Philae, ou comment l’homme peut aujourd’hui faire des plans sur la comète
C’est un robot de 100 tonnes fonctionnant à l’énergie solaire qui s’est, depuis deux jours, amarré avec succès à la comète 67G. Ce fait, qui semblerait banal, est en fait une première dans l’histoire de l’humanité et le résultat de plus de 10 ans de travail.
Un septième nom s'ajoute, depuis mercredi dernier, à la courte liste des objets du Système solaire sur lesquels l'homme a posé un engin artificiel: celui de la comète 67P, aussi appelée comète Tchourioumov-Guérassimenko. C’est en effet l’atterrisseur Philae (référence à un obélisque égyptien ayant servi à déchiffrer les hiéroglyphes) qui vient d’arriver à destination, après un voyage long de 10 ans, l’ayant amené à quelque 510 millions de km de la terre. Transporté par la sonde spatiale Rosetta, il a effectué cinq fois le tour du Soleil et bénéficié trois fois de l'assistance gravitationnelle de la Terre depuis son lancement, en 2004.
Il n'en fallait pas moins pour rattraper sa ‘’cible’’, un corps céleste voyageant à près de 66 000 km/h… Le but de cette mission étant bien évidemment d’étudier le noyau de 67G qui, comme toutes les comètes, est un objet des plus primitifs du Système solaire et donc, on espère y lire l'histoire de sa formation.
Philae a déjà envoyé des premières images de la surface de la comète et devrait bientôt pouvoir, grâce à ses instruments, faire la première analyse permettant de déterminer la composition des roches la composant. Ses instruments de mesure ne sont pas tous encore opérationnels puisque l’atterrisseur, après trois rebonds l’ayant entraîné à 100 m du lieu prévu, ne s’est pas bien ancré sur le sol de la comète car les deux harpons qui devaient le retenir ne se sont pas déployés.
Le module se trouverait ainsi ‘’sans doute sur une pente fortement inclinée’’, a indiqué ce jeudi le chef du projet Rosetta au Centre national d'Etudes spatiales (CNES) à Toulouse, Philippe Gaudon. Cette déduction étant faite sur la base des photos que Philae envoie depuis la zone de son atterrissage, qui serait extrêmement accidentée.
Les ingénieurs en charge du projet Rosetta sont actuellement en train de faire le diagnostic de l’état du robot, en particulier sur le problème des harpons, et n'ont pas encore décidé s'ils tenteraient à nouveau de les activer :
‘’On a besoin que le module soit bien harponné pour utiliser la foreuse qui doit permettre de récupérer les échantillons dans le sol’’, ajoute Philippe Gaudon au micro de l’AFP, hier.
L’homme fait ainsi un pas historique de plus dans la conquête de l’espace.
Sophiane Bengeloun