Publié le 30 Oct 2025 - 13:34

Déficit de santé d’ici 2030 en Afrique

 

« L’Afrique pourrait faire face à un déficit d’environ 6,1 millions d’agents de santé d’ici 2030, aggravé par un taux de chômage élevé estimé à 27 % chez les professionnels qualifiés, en raison de l’inadéquation entre les capacités de production et celles d’absorption. » Cette information émane du directeur de la gestion des programmes au Bureau régional Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Abdourahmane Diallo. L’ancien ministre guinéen de la Santé prenait part à la 8ᵉ édition du Forum Galien Afrique, qui se poursuit jusqu’au 31 octobre, sur le thème : « Souveraineté sanitaire : un impératif pour l’Afrique. »

Selon lui, le continent africain a besoin de soins de santé primaires adaptés, de capacités suffisantes en personnel, de chaînes d’approvisionnement optimales et décentralisées, ainsi que de plateformes numériques innovantes pour assurer et maintenir la qualité des soins et des services de santé. Abdourahmane Diallo a soutenu que l’Afrique a enseigné à ses enfants une dure réalité : « L’Afrique doit être maîtresse de sa sécurité sanitaire. Lorsque les frontières se sont fermées et que les chaînes d’approvisionnement se sont effondrées, nos populations en ont payé le prix. Nous importons aujourd’hui 99 % de nos vaccins et la plupart de nos médicaments. Il ne s’agit pas seulement d’une question de chaînes d’approvisionnement, mais aussi de souveraineté. »

...Pour lui, la souveraineté sanitaire signifie que le continent doit disposer des capacités politiques, techniques et financières nécessaires pour protéger la santé de ses populations en tenant compte de son propre contexte. « J’estime qu’il s’agit d’une question de dignité, de résilience et d’autodétermination, car la souveraineté sanitaire n’est pas synonyme d’isolement. C’est une interdépendance plus intelligente, où l’Afrique s’approprie ses priorités et établit des partenariats alignés sur ces priorités. La souveraineté consiste à faire en sorte qu’une pandémie, un conflit ou une catastrophe climatique ne compromette pas notre agenda de couverture sanitaire universelle », a-t-il ajouté.

Concernant le financement, le directeur de la gestion des programmes de l’OMS Afrique a estimé que le continent ne peut pas bâtir sa souveraineté sur des dettes, soulignant que plus des trois quarts des pays africains dépendent encore de ressources extérieures pour au moins un quart de leurs dépenses de santé. Il a ainsi plaidé pour « l’accélération de la mise en œuvre de l’Agence africaine des médicaments et de la convergence réglementaire » afin de garantir la qualité des produits fabriqués sur le continent et leur accessibilité. « Il faut mobiliser les communautés économiques régionales et des instruments tels que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour harmoniser les normes, regrouper les demandes et créer des marchés prévisibles pour les producteurs africains. Les plateformes régionales d’achat groupé et d’investissement conjoint dans la formation, la recherche et l’innovation permettront de réduire la fragmentation et de renforcer le pouvoir de négociation », a-t-il conclu.

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