Publié le 9 Apr 2025 - 14:12
COLLOQUE SUR LA RÉSOLUTION DES CRISES ET CONFLITS AU MONDE

La diplomatie religieuse comme alternative

 

La première édition du Colloque international sur la diplomatie religieuse (Cidir 2025) s’est tenue à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). L’objectif de cette rencontre de deux jours est de réunir les chefs religieux venus de partout pour discuter du rôle des religieux dans la consolidation de la paix à travers le monde.

 

L'auditorium Khaly Amar Fall de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar était le carrefour du dialogue interreligieux. La salle a drainé du monde, lors du lancement de la première édition du Colloque international sur la diplomatie religieuse (Cidir 2025). Cette rencontre de deux jours a réuni des guides religieux de différentes confessions, des diplomates, des chercheurs, des étudiants, des hommes politiques, etc.

Selon le président du comité  d’organisation du Cidir, docteur Demba Thilél Diallo, l’objectif de ce colloque est de poser les jalons d’une recherche scientifique en diplomatie religieuse. “C’est une perspective épistémologique qui vise à dresser les contours de la diplomatie religieuse pour qu’on sache de quoi il s’agit. Le deuxième objectif est de créer un cadre convivial entre les différentes religions. Le Sénégal est un modèle en matière de dialogue interreligieux. Pour le troisième objectif, nous voudrions faire de l’université de Dakar un centre d’incubation en diplomatie religieuse’’, a souligné le Dr Diallo.

Pour cette première édition, le thème choisi est ''Les enjeux épistémologiques et défis sociétaux''. Plusieurs autres sous-thèmes ont été abordés, notamment "Le dialogue des savoirs interreligieux", "Diplomatie, religion et développement" pour trouver des pistes de solution aux guerres et conflits dont les causes sont diverses. Un autre thème a été animé sur le modèle sénégalais de la cohabitation interreligieuse. “Les leaders religieux des confessions diverses et les autres acteurs sont réunis à Dakar. Ils vont ainsi porter des idées, échanger des visions, proposer des solutions dans un esprit de respect mutuel et de dialogue. Je tiens à souligner que le Cidir n'est pas un événement isolé, mais un processus continu. Il nous revient de faire de ce colloque un rendez-vous permanent, un foyer de la diplomatie africaine et mondiale, et un levier pour un monde réconcilié avec lui-même", ajoute le Dr Diallo.

La première édition du Colloque international sur la diplomatie religieuse est organisée sous la présidence du khalife général de Bambilor, Thierno Amadou Tidiane Ba, en partenariat avec l’Ucad et l'Institut des politiques publiques (IPP). Dans son discours, le khalife a estimé que les religieux ont un rôle à jouer dans la construction de la paix. “Il ne s'agit pas d'attendre que des États et des politiciens agissent seuls, mais plutôt de partager activement, individuellement et intellectuellement pour dépasser les barrières qui nous divisent. La paix commence là où la volonté populaire s'exprime, là où les peuples, au-delà des frontières, choisissent de pardonner et de se tendre la main”, soutient le khalife. Il a noté que trop longtemps, le monde a pensé que la paix ne pouvait se faire qu'à travers des accords politiques, des négociations entre puissances et des compromis entre États. “Or, ce qui est véritablement nécessaire aujourd'hui, c'est une paix qui s'appuie sur la collaboration et la solidarité entre les citoyens et les États. Les peuples doivent être des partenaires actifs dans ce processus afin de surmonter les divisions et de bâtir ensemble un avenir commun, fondé sur la solidarité”, plaide-t-il.

D’après le khalife Thierno Amadou Tidiane Ba, la diplomatie religieuse incarne ce principe fondamental. “L'idée est que les religions, loin de diviser, ont un rôle primordial à jouer dans la réconciliation des peuples. Les guides religieux ont, à travers l'histoire, joué un rôle clé dans la médiation, la réconciliation et la restauration de la paix, en apportant des messages de pardon, de tolérance et de compréhension. Les guides religieux, fort de leur légitimité morale et spirituelle, peuvent accorder cette voix humaine, ce souffle de paix, là où les politiques d'États se trouvent parfois limitées par leur propre logique", soutient le khalife général de Bambilor, Cheikh Amadou Tidiane Ba.

L'archevêque de Dakar, monseigneur André Guèye, a souligné que “la religion a certainement son rôle à jouer dans la diplomatie“ avant d’apporter le soutien de l’Église à cette ”initiative novatrice“. Pour le représentant du recteur Alioune Badara, l'université doit jouer son rôle actif dans la préservation des équilibres sociaux, la compréhension des divergences et l'accompagnement des initiatives qui donnent sens au vivre-ensemble. C'est pourquoi le recteur de l'Ucad s'engage à faire en sorte que le Cidir devienne l'un des grands rendez-vous des intellectuels et diplomates au monde, un espace permanent de réflexion et d'action sur la diplomatie religieuse, la prévention des conflits et l'éducation par la paix”, a-t-il déclaré.

D'après le rabbin Chief Rabbi Moché Moïse Lewin, ce colloque est exceptionnel. "Cette initiative parcourt le monde, de Rome à Jérusalem, pour coder ce qui devait être l'essence de toutes les religions et des religions. Cette initiative exceptionnelle est connue au Sénégal, mais pas assez connue à l'étranger, au niveau international. Or ici, il s'agit d'une inspiration qui doit être pour l'ensemble du monde. Et à ce titre, lorsqu'on m'a proposé de participer, j'ai dit oui”, a soutenu le rabbin Lewin.

F. BAKARY CAMARA

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