portée.

Debout frères, revoici le Sénégal rassemblé.   

                                                                                              Cheikh Bamba Dioum

                                                                                             bambadioum@gmail.com

 

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