Une enveloppe de 600 milliards F CFA allouée à la région
Macky Sall a commencé sa tournée économique dans les régions du Sénégal oriental. Il est depuis hier l’hôte de Kédougou. Il est arrivé en fin d'après-midi et a présidé un Conseil présidentiel en début de soirée. À cette occasion, il a annoncé que Kédougou recevra les trois prochaines années 200 milliards F CFA par an.
Le président de la République est à Kédougou depuis hier avec l’ensemble du gouvernement. D’ailleurs, Macky Sall a présidé hier le Conseil présidentiel sur le développement territorial de Kédougou. La rencontre est ouverte aux alentours de 19 h, sous un chapiteau installé devant l’un des hôtels de la ville. Il a fallu au président de la République et sa délégation au moins 2 heures pour rallier le lieu où se tenait le Conseil présidentiel qui a pris un peu plus de quatre heures.
Un moment pour donner la parole à diverses personnes pour exposer des problèmes de la région. Mais Macky Sall les a rassurés. ‘’Tout est en train d’être mis en place pour un développement harmonieux de Kédougou’’. Dans ce sens, il a cité les différents projets infrastructurels qui sont en cours de développement ou au stade de projet en ce moment. Il a ainsi parlé de la construction de divers tronçons, dont celui reliant Mako à Sékouta ou encore Bambou à Khossanto. Macky Sall a également indiqué que la région va passer, dans le domaine de la téléphonie, du réseau 3G au 4G.
Mais il n’y a pas que cela qui est prévu. En effet, pour les années 2024-2025-2026, dans le programme d’investissement prioritaire, une enveloppe de 600 milliards F CFA est allouée à la région de Kédougou. Ainsi, chaque année, 200 milliards F CFA seront décaissés. Dans ce sens, le président de la République a instruit le Premier ministre Amadou Bâ à consacrer une enveloppe de 200 milliards F CFA en faveur de la jeunesse, de son emploi et son employabilité, mais également aux femmes. Macky Sall pense que c’est l’une des manières d’arrêter ‘’cette hémorragie vers l’émigration irrégulière qui ne nous vaut que des morts. Les images sont insoutenables. Il faut des réponses fortes’’.
Macky Sall a, en outre, pris quinze décisions pour faire de Kédougou une région émergente. La première est le renforcement du maillage sécuritaire de la région et la valorisation des localités frontalières. Ainsi, il s’attend à une meilleure présence des forces de défense et de sécurité (FDS) à Kédougou. Il ne veut ‘’plus de zones blanches où il n’y a pas de présence armée de l’État’’. Aussi, il a demandé un ‘’renforcement des effectifs et matériels des services des eaux et forêts et de la douane’’. Dans le même élan, il a instruit le ministre du Tourisme à veiller à la remobilisation du crédit hôtelier. D’ailleurs, une autre des décisions prises et qui entre en droite ligne avec cette instruction est la consolidation de la vocation touristique et du développement durable de la région avec une réalisation de réceptifs hôteliers et la préservation des écosystèmes naturels.
Pour faciliter cela, il faut que la région soit plus accessible. Macky Sall en est conscient et attend l'accélération du désenclavement intégral de la région en infrastructures routières et en pistes de production. Il a interpellé le ministre de l’Eau et de l’Assainissement sur le besoin d’extension des réseaux de tuyauterie d’eau. Serigne Mbaye Thiam lui a assuré que c’était en cours. Macky Sall a alors demandé à ceux qui réclamaient cette extension d’être patients, mais surtout de voter pour la continuité.
Sur un autre registre, il a engagé les sociétés minières à faire plus dans le domaine social. Il n’a pas manqué de les remercier, cependant, pour ce qui est fait. Mais, souligne-t-il, ‘’ce n’est pas suffisant. Il faut un changement de mentalité. Le monde a changé. Nous ne sommes plus dans les années 1960-1970 où l’on venait avec une convention et on met les autochtones de côté en se disant que l’État central a donné les autorisations. Cela ne marche plus comme cela et ça ne peut pas marcher comme ça. L’État lui-même ne peut pas soutenir cette démarche. Mon combat est que les législations sous lesquelles ces conventions ont été délivrées ne soient pas des facteurs limitants pour les populations éternellement (...) Il faut que la richesse, là où elle est créée, puisse servir aux populations. Il est tout à fait normal qu’une partie de cette richesse aille vers elles’’.
D’ailleurs, l’État a décidé d’assurer une meilleure supervision des activités minières et la valorisation des richesses en relation avec les entreprises exploitantes et les collectivités territoriales. Il faut que le fonds minier soit reversé aux collectivités. Il faut, pense Macky Sall, un nouveau dispositif de surveillance des sites d’orpaillage clandestins, les sites traditionnels et les semi-industriels. Il faut établir le dialogue, selon l’État, pour éviter tout conflit.
Macky Sall suggère la création d’un comptoir national de contrôle et de commercialisation de l’or. ‘’On ne peut pas aller jusqu’à 17 t par an et ne pas avoir de comptoir. Cela n’a pas de sens. L’État saura au moins combien d’or sort de ses terres par an et où va l’argent. Il faut savoir qu’à travers ce business, certains en profitent pour financer toutes sortes d’activités criminelles y compris le terrorisme. Dans la sous-région, le tourisme a très souvent pris racine dans les zones d’orpaillage. Il faut qu’on fasse attention. C’est pourquoi j’ai demandé aux services de la gendarmerie d’être sur ces terres’’.
Une autre des décisions annoncées hier est l'accélération de l’électrification des communes et des villages à travers un programme spécial. L’État veut que chaque commune soit dotée au moins de 200 lampadaires.
L’État veut aujourd’hui développer le potentiel agricole et pastoral de la région ainsi qu’appuyer le développement de la pisciculture. L’État veut une assurance dans la cohérence de ses composantes dans l'exécution du projet de barrage de Samba Ngalou et la maîtrise de ses impacts sur le potentiel économique. Macky Sall souhaite la mise en œuvre d’un programme régional de construction d’infrastructures publiques (gouvernance, préfecture, etc.) ainsi qu’une finalisation des plans directeurs d'urbanisme et d’assainissement de la région.
Dans le même cadre, l’État compte densifier la carte scolaire régionale et renforcer en ressources humaines les structures régionales de santé.
B.BOB