Publié le 19 Mar 2014 - 21:23
CONSTRUCTION D’UNE STATION D’ESSENCE A LA CITE LOBATT FALL

Les riverains dénoncent ‘’une bombe écologique’’

 

La cité Lobatt Fall, un quartier calme de la commune de Pikine, vit depuis quelque temps dans une grande frénésie. La construction d’un complexe regroupant un restaurant, une pizzeria et une station service irrite les populations. C'est surtout la station qui met les populations environnantes dans tous leurs états.

 

Le complexe est prévu sur un terrain d'une superficie de 2200 m2, situé en face du Technopole. Hier, en début d’après-midi, les ouvriers étaient en train de s’affairer aux travaux de construction. A l’intérieur du site entouré de tôles de zinc, des tas de sable, du ciment, des maçons et quelques constructions.

A côté, des agents de la SDE étaient en train de creuser des tranchées pour raccorder les tuyaux qui vont permettre d'alimenter en eau le futur complexe. Ici, rien n’augurait que le projet fait l'objet d'une contestation. Les rues et ruelles étaient désertes. Et pourtant les voix discordantes sont nombreuses.

Fallou Diop est le propriétaire d’une maison qui jouxte le site. ‘’Les études ont prouvé qu'il y a des nuisances à habiter à proximité d’une station. Mieux vaut prévenir que guérir'', dit-il pour justifier la fronde. M. Diop révèle par ailleurs que les populations ont par le passé voulu faire du site un espace de détente. ''Mais, on nous avait servi qu’il est non aedificandi''.

Par ailleurs, il renseigne que ''beaucoup de servitudes, de services, comme la SONATEL, la SENELEC et l’ONAS y sont logés. Mais le plus dangereux, dit-il, est que les conduites 1 et 2 du Lac de Guiers, qui servent à alimenter Dakar en eau sont au milieu du site. Et qu’on ne peut pas dévier. Il y a aussi les câbles de 30 KV de la SENELEC qui alimentent la zone industrielle et une bonne partie de Pikine''. Fallou Diop de pointer l’étroitesse du site qui ne permettra jamais au promoteur de respecter les distances réglementaires.

‘’Vouloir implanter une station d’essence dans cette zone, relève de l’irresponsabilité. C’est la raison pour laquelle nous avons saisi toutes les autorités compétentes, que ce soit le président de la République, le Premier ministre, le préfet, le ministre de l’Environnement et le service de la Protection civile'', souligne-t-il. Le riverain renseigne qu'ils ont rencontré le promoteur (Demba Ka). C'est ''pour lui dire que nous sommes contre la construction d’une station d’essence.

Mais, il n’a pas pris en compte nos préoccupations, car il a aussitôt commencé les constructions. Depuis lors, les choses avancent à une vitesse exponentielle. Nous allons nous battre’’, assure-t-il. ''Nous allons essayer d’épuiser toutes les voies de droit. Nous avons instruit des avocats. Ils ont suffisamment d’arguments pour le mettre à genoux'', déclare-t-il confiant.

Ce que dit le code de l’environnement

Son voisin Alassane Ba précise : ‘’Mais, si au bout la loi dit que nous avons tort, nous nous résignerons, parce que nous sommes des républicains. Nous n’avons pas de millions comme le promoteur. Mais nous sommes riches de la loi, du règlement et de notre détermination’’. Selon le chercheur environnementaliste de l’ISRA, le code de l’environnement dit qu’on ne peut pas, ne doit pas ériger une station d’essence, sans auparavant avoir fait une étude d’impacts ou environnementale.

Et pour ces études, poursuit-il,  il faut recueillir l’avis des propriétaires des maisons impactées. ‘’Ce qui n’a pas été fait. Et nous sommes une dizaine de propriétaires de maisons. Cette étude sert à analyser, évaluer la pollution sonore, olfactive, auditive, visuelle que peuvent engendrer une station. Vous vivez à 5 mètres d’une station, vous êtes sujet à tout''. Le promoteur Demba Ka, affirme-t-il, a fait les études d'impacts pour ses stations de Bargny et de Maristes, mais non pour la cité Lobatt Fall. ''Parce que, ajoute l’environnementaliste, il sait que l’étude serait positive’’.

''Honteux''

Alassane Ba interpelle le ministre de l’Environnement, la Division de l’environnement, car c’est une ‘’bombe écologique’’. ‘’Cette zone devrait être protégée par l’armée nationale. Dans une station d'essence, vous ne devez même pas avoir un portable allumé à cause des ions qui en sortent. J’interpelle les autorités du ministère de l’Environnement, car leur responsabilité est engagée''.

M. Ba s'insurge aussi contre le préfet du département de Pikine, Alioune Aïdara Niang. ‘’J’ai entendu le préfet de Pikine dire que c’est quelques personnes de la cité qui sont impactées. Je pense qu’il n’avait pas le doit d’agir de la sorte. Autrement dit, il est le préfet de la majorité et non de la minorité. C’est honteux de la part d'un administrateur de son rang’’.

Le préfet : ''Le promoteur a le droit de construire''

Justement, le préfet de la ville de Pikine, Alioune Aïdara Niang, assure que le promoteur Demba Ka est dans tous son droit. Non sans préciser que les maisons impactées ne sont pas représentatives, car n’étant qu’au nombre de 15. ‘’Le promoteur est fondé à construire et pour plusieurs raisons, dit-il. L’assiette foncière est un titre de l’État qui lui a été louée par le procédé d'un bail. A partir de ce bail, il a sollicité l’autorisation de construire, et la circularité a été faite au niveau de tous les services impliqués.

Et le maire de la ville de Pikine a fait la délimitation de l’autorisation de construire. A la suite de cela, le dossier m’a été transmis et en ma qualité de représentant de l’État dans le département de Pikine, j’ai également approuvé cette autorisation de construire.  C’est au vu de tous ses éléments que j’ai dit que le promoteur d’EDK oil, représenté par Demba Ka, est autorisé à construire sur cette assiette de 2200 m2 loué par l’État’’. 

A l’en croire, les impactés ont brandi de faux alibis, pour la simple raison que tous les grands projets en général sont accompagnés d’un projet qu’on appelle dévoiement de réseaux. Il renseigne que M. Ka a pris langue avec les sociétés concessionnaires citées pour le dévoiement, au cas où elles seraient touchées. ‘’Il a usé de toutes les voies de droit légales, pour mener à bien son projet de construction’’, dit-il.

Le préfet considère que les personnes qui s’agitent sont ceux dont les balcons surplombent cette assiette foncière. ‘’Aujourd’hui, leur crainte, c’est de voir le complexe en construction leur obstruer la vue sur la route nationale. Mais, les distances réglementaires, séparant la station d’essence des habitations seront respectées et nous y veillerons’’, promet-il.

CHEIKH THIAM

 

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