Pour le renforcement de la douane sur l'axe Dakar - Banjul, il est urgent de mettre en place certains mécanismes à plusieurs niveaux. C'est l'avis du directeur général des Douanes, Dr Mbaye Ndiaye.

Le Sénégal a accueilli, hier, les travaux de la 10e édition de la rencontre bilatérale entre les administrations des douanes du Sénégal et de la Gambie. Ces travaux ont pour objectif de renforcer la coopération douanière déjà dynamique entre les deux États. Sur le plan pratique, il s’agit de promouvoir le commerce transfrontalier, de renforcer la coopération sécuritaire, de partager les bonnes pratiques et de lever les obstacles aux opérations de transport des marchandises entre les deux pays.

Pour le directeur général des Douanes sénégalaises, le Sénégal et la Gambie, sous le leadership éclairé des deux chefs d’État, se sont engagés à exploiter pleinement leur proximité géographique et leurs complémentarités économiques, pour bâtir un espace intégré où les peuples pourront perpétuer, sans grandes entraves, leurs traditions séculaires d’échanges.

Selon le Dr Mbaye Ndiaye, ils ont très vite compris qu’il fallait rompre avec la posture victimaire qui analyse leurs difficultés actuelles avec le miroir du passé colonial, déchargeant ainsi leurs générations de toute responsabilité dans la situation qu'ils vivent présentement. Et dans cette optique, a-t-il poursuivi, les administrations douanières, sentinelles de l’intégration de l’espace sénégambien, ont été invitées à resserrer leurs liens, à harmoniser leurs procédures et à supprimer les entraves à la libre circulation des personnes et des biens. L’institutionnalisation de ces rencontres bilatérales participe de cet objectif de renforcement de l’axe Dakar - Banjul par l’approfondissement de la coopération douanière et l’utilisation appropriée d’instruments de facilitation des échanges.

Au cours des travaux, selon lui, il sera non seulement question de passer en revue l’ensemble des recommandations de la neuvième rencontre bilatérale, mais aussi de procéder à l’examen des nouvelles préoccupations en rapport avec leurs domaines de compétences.

Il s’agira également de faire le point sur l’application des textes bilatéraux de coopération et de corriger, le cas échéant, les insuffisances constatées dans la mise en œuvre.

S’agissant des diligences soumises à l’examen des experts, elles concernent, en priorité, la facilitation du commerce transfrontalier, la définition de canaux d’échange d’informations plus appropriés, la modernisation des procédures douanières, le renforcement des capacités, la conduite d’analyses comparatives, l’interconnexion des systèmes d’information et la gestion des opérations de transit.

Comment faciliter davantage le commerce et le transit transfrontaliers

"Nous devons revisiter nos procédures habituelles à la lumière des meilleures pratiques internationales, conformément aux engagements pris dans le cadre de la CEDEAO, mais aussi au sein des instances multilatérales comme l’Organisation mondiale des douanes (OMD) ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Nous devrons toujours garder en ligne de mire l’équilibre entre la facilitation du commerce international et la protection de nos économies fragiles. Mais notre action ne peut être conduite efficacement sans le concours des partenaires de l’Administration des douanes, du secteur public comme du secteur privé et des autres forces de défense et de sécurité avec qui nous menons, en parfaite synergie et en totale complémentarité, nos missions économiques et sécuritaires", a confié le directeur général des Douanes.

En outre, le Dr Mbaye Ndiaye est d'avis qu'il est impératif de consolider et de renforcer ce partenariat pour le bien-être des populations. C’est pourquoi, dès sa prise de fonction en qualité de directeur général des Douanes sénégalaises, il s'est dit réserver sa première visite officielle à la Gambie pour les rencontrer et bénéficier de leurs sages conseils. Quelques jours après cette visite, il a proposé au ministre des Finances et du Budget (MFB) qui a validé la transformation des postes de douane situés sur la frontière méridionale de la Gambie en bureaux de plein exercice afin de faciliter davantage le commerce et le transit transfrontaliers.

Ces initiatives, selon lui, démontrent son engagement à renforcer les liens et à faciliter les échanges commerciaux entre la Gambie et le Sénégal. Il reste convaincu que malgré l’existence d’instruments juridiques adéquats et la volonté des responsables administratifs, la coopération douanière sénégalo-gambienne reste encore à parfaire et à renforcer. C’est la raison pour laquelle il a insisté sur la nécessité de ne pas se complaire des acquis obtenus.

"Nous devons aussi avoir le réel comme boussole et travailler à concrétiser certains projets prioritaires comme la construction de postes de contrôle juxtaposés. Par ailleurs, une gestion coordonnée et efficace de nos frontières passe par une recherche permanente de solutions innovantes capables de booster la proactivité de l’écosystème administratif et d’accélérer les procédures aux frontières. Mais agissant dans un environnement complexe et incertain, nous devons tirer parti des nouvelles technologies pour moderniser nos administrations et garantir la sécurité de la chaîne logistique internationale. Aujourd’hui, les sciences des données, l’intelligence artificielle et les métavers offrent des possibilités accrues aux administrations de la frontière en termes d’outils de contrôle et de supports technologiques aidant à la maîtrise des flux commerciaux’’, indique le Dg.

Le patron des Douanes sénégalaises n’a pas manqué d’aborder la question sécuritaire. ‘’Il ne faudrait pas, déclare Dr Mbaye Ndiaye, qu’on néglige les menaces émergentes liées à la situation sécuritaire préoccupante dans le Sahel et à la montée du crime organisé dans la sous-région. Avec la porosité des frontières, le risque est important que les groupes impliqués dans des activités criminelles essaient d’étendre leur zone d’influence vers nos pays. Face à ces menaces, nous avons besoin d'une réponse forte et coordonnée pour jouer véritablement le rôle de vigie et concourir aux côtés des autres forces publiques à la sécurisation de nos frontières".

Il est ainsi d’avis qu’il faut consolider cette coopération douanière pour surmonter les défis communs et exploiter pleinement les opportunités qu’offre l’intégration régionale.

Mobilisation des recettes et  lutte contre les trafics illicites

Le directeur de cabinet du ministre des Finances et du Budget, qui présidait ladite rencontre, a profité de la cérémonie pour magnifier le travail remarquable des agents des douanes sénégalaises, sous la férule éclairée de leur directeur général. Leur dévouement et leur professionnalisme ainsi que les efforts consentis au quotidien, a précisé Bassirou Sarr, constituent de véritables leviers de la facilitation des échanges commerciaux entre les deux pays voisins et contribuent au renforcement de la sécurité à leurs frontières.

Les réalisations en matière de mobilisation des recettes et de lutte contre les trafics illicites, s'est-il glorifié, placent l’Administration des douanes sénégalaises parmi les administrations de référence. L’orientation clairement définie par le président de la République du Sénégal de renforcer la sécurité au niveau des frontières sénégalaises et d’interconnecter ses infrastructures avec celles des autres pays de la sous-région afin de booster les relations économiques, commerciales et sociales entre nos peuples, nécessite, d’après lui, des efforts importants de la part de tous les acteurs du commerce international et plus particulièrement de l’Administration des douanes.

"C’est la raison pour laquelle il est impératif, aujourd'hui plus que jamais, en tant que voisins immédiats, de consolider notre coopération douanière pour surmonter les défis communs et exploiter pleinement les opportunités que nous offre l’intégration régionale. Dans cette perspective, je vous encourage vivement à continuer à travailler avec détermination et engagement afin de contribuer grandement à la réalisation d’un commerce extérieur sénégambien compétitif, qui accompagnera nos politiques d’industrialisation et de transformation locale de nos produits pour une meilleure compétitivité à l’exportation", a indiqué le directeur de cabinet du ministre des Finances et du Budget.

Cheikh Thiam