Nous l’avions prédit…
Elle est bien là, la troisième vague de contamination à la Covid-19 tant redoutée, pilotée par un variant dit ‘’Delta’’ qu’on nous dit plus contagieux que les précédents et qui a de fortes chances d’être suivi par d’autres bien plus redoutables encore, d’après ce que nous annoncait hier l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’inertie des pouvoirs publics, depuis la fin de l’état d’urgence, annoncait l’inéluctable ; l’irresponsabilité d’une grande majorité de nos concitoyens a fait le reste. Mercredi, un nombre record journalier de 733 contaminations a été annoncé. Hier, 674 nouveaux cas positifs ont été signalés. Cela illustre l’ampleur de la situation et indique l’urgence des mesures à prendre.
Le Comité national de gestion des épidémies (CNGE) a recommandé, hier, un renforcement de la surveillance épidémiologique, un recours au dépistage précoce des cas d’infection, pour toute mesure de contre-offensive. Dérisoire réponse après celle non moins dérisoire servie par le gouvernement au terme du Conseil des ministres du mercredi 14 juillet : recours systématique au port du masque, le renoncement aux grands rassemblements, notamment d’ordre festif, le recours aux soins précoces et à la vaccination. Des instructions formulées du bout des lèvres et qui font penser qu’elles n’engagent que le gouvernement, tant est criante l’absence de toute mesure coercitive censée accompagner de telles dispositions lorsqu’elles sont formulées par la puissance publique.
Les propos du ministre de la Santé en disent long à cet égard : ’’Nous invitons vivement les transporteurs et chauffeurs de véhicules de transport en commun à faire respecter strictement le port du masque pour tout passager.’’ Curieuse délégation de pouvoirs révélatrice du niveau de détachement de l’Etat eu égard à sa responsabilité régalienne sur la question.
C’est qu’en ces temps pré-électoraux, le gouvernement fait l’option de marcher sur des œufs et de ne rien entreprendre qui pourrait susciter l’ire de la rue et de re-précipiter le pays dans les heures d’effroi de mars dernier. Car, ce sont là des contextes où tout est possible et où le diable, s’introduisant dans les détails d’un évènement somme toute banal, libère les grandes catastrophes et les pires révolutions. Macky Sall et son pouvoir n’ont pas besoin de cela.
Mais c’est leur responsabilité de protéger les Sénégalais de tout ennemi, qu’il soit visible ou invisible. Au besoin, de les protéger malgré eux. Car la Covid-19 et ses variants périlleux, ils refusent de voir la réalité de leurs nombreux morts planétaires et les agonies insoutenables qu’ils provoquent : le nombre est effrayant de Sénégalais qui continuent de prendre les transports en commun sans masque et qui ironisent sur la ‘’crédulité de ceux qui leur demandent d’en porter. Même à l’entrée des supermarchés, la vigilance semble s’être relâchée : plus de masque exigé et les solutions hydro alcooliques ont séché dans leurs bouteilles en plastique, comme s’ils n’étaient que les signes, les ‘’vestiges’’ d’un âge de mort, définitivement révolu ; comme si le péril était derrière nous. Eh non, il est de retour ! En fait, il n’était jamais parti ; il avait juste replié pour se vêtir de ses nouveaux atours mortifères.
La troisième vague de pandémie de Covid-19 confirmée par les autorités sanitaires est prédominée par le variant Delta qui représente 30 % des nouvelles contaminations enregistrées ces dernières semaines, et 1/3 des nouvelles infections est dû à ce variant, informe une autorité avertie.
Depuis le début de l’épidémie sur son territoire, le Sénégal a déclaré 48 270 cas positifs à la Covid-19. Au total, 42 843 patients ont connu la guérison, tandis que 1 209 autres ont perdu la vie dans ce feuilleton sanitaire qui continue de révéler ses épisodes funèbres. Sur le front de la vaccination, 595 850 personnes ont reçu une dose de vaccin anti-Covid, depuis le lancement, le 23 février, de la campagne de vaccination. Insuffisant pour atteindre l’immunité collective et pour affronter avec plus de sérénité, les variants annoncés par l’OMS, qui seraient plus terrifiants que le Delta déjà inquiétant.
Ces informations sont plus qu’inquiétantes ; elles appellent de l’Etat des signaux forts de prise de responsabilités. Et si l’un de ces signaux était le passage à l’étape de la vaccination contrainte, avant que le danger ne vire à l'hécatombe ?
Il faut douter que le pouvoir en fasse le choix : le limogeage du docteur Abdoulaye Bousso participe de cette politique de la victime expiatoire qui désigne à l’opinion un responsable ‘’trop facile’’ de l’échec d’une politique d’inertie sur laquelle il n’avait aucune prise.
Il faut souhaiter bonne chance à Alioune Badara Ly, tout en espérant que le gouvernement prenne, dans la foulée des réponses qu’il imagine, la vraie mesure de l’ampleur des menaces nouvelles qui pèsent, au plan sanitaire, sur la vie publique.