Publié le 7 May 2012 - 16:03
CHUTE DE SARKOZY ET DE SON CLAN

Les Wade perdent un allié de taille

 

C'est un secret de Polichinelle que les relations entre Paris et Dakar étaient on ne peut plus très huilées. Après la chute de l'ambassadeur Jean-Christophe Rufin, perçu comme un maillon de crise, les choses ont semblé mieux aller. Même si l'Elysée, conscient de la montée en puissance de Macky Sall, a donné, à travers plusieurs réseaux, un coup de pouce à l'actuel locataire du Palais de l'Avenue Léopold Sédar Senghor.

 

Le point culminant de la lune de miel entre l'Elysée et le régime de Wade aura sans doute été le limogeage sec de l'ancien ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Rufin, obligé de céder sa place à Nicolas Normand. Karim Wade était déjà dans un exercice de bras de fer très poussé avec l'écrivain devenu ensuite académicien. Ce qui explique l'audience que lui a accordée le président français Nicolas Sarkozy, le 26 août 2008. Une audience immortalisée par une photo qui va faire le tour des rédactions de Dakar. «Avant de rentrer dans le bureau du président Sarkozy, Karim Wade s’est entretenu avec Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée», avait précisé la dépêche de l'Agence de presse sénégalaise (Aps).

 

 

Guéant, la porte d'entrée de Karim Wade

 

En vérité, Claude Guéant était la porte d'entrée de Karim Wade à l'Elysée. Même lorsqu'aucune audience n'est pas programmée, il réussit toujours à introduire le tout puissant ministre d'Etat d'alors, dans le bureau de Sarkozy. Mais le Président français prendra toujours la peine de défendre les intérêts de son pays, tout en s'accommodant de Karim Wade qui peut toujours être utile dans les moments difficiles. Si donc André Parant, qui était le numéro 2 de la cellule diplomatique de l’Elysée, a pu s’attaquer à la politique de Me Abdoulaye Wade, en confiant selon ses propres termes qu’il «a pour projet de favoriser l’accession de son fils à sa succession», c’est que quelque part, «il y a une caution de l’Elysée derrière». La France tenait bien à la stabilité du Sénégal, comme à la prunelle de ses... intérêts.

 

Mais ce temps-là est déjà passé, maintenant que Sarkozy est battu par le socialiste François Hollande. La question est de savoir si la défaite de Sarkozy change la donne. Si le Sénégal se décide à poursuivre les Wade, en traquant leurs biens, il n'aura pas devant lui la main trop puissante d'un Guéant qui, même ministre de l'Intérieur, dirigeait en partie et de fait la France. Plus de lobbying à même de paralyser les initiatives de l'Etat sénégalais puisque Hollande et Wade ne partagent presque rien. En dénonciateur invétéré d'une certaine Françafrique, on ne voit surtout pas le nouveau chef de l'Etat français rentrer dans certaines combines comme celles qui ont sali le pays de Marianne, dans le bourbier libyen, avec précisément les déclarations de Seïf Al Islam, fils de Kadhafi, sur le financement de la campagne de Sarkozy en 2007.

 

 

Macky, le dernier président africain reçu

 

Si Wade voit les portes se fermer pour lui à Paris, il reste que Macky Sall, lui, a tout à construire. Il avait lui aussi une proximité trop appuyée avec le leader de l'Ump au point de lui réserver sa première grande sortie internationale hors d'Afrique. Il faut d'ailleurs se poser la question sur la pertinence de cette visite qui est intervenue en pleine période électorale. Il faudra aussi s'interroger sur le devenir des nouveaux accords de défense, signés on ne sait trop comment et dont on ignore tout du contenu. Sarkozy n'oubliera sans doute pas cette audience, puisque c'est la toute dernière, après 5 ans passés au pouvoir...

 

MAMOUDOU WANE

 

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