Publié le 24 Sep 2013 - 18:33
CITÉ SOLEIL

Dans le capharnaüm des eaux toutes catégories

 La cité Soleil, située dans la commune d’arrondissement de Dalifort Foirail, est aux prises depuis Mathusalem avec l'absence de canalisations et de réseaux de drainage des eaux pluviales dont l'association aux contenus des fosses septiques à ciel ouvert fait le lit des maladies dont le paludisme.

 

Bâtie sur une nappe phréatique à fleur du sol, la cité Soleil, construite à la fin des années 1980, est éternellement confrontée au manque de canalisation et à l’absence de réseaux de drainages des eaux pluviales. Conséquences : la gestion des eaux pluviales et usées reste un défi. «Des correspondances ont été adressées au ministère des Infrastructures et aux personnes de bonne volonté dans le sens de venir en aide, mais jusqu’ici rien n'a encore été fait», témoigne M. Tall, président du conseil d’administration de la société Coopérative de construction et d’habitat des employés du quotidien national le soleil. Comme déprimé par la question, Maoundo Niang ne semble plus se faire des illusions. «Peut-être qu’il n’y a tout simplement pas un programme spécifique pour notre cité», estime cet artiste plasticien inquiet du mutisme des autorités et des agents du service d’hygiène. Ceux-ci, indiquent nos interlocuteurs, n’organisent pas des opérations de désinfection dans la cité. «Et quand nous les sollicitons par écrit, ils nous disent qu’ils sont en rupture de produits et de carburant», martèle M. Tall. «Nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention des autorités sur les dangers qui nous guettent, mais rien n’a été fait.»

Contraste

Le manque de canalisation dans cette cité et les fosses septiques à ciel ouvert favorisent ainsi la prolifération des moustiques. Une situation qui s’explique par l’humidité de la zone. Dans cette cité, l’air est devenu difficilement respirable à cause d'un environnement hyper pollué. Des eaux noirâtres des fausses septiques mélangées aux eaux de pluies dégagent une odeur nauséabonde qui contraste avec la verdure abondante qui se donne à voir. Des altères pleines d’eau sont devenues également de véritables lieux de prédilection des cafards et des moustiques.

Des déchets divers sont jetés çà et là. Des artères impraticables, des gravats qui jonchent le sol pour faciliter le passage des piétons. Des dallages et des carreaux décapés, des véhicules sous les eaux. C'est le visage affolant à certains égards qu’offre la cité Soleil aux visiteurs. «Nous sommes totalement à la merci des moustiques, car nous cohabitons 12 mois sur 12. C’est pénible», se plaint Alioune Tall. «Lors de la saison des pluies de 2012, nous avons eu 60 centimètres d’eau à l’intérieur des maisons. Nous avions été obligés d’abandonner nos domiciles pendant deux mois», informe notre interlocuteur. Pour Maoundo Niang, habitant des lieux depuis 2002, cet endroit «est un véritable calvaire pour les populations». Selon lui, cité Soleil est une cuvette où presque toutes les eaux pluviales de Dakar se déversent.

Le syndrome du palu

Autre habitant de la cité, Ibrahima Dieng regrette d'être condamné à «patauger 12 mois sur 12 dans les eaux», avec les risques liés au paludisme. «Nos enfants et nos femmes enceintes sont les plus grandes victimes de cette pandémie», a-t-il dit. Son cohabitant Aziz Ndiaye, âgé d’une soixantaine d’années, déclare que ses «enfants sont d'ailleurs malades. Je dépense tout le temps de l’argent en ordonnances». Pas désespérée, Coumba Fall est d'avis elle que la situation s’est améliorée cette année. «Le maire a mis à notre disposition deux grandes motopompes qui permettent d’évacuer rapidement les eaux de pluie vers l’océan. Contrairement aux années précédentes où certains habitants étaient obligés d’abandonner leurs concessions pendant des mois avant d’y revenir.»

Depuis belle lurette, la cité Soleil n’a pas bénéficié des opérations organisées par le Service d’hygiène, selon les habitants. Ainsi, pour lutter contre le paludisme, ils recourent à l’utilisation de produits phytosanitaires (bonbonnes d’insecticides) et aux moustiquaires. «Nous sommes fatigués d’acheter des bonbonnes d’insecticides», s’irrite Aziz Ndiaye. Président du conseil d'administration de la coopérative de construction et d’habitat, Alioune Tall ajoute qu’il faut déjà «avoir un budget pour faire face aux dépenses induites par l’achat des bonbonnes d’insecticides».

«Le maire est lui-même sous les eaux»

Faute de réponses de la part des autorités compétentes, les habitants de la cité Soleil se mobilisent, chaque mois, pour organiser des journées d’investissements humains. Selon le député-maire de la commune de Dalifort Foirail, Idrissa Diallo, il ne faut pas se voiler la face : la municipalité n'a pas les moyens de prendre en charge les problèmes de la cité Soleil, faute de moyens financiers. «Vous voyez vous-même que le maire est lui-même sous les eaux. Et vous pensez que nous aimons rester sous ces eaux ? Mais non. Nous n’avons pas d’argent sinon nous aurions déjà assaini notre commune d’arrondissement», a souligné Diallo. «Cette année, dit-il, les travaux de la canalisation ont amoindri les inondations dans la commune d’arrondissement de Dalifort, grâce au projet de gestion des eaux pluviales mis en place par l’Etat du Sénégal et financé par la Banque mondiale.»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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