Le collectif Noo Lank dénonce une injustice énergétique

Le collectif citoyen Noo Lank a tenu, hier, une conférence de presse à Dakar pour dénoncer la hausse persistante du coût de l’électricité au Sénégal. Réunis autour du slogan « Courant bi Woyofoul » (« l’électricité n’est pas abordable »), les membres du mouvement ont alerté sur la souffrance des ménages et des petites entreprises face à ce qu’ils qualifient « d’injustice énergétique nationale ».
Alors que les ménages peinent à joindre les deux bouts, le collectif Noo Lank tire la sonnette d’alarme sur le coût insoutenable de l’électricité. Selon l’organisation, les Sénégalais subissent depuis plusieurs mois une flambée des factures d’électricité jugée incompréhensible, notamment avec le compteur prépayé Woyofal. « Les factures sont devenues exorbitantes, la consommation paraît anormale et les familles étouffent sous le poids des charges », a déclaré un des représentants du mouvement. Noo Lank estime que cette situation provoque un effondrement du pouvoir d’achat, tout en fragilisant les petites et moyennes entreprises (PME) et les start-up, incapables de supporter leurs coûts de production.
Fidèle à son approche citoyenne, le collectif affirme avoir privilégié le dialogue avant d’envisager toute mobilisation. Noo Lank dit avoir saisi officiellement les autorités compétentes et entamé une série de rencontres institutionnelles. Le 8 octobre, ses membres ont rencontré la Convergence syndicale des travailleurs de la Senelec, puis, le 9 octobre, le directeur général de la Senelec. À la suite de cette rencontre, le président du Conseil d’administration, Habib Sy, a convoqué une réunion du Conseil pour le mardi 14 octobre, avec pour ordre du jour unique la question du compteur Woyofal. Une rencontre avec le ministère de l’Énergie est également prévue, après un report décidé par le département ministériel.
Les échanges avec les responsables de la Senelec ont, selon Noo Lank, confirmé les inquiétudes des citoyens. Le collectif considère le système de tarification actuel comme « injuste et socialement insoutenable ». Il dénonce particulièrement le tarif appliqué au compteur prépayé Woyofal, jugé paradoxalement plus cher alors qu’il élimine le risque d’impayés et assure à la Senelec une avance de trésorerie. « Woyofal devrait soulager les ménages, pas les étrangler », soutient le collectif, qui appelle à une réduction des tarifs sur toutes les tranches.
Noo Lank propose d’élargir la tranche sociale, actuellement fixée à 150 kWh, à 250 kWh, et de porter la deuxième tranche à 350 kWh. Le collectif réclame également une baisse immédiate du tarif appliqué aux PME, qu’il juge « destructeur de compétitivité ». Ces entreprises, selon le mouvement, constituent la colonne vertébrale de l’économie nationale et se retrouvent aujourd’hui dans une situation critique.
Dans ses recommandations, le collectif appelle le gouvernement à adopter des mesures structurelles, notamment le paiement immédiat de la dette de l’État à la Senelec, l’augmentation de la capacité nationale de production, la réduction de la dépendance aux producteurs indépendants (IPP), qui assurent près de 70 % de l’électricité nationale, ainsi que l’accélération du projet gazier Yakaar-Teranga pour faire baisser les coûts de production. Noo Lank demande aussi la renégociation des contrats énergétiques et la transparence totale dans la gestion du secteur.
Sous le mot d’ordre « Le dialogue, oui ; mais la mobilisation, toujours », les membres du collectif ont annoncé le maintien de leur grande mobilisation citoyenne prévue pour le vendredi 17 octobre 2025, à partir de 15 heures, entre le rond-point Sipres et le rond-point Pentola, sur la route des Deux Voies de Liberté 6. Une manifestation qu’ils promettent « populaire, pacifique et déterminée ».
Pour Noo Lank, l’électricité ne doit pas être considérée comme un luxe, mais comme un droit social fondamental. Le collectif affirme qu’il continuera le combat tant que l’injustice tarifaire persistera. « Le peuple ne reculera pas. Woyofal doit soulager, pas étrangler », ont conclu les organisateurs.
MAGUETTE NDAO